Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Le renouveau des cantines d’entreprises

Idéale pour maintenir la convivialité et renforcer la proximité entre collègues, la pause déj’ est devenue un instrument RH au service du bien-être des collaborateurs. Pour réenchanter l’expérience mise à mal par la généralisation du télétravail et l’épidémie de Covid, certains ont misé sur des solutions plus flexibles, nomades et digitales : frigos connectés, présence de food truck une fois par semaine, service de livraison de repas aux salariés… Les formules ne manquent pas du moment que la qualité reste au rendez-vous ! Exemples en Vendée.

cantines d’entreprises

Le frigo connecté Ozon © Ozon

« Quand j’ai repris l’entreprise il y a 11 mois, mon prédécesseur avait déjà signé un partenariat avec Refectory, une start-up qui propose un service de cantine digitale, raconte Paul Bellavoine le dirigeant du groupe informatique FBO, à La Roche-Sur-Yon. C’était juste après le Covid, un moment où il fallait renforcer la convivialité et les moments entres collègues. Aujourd’hui, ce service de restauration-traiteur avec livraison reste très apprécié des salariés. C’est un des nombreux outils mis à leur disposition, comme la possibilité de faire de la musique ou du sport entre midi et deux. Ça va dans le sens du plaisir de travailler ensemble ! Comme nous n’avons pas de cantine d’entreprise, Refectory leur permet de cumuler du choix, du frais et de la proximité », affirme-t-il.

Qualité, diversité, praticité

Paul Bellavoine, le dirigeant du groupe informatique FBO ©groupeFBO

Concrètement, les collaborateurs commandent la veille ou le matin avant 10 heures sur une plateforme internet ou via l’application mobile. Ils ont le choix entre des formules entrée/plat/dessert d’univers variés. La start-up travaille en partenariat avec des traiteurs locaux qui lui préparent les plats. « Un camion Refectory assure la livraison au bureau, déclare le dirigeant. Ils ont un badge pour accéder directement à nos cuisines, pas besoin de leur ouvrir, ils sont 100 % autonomes. Quand l’heure du déjeuner arrive, il ne reste plus qu’à ouvrir le frigo pour prendre son sac en papier recyclé avec son numéro de commande dessus. » Il ajoute : « On aurait pu faire le choix du ticket restaurant mais, en fin de compte, je trouve que c’est un avantage qui a un perdu sa vocation d’origine, à savoir encourager les gens à prendre un vrai repas. On s’est coupé de sa fonction en autorisant les tickets restaurant comme moyen de paiement pour les courses alimentaires. Reste l’avantage fiscal mais, encore une fois, les salariés pourraient l’avoir directement sur leur fiche de paie. » Et de poursuivre : « Bien entendu, nos 47 salariés sont libres d’organiser leur pause déjeuner comme ils l’entendent. De notre côté, nous contribuons à hauteur d’un € sur chaque commande. Sachant que le prix moyen tourne autour de 10 €, c’est bien moins cher qu’un restaurant et ils ont la garantie d’un repas frais, varié et de qualité. »

Multiplication des lieux et de l’offre de restauration

Nicolas Vigier, le fondateur de OZ et Edgar

Dans un monde post-Covid, le besoin de flexibilité a mis fin au modèle de la cantine unique. Selon une étude Xerfi-Percepta, les sociétés de restauration collective ont vu leur chiffre d’affaires baisser de plus de 17 % en 2019-2020. Pour satisfaire les enjeux de coûts et de goûts des salariés, certains n’hésitent pas à confier l’animation des pauses déjeuner à des sociétés de conciergerie d’entreprise. C’est le cas de L’Atelier, un espace de coworking et de bureaux implanté à Boufféré, au cœur de la zone Vendée Sud Loire-Montaigu. La gestion du lieu, propriété des Brioches Fonteneau, a été confiée à Oz et Edgar, un service de conciergerie en charge de la commercialisation des espaces, mais aussi du développement de l’attractivité de la zone d’activité alentour, soit une quinzaine d’entreprises. « Tout le monde n’a pas forcément de cantine pour y déjeuner le midi, remarque Nicolas Vigier, le fondateur d’Oz et Edgar. Certains amènent leur gamelle cuisinée chez eux, d’autres font entre 3 à 4 km pour s’acheter à manger… En terme d’empreinte carbone et d’attractivité, on pouvait clairement faire mieux. En tout, si on additionne les coworkers de l’Atelier et les salariés des entreprises situées à proximité, ce sont 1 500 personnes qui sont possiblement concernées. Mais entre ceux qui travaillent à la production et font les 3×8, ceux qui sont sur les routes, il reste environ un cœur de cible de 30 % à capter, des fonctions supports principalement. » Il poursuit : « J’ai proposé de faire venir un food truck, chaque jeudi midi. L’idée était de créer un authentique lieu de vie, avec des tables de pique-nique sur les espaces verts extérieurs. C’est désormais un endroit ouvert qui brasse les populations. Aux beaux jours, on y voit s’installer les gens comme on viendrait dans un jardin public. » Il précise : « Un food truck fait entre 50 à 60 commandes par jour. J’envisage d’en faire venir un deuxième. Quand on sait qu’un restaurant dans la zone d’activité, c’est un ticket moyen de 20 € par repas, on propose la même chose pour 9 à 10 € ! Pour varier l’offre, nous travaillons également avec la marque vendéenne Bocalement Vôtre. On a une vitrine réfrigérée dans l’espace de coworking et ceux qui le souhaitent peuvent venir y chercher leur repas. Les produits sont locaux et les recettes faites maison ». Il précise : « Le frigo n’est pas encore connecté, un concierge humain assure la vente, mais on espère pouvoir proposer un service autonome prochainement ». Il ajoute : « Le problème lorsque l’on mange à l’extérieur, c’est que l’on a tendance à ramener beaucoup de déchets. À l’inverse, Bocalement Vôtre propose la consigne de ses bocaux. Une démarche responsable, largement plébiscitée des utilisateurs. Enfin, on propose des livraisons sur commande auprès des traiteurs du coin, soit dans l’espace de coworking, soit directement dans l’entreprise cliente. »

La food tech au service de la cantine du futur

Les frigos connectés Ozon. ©Ozon

Plus flexible que la livraison, plus divers et facile d’usage qu’un modèle traditionnel de cantine, le frigo connecté est une solution de restauration sociale sur site, sans commande. « On peut y aller tous les jours avec des coûts maîtrisés et une qualité traiteur », assure Simon Pesme, directeur du développement chez Ozon. Il ajoute : « Avec nos frigos connectés, nous offrons plus que du simple dépannage. C’est un service de restauration du quotidien : nous fabriquons tout depuis nos cuisines (Ozon fait partie de la Maison Hebel, traiteur événementiel nantais historique depuis 60 ans, NDLR). Cela représente une équipe de sept personnes à la production, rien n’est sous-traité, jusqu’à la logistique que nous assurons également, insiste-t-il. Cela nous permet d’offrir pas moins de dix recettes différentes par semaine et une carte qui évolue au gré des saisons. Les prix des produits s’entendent au tarif cantine. On y trouve des plats à 5 € et des desserts entre 0,70 € et 2 € », précise-t-il.

Depuis quatre ans, l’entreprise déploie ses frigos connectés à Nantes, en Vendée et dans le Maine-et-Loire. C’est le Vendéen Innlog (une start-up du groupe familial de logistique Tesson) qui développe la technologie. « Concrètement, nous proposons un forfait de services mensuels, déterminé en fonction du nombre de frigos, sachant qu’un frigo permet d’adresser une cinquantaine de couverts, explique le responsable. Par ailleurs, les entreprises peuvent choisir de participer au coût du repas. Côté salarié, c’est très simple. Charge à lui de créer un compte utilisateur via l’application mobile ou le site et de l’administrer en le créditant avec sa carte bancaire ou ses tickets resto. Il lui suffit de présenter un QR code au frigo pour déverrouiller la porte, se servir et la refermer. Le frigo détecte automatiquement le produit qui a été retiré et facture l’utilisateur. On considère que l’opération prend moins d’une minute par client, c’est hyper fluide en terme d’usage et le service est disponible 24h/24. Pour nos clients qui travaillent en horaires décalés, c’est un vrai plus par rapport à un opérateur classique. » Il conclut : « D’une façon générale, on observe que les rythmes et les attentes des consommateurs ont changé. Là où une cantine d’entreprise traditionnelle faisait 150 couverts jour en moyenne, on tourne bien souvent à 60, ce qui n’est plus rentable ni pour l’opérateur ni pour l’entreprise. Le frigo connecté s’adresse aussi bien aux grand groupes qu’aux PME à partir de 50 personnes. C’est devenu un des éléments de leur stratégie de marque employeur. D’ailleurs, nous avons développé un système de notation des plats – via l’application – par les utilisateurs finaux. Cette communication BtoBtoC nous permet d’ajuster la carte et les nouveautés afin de conserver notre attractivité et cette notion de service qui nous anime. »