Début octobre, trois salariés de Recyc Matelas Grand Ouest, une entreprise d’insertion spécialisée dans le démantèlement et le recyclage de matelas, ont emménagé dans une maison rénovée par One Nest, spécialiste nantais du coliving. Louée pour trois ans, cette maison à Mortagne-sur-Sèvre offre un cadre de vie hybride entre colocation et hôtel : chaque salarié dispose d’un espace privé tout en partageant des espaces communs (cuisine, salon, jardin). Une formule qui séduit de plus en plus.
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One Nest, qui s’est recentrée sur le marché BtoB il y a dix-huit mois, s’apprête à ouvrir son neuvième coliving d’entreprises dans le grand Ouest, visant à héberger plus de deux cents salariés d’ici la fin de l’année. Déjà présente à Ancenis, Mortagne et bientôt Pornic, l’entreprise s’adapte à la demande croissante des employeurs.
Le coliving : une solution clé en main
« Notre ambition est de créer des lieux de vie qui facilitent l’intégration des salariés et renforcent la cohésion d’équipe, tout en répondant à un enjeu crucial d’hébergement », explique Gabrielle Rodier, responsable du développement commercial et de l’innovation chez One Nest. La start-up propose deux formules : l’acquisition d’un bien via ses foncières ou la possibilité pour l’entreprise cliente d’en devenir propriétaire. Dans les deux cas, One Nest gère l’ensemble du processus : recherche, rénovation, aménagement et équipement, tout en tenant compte des besoins spécifiques des entreprises. Cette solution, prête en trois mois, offre aux nouveaux collaborateurs un espace de transition avant un éventuel déménagement définitif. Un vrai plus pour tester leur nouvelle vie professionnelle.
Allier innovation et responsabilité sociale
Cette approche permet aux entreprises de s’ancrer localement tout en garantissant des conditions de logement décentes à leurs salariés. Recyc Matelas Grand Ouest en est un bon exemple. Forte de quarante-cinq salariés, l’entreprise traite près de 10 000 tonnes de matelas par an et est agréée « entreprise d’insertion ». « Nous faisons face à un turnover élevé lié notamment à l’exigence que demande le métier d’opérateur. Et cela malgré nos lignes de production semi-automatisées », souligne Matthieu Lefevre, le directeur financier.
Pour séduire les candidats, Recyc Matelas a mis en place diverses actions : conditions de travail plus attractives, aide à la mobilité ou encore assistance administrative. Récemment, elle a pris à bras-le-corps la question du logement. « Il est très difficile pour nos opérateurs, notamment ceux en insertion, de devenir propriétaires ou même de trouver une location », précise le responsable. En effet, la précarité de leurs dossiers les exclut souvent du marché locatif, en particulier à leur arrivée dans l’entreprise. Pour y remédier, Recyc Matelas a loué trois chambres dans une maison équipée et meublée à proximité de son site, offrant ainsi à ces salariés une solution d’hébergement stable en attendant qu’ils trouvent un logement plus durable.
Les mobil-homes : une solution transitoire aux Sables-d’Olonne
Parmi les alternatives de logement temporaire, les mobil-homes gagnent aussi en popularité. C’est le choix de l’agglomération des Sables-d’Olonne, confrontée à une forte demande de logements. « Face aux difficultés des entreprises locales à héberger leurs nouveaux employés, nous avons noué un partenariat avec Kossu, fabricant de mobil-homes habitables toute l’année », explique Alexandre Mézière, PDG de la SEM Les Sables d’Olonne Développement. Ces modules, équivalents à deux T2 équipés, offrent un confort proche d’un appartement, idéal pour les salariés venus de loin. Kossu signe un contrat annuel avec l’entreprise, qui loue ensuite le module à ses salariés pour un loyer de 450 €. « Le logement est directement lié au contrat de travail », précise Alexandre Mézière. Les entreprises peuvent également acheter les modules, comme l’ont fait Nil Nettoyage, le Groupe Dubreuil et Oléane. Actuellement, dix mobil-homes sur les quarante-deux prévus d’ici la fin de l’année sont installés sur un terrain municipal bénéficiant d’un permis de construire temporaire de cinq ans. « C’est une solution à court terme qui répond à un besoin urgent. À terme, nous prévoyons la création d’une résidence services pérenne, mais d’autres options restent ouvertes », ajoute-t-il. L’agglomération facilite ainsi l’installation des salariés, tout en proposant des solutions pour les retenir. Récemment, un employeur a même étudié la possibilité d’héberger temporairement un collaborateur en situation de divorce, afin de ne pas le perdre. Deux T4 destinés aux familles en transition devraient être livrés prochainement.
Un enjeu bien plus qu’économique
Le coliving et les solutions de logement temporaire vont bien au-delà d’un simple avantage proposé par les employeurs. Ces initiatives répondent à un besoin social majeur et s’inscrivent dans une logique de responsabilité des entreprises. En assurant un logement à leurs salariés, les employeurs contribuent à leur bien-être, leur intégration et, finalement, à leur fidélisation. Pour les collectivités, cela représente aussi un levier d’attractivité et de rétention des talents sur leur territoire.
Face à l’augmentation des besoins, ces solutions de logement inclusif devraient continuer de se développer, inspirant d’autres secteurs d’activité en tension comme la santé, l’agroalimentaire, l’industrie ou l’hôtellerie-restauration. Une dynamique qui pourrait, à long terme, redéfinir les pratiques de recrutement.