Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Le Potager Extraordinaire réenchante ses jardins

Quatre ans après sa fermeture, le Potager Extraordinaire s’apprête à rouvrir ses portes. À l’origine petite structure associative, le parc est sur le point de renaître pour devenir un haut lieu du tourisme vendéen dédié à la biodiversité. Transféré de La Mothe-Achard à La Roche-sur-Yon, le site, actuellement en travaux, accueillera de nouveau le public à partir du 1er juillet.

Nicolas Brenon, directeur du Potager Extraordinaire et Fabrice Préault, président du Groupe Estille © IJ

« Ce projet est né de la volonté entrepreneuriale de créer un parc sur le thème du végétal et de l’ambition politique de développer le tourisme sur le territoire », résume Fabrice Préault, président du groupe Estille[1], qui a repris le Potager Extraordinaire il y a huit ans. Créé en 1995 sur un terrain de deux hectares et demi à La Mothe-Achard, par Michel Rialland, un agriculteur passionné de légumes oubliés, le site était initialement géré par une association pilotée par des bénévoles, et comptant quelques salariés en insertion. 20 ans plus tard, suite au désengagement des collectivités et en raison de difficultés financières, une demande a été formalisée auprès de la communauté de communes des Achards pour l’embauche d’une direction. La société yonnaise Soltiss (aujourd’hui Estille) a ainsi pris la main en 2015, en investissant 300 k€ sur trois ans.

« Rééchanter le lieu »

« Dès le départ, nous avions défini les grands axes pour essayer de préserver la structure, commente Nicolas Brenon, directeur du Potager Extraordinaire. Nous avions pour ambition de réenchanter le lieu et de le redimensionner. » L’idée de réaménager et d’agrandir le parc a rapidement germé. Après avoir essayé, sans succès, de trouver des terrains à proximité, l’équipe s’est mise en quête d’un nouveau lieu, avant d’être orientée en 2018, vers le domaine de Beautour, qui venait d’être cédé par la Région à La Roche-sur-Yon agglomération. Propriété du naturaliste vendéen Georges Durand jusqu’à son décès en 1964, le site de neuf hectares avait été racheté en 2013 par le Conseil régional[2], qui avait alors déjà pour ambition de créer un centre dédié à la biodiversité. Fin 2018, à l’issue de l’ultime saison du Potager extraordinaire sur son site originel, le groupe Estille répond à l’appel à projet et obtient l’année suivante la délégation de service public. Retardé en raison de la crise sanitaire, le coup d’envoi du chantier est donné en juin 2021.

 

Le premier jardin, à l’entrée du parc en cours d’aménagement ©IJ

 

Les plantations sont prévues en mai ©IJ

 

L’un des jardins de l’ancien parc qui a fermé définitivement en 2018 à La Mothe-Achard ©Le Potager Extraordinaire

Un projet de 5 M€

« Nos trois années d’exploitation nous ont prouvé que le Potager Extraordinaire était un concept qui plaisait. Nous avions de bons retours clients. Mais en raison d’un manque de moyens, notamment pour la communication, nous avions du mal à faire venir les visiteurs. Et il nous fallait une scénarisation autour de la thématique potagère », analyse le directeur du parc. Une enveloppe de 5 M€, dont 3,5 M€ de La Roche-sur-Yon agglomération, a ainsi été mise sur la table pour faire entrer le Potager Extraordinaire dans une nouvelle dimension, tout en conservant l’ADN du projet initial. En lien avec l’auteur de bande dessinée Didier Chrispeels, l’architecte Christophe Rabiller, du cabinet Novatio et Thierry Rétif, scénariste pour le Puy du Fou, le Parc Astérix ou encore le Futuroscope, l’équipe a imaginé un parcours sur les traces d’Iris, une jeune exploratrice qui voyage à travers le monde pour sauver des variétés de plantes menacées.

À gauche, le bâtiment d’exploitation qui accueillera la future billetterie et la boutique, à droite l’ancienne demeure de Georges Durand, aujourd’hui siège social du Groupe Estille ©François Dantart

Sept hectares, six espaces thématisés

« Il faudra compter entre quatre à cinq heures de visite, contre environ deux heures et demie pour le site de La Mothe-Achard », annonce Nicolas Brenon. S’étendant sur sept hectares, le parc, qui réunit un millier de légumes, proposera aux visiteurs de déambuler à travers six espaces thématisés comprenant une serre bioclimatique, un potager expérimental dédié aux modes de cultures insolites, un tunnel de gourdes, qui avait déjà fait le succès du parc précédent, une graineterie rassemblant l’une des plus importantes collections de graines en Europe[3], ou encore un bizarretum, jardin de bizarreries végétales. « Nous invitons le public à vivre une expérience sensorielle, gustative, et à s’amuser tout en faisant passer des messages. Si on arrive à planter des petites graines dans les têtes de nos visiteurs, on gagnera une partie de notre pari », ajoute Fabrice Préault, insistant sur le caractère à la fois ludique et pédagogique du lieu. La tentation est grande de faire une comparaison avec Terra Botanica, parc également dédié au végétal ouvert depuis 2010 près d’Angers. « Nous ciblons nous aussi un public familial, mais notre positionnement est différent » répond Nicolas Brenon. Contrairement au parc de loisirs angevin, il n’y aura en effet pas de cinéma dynamique ou d’effets spéciaux. « Les seules technologies que nous utiliserons seront au service de la production de nos légumes. » Parmi ces technologies figurent des outils performants de gestion de l’eau.

thumbnail of Plan général 2023

©Le Potager Extraordinaire

Des partenariats avec des artisans locaux

Après le gros œuvre, place maintenant aux finitions. Les tunnels horticoles, ainsi que les bâtiments dont le pavillon d’exploitation de 800 m², à l’entrée du parc (qui accueillera la billetterie) sont tous sortis de terre. Les aménagements paysagers ont démarré et les plantations sont prévues en mai prochain. Dans le même temps, le recrutement a démarré. Le parc emploiera une trentaine de personnes en haute saison, une vingtaine le reste de l’année, pour les animations, l’entretien des jardins, la boutique ou encore pour le service de restauration à emporter. « Il n’y aura pas de saucisses-frites, mais une offre de sandwichs et de salades à des prix accessibles. Des recettes élaborées avec le chef Nathan Cretney[4] » précise Nicolas Brenon, ajoutant avoir scellé des partenariats avec des producteurs et artisans locaux, parmi lesquels le chocolatier vendéen Gelencser et la boutique yonnaise L’Arbre à Sucre.

Objectif : 60 000 visiteurs par an

Des partenariats ainsi que des conventions ont également été signés avec les campings et hôtels du secteur. « Il y a une vraie volonté des élus de La Roche-sur-Yon de développer l’attrait touristique du territoire et un véritable objectif pour le Département de développer le tourisme rétro-littoral. » précise le directeur du parc. « Nous voulons faire venir les touristes ainsi que les locaux qui doivent s’approprier le site », ajoute le président du Groupe Estille. L’objectif est d’attirer 60 000 visiteurs par an, contre 25 000 pour le parc précédent et d’atteindre un CA de 2 M€. 1M € pour la première année d’exploitation entre le 1er juillet et la fin des vacances de la Toussaint. À partir de 2024, le Potager Extraordinaire ouvrira ses portes dès les vacances de Pâques. À noter que le parc proposera en parallèle une offre destinée aux entreprises pour l’organisation de séminaires ou encore en mettant à disposition des espaces de coworking.

 

En chiffres

5 M€ : le coût du projet

7 ha : la superficie du parc

1er juillet 2023 : date d’ouverture

60 000 visiteurs par an : objectif de fréquentation

1 000 : nombre de légumes présentés au public

14,50 € : entrée plein tarif

 

[1]. ETI de l’économie sociale et solidaire, le Groupe Estille est né en janvier 2022 de la fusion entre Soltiss (La Roche-sur-Yon) et Envie 44 (Saint-Herblain). La société réunit 15 filiales dans le grand Ouest et emploie près de 600 salariés, dont plus de la moitié en parcours inclusif.

[2]. La Région alors présidée par Jacques Auxiette, avait investi dans plusieurs sites à l’issue du procès Érika.

[3]. Le Conservatoire du Potager Extraordinaire, structure associative employant dix salariés, compte 3 000 variétés de graines.

[4]. Le Chef Nathan Cretney à la tête du restaurant Les Reflets à La Roche-sur-Yon, a obtenu sa première étoile au Guide Michelin cette année.