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Saint-Nazaire ouvre la chasse aux cols blancs

La séance plénière de la Conférence permanente pour l’emploi qui s’est tenue le 18 décembre à Saint-Nazaire a permis aux acteurs publics et privés de dresser un bilan des actions entreprises et de pointer les nouveaux enjeux du territoire.

La table-ronde de la Conférence permanente pour l’emploi a recueilli les témoignages des acteurs publics (Carene, conseil départemental, sous-préfecture, Pôle emploi) et privés (General Electric et Galathea).©D.R.

Le bassin nazairien vit pour le moins une situation paradoxale qui a été pointée par la Conférence permanente pour l’emploi. Si le taux de chômage local (7,4 % au second trimestre 2019) est inférieur à la moyenne nationale (8,2 %) et confirme une baisse régulière, il reste néanmoins supérieur à la moyenne départementale (7,2 %). « On voit que les chercheurs d’emploi de longue durée ne profitent pas de l’embellie économique sur le territoire », a ainsi souligné Lyliane Jean, conseillère départementale et vice-présidente à l’action sociale de proximité et à l’insertion. 

Parallèlement, un certain nombre de métiers sont en tension de manière récurrente. « Qui aurait cru, il y a encore deux ou trois ans, que les Chantiers de l’Atlantique allaient mettre une banderole pour réclamer 450 emplois ? », a ainsi rappelé le maire de Saint-Nazaire et président de la Carene, David Samzun.

La question centrale de l’attractivité

En 2016, au moment de la mise en place de la Conférence permanente pour l’emploi (qui réunit sept grands acteurs de l’emploi et de la formation*), un plan d’action sur quatre ans avait été validé. Avec un premier bénéfice : celui de mettre en place « une politique cohérente sur le territoire et de toucher l’ensemble des entreprises », selon Gildas Ravache, directeur Pôle emploi Saint-Nazaire, qui témoignait dans une vidéo introductive.

Sur les quatorze actions identifiées comme prioritaires en 2016, certaines ont été abandonnées, d’autres ajoutées, d’autres encore ont pris de l’ampleur, comme la démarche « Entreprise accueillante ». Lancée il y a un an, cette initiative a pour objectif de valoriser les employeurs locaux qui s’engagent en faveur du développement de l’emploi (accueil de stagiaires, organisation de visites, participation à des événements emploi et
orientation). Actuellement, 46 entreprises de l’agglomération sont reconnues « Entreprises accueillantes ».

Les acteurs présents – publics et privés – ont également
passé en revue les nouveaux enjeux pour le territoire. Et sur ce point, la question de l’attractivité s’est révélée centrale.
Michel Bergue, sous-préfet de Saint-Nazaire, a ainsi souligné la
nécessité pour les entreprises « de se vendre de manière beaucoup plus importante ». Un point sur lequel le dispositif « Entreprise accueillante » permet justement de travailler, comme en a témoigné Nicolas Goyé, directeur de l’Ehpad Galathea. Rappelant que 81 % des Ehpad ont des difficultés à recruter, le dirigeant a vanté « une expérience enrichissante, notamment pour l’ouverture de la structure à différents publics comme les jeunes de troisième, en se disant que plus tôt on ouvre les portes de nos établissements, plus on montre la
diversité de nos métiers ». 

Responsable RH chez GE Renewable Energy, Augustin Cloix a, de son côté, rapporté la situation dans laquelle se trouve l’usine éolienne offshore de General Electric : « Aujourd’hui, nous avons 130 salariés et nous en visons 400 à 500, avec un pic de charge aux alentours d’octobre. Pour attirer les candidats, on a décidé d’aller vers la méthode du recrutement par simulation plutôt que de recruter des gens déjà qualifiés, formés à nos outils, sur des postes de mécaniciens, électriciens, métiers de la logistique. Ensuite, on les formera via des organismes extérieurs avant de les intégrer chez nous. On a d’ailleurs prévu un programme d’intégration renforcé à destination de ce public sans qualification, intéressé par les métiers de l’industrie. »

La concurrence de Nantes et Rennes

Mais si les entreprises ont leur rôle à jouer pour attirer les talents, elles ne sont pas les seules à devoir travailler leur attractivité. Le bassin nazairien a, pour sa part, un vrai travail de fond à mener. Jean-Michel Obadia, directeur de l’usine éolienne offshore GE a ainsi mis sur la table le
sujet de la concurrence des territoires sur certains métiers.
« Quand on est dans la compétition comme c’est le cas dans l’industrie, on essaie d’avoir les meilleurs chefs d’équipes, les meilleurs ingénieurs. Et ils sont où quand ils sortent des écoles ? À Paris. Et on a aussi la concurrence de Nantes », a-t-il souligné.

«Bien sûr que la concurrence de Nantes est pleine et réelle. Nantes, mais aussi Rennes, sur certains sujets Vannes, ou sur d’autres La-Roche-sur-Yon», a rebondi David Samzun. « Il faut mesurer les progrès que l’on a fait ensemble, mais il reste encore un peu dans l’inconscient que les cols blancs c’est à Nantes, et que nous avons les cols bleus. » Augustin Cloix a quant à lui témoigné de nombreux retours de cadres.
«Lorsqu’ils sont arrivés ici, ils ont eu de vraies difficultés à s’installer, que ce soit pour trouver un logement ou des
solutions de garde», a-t-il dit.  

« Il faut qu’on travaille encore plus avec l’Université, l’IUT, pour récupérer des étudiants qui auront grandi ici sur le bassin nazairien », a complété Jean-Michel Obadia. « On ne va pas attirer les cadres supérieurs et les dirigeants si on n’a pas une offre en termes d’habitat, de mobilité, de culture… Il faut construire cette attractivité », a conclu David Samzun.

Jean-Michel Obadia, directeur, et Augustin Cloix, responsable RH de l’usine éolienne offshore GE. ©D.R.

* Carene, Région, Département, CCI, Chambre de métiers,
Direccte et Pôle emploi.

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