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Le porte-avions nouvelle génération : un tremplin économique pour les Pays de la Loire

Le PANG, porte-avions nouvelle génération, sera en « cale de construction » à Saint-Nazaire de 2026 à 2038. Une échéance encore lointaine mais à laquelle les Pays de la Loire, les Chantiers de l'Atlantique et Naval Group se préparent d’ores et déjà.

Nicolas Vaujour

L’amiral Nicolas Vaujour le 21 mai à Nantes. Photo Région Pays de la Loire

« Un projet pharaonique en raison de ses dimensions, des compétences et des investissements considérables qu’il faudra mobiliser. C’est une grande fierté que notre région accueille le chantier du siècle, le projet de tout un pays, d’un territoire. » C’est en ces termes que Christelle Morançais a présenté le chantier titanesque du porte-avions nouvelle génération (PANG). La présidente des Pays de la Loire s’exprimait lundi 21 mars à l’Hôtel de Région de Nantes devant un hémicycle baigné d’optimisme et rempli d’élus, d’industriels et de futurs sous-traitants de ce chantier « stratégique » pour le pays, la défense nationale et la région.

Ce nouveau géant à propulsion nucléaire prendra la relève en 2038 lorsque « le Charles », comme l’appellent les marins, quittera la flotte française. D’ici là, dix millions d’heures de travail seront nécessaires pour assembler le plus grand bâtiment jamais construit en Europe. Avec 75 000 tonnes, il surpassera les 42 500 tonnes du porte-avions Charles-de-Gaulle. Quatre mille personnes y travailleront. Autant de défis que les entreprises locales et les collectivités s’apprêtent à relever.

Les Chantiers de l’Atlantique d’abord. En tant que maître d’œuvre, ils annoncent un investissement de 50 millions d’euros pour accompagner la construction de la coque de 305 mètres. À en croire Laurent Castaing, deux mille personnes seront mobilisées aux Chantiers et autant chez les sous-traitants. « Le porte-avions va s’insérer dans notre programme de construction. Il y aura tout de même cinq cents cadres et ingénieurs de plus que pour un paquebot, car il y a beaucoup d’études et de vérifications. Plus des électriciens et tuyauteurs, métiers pour lesquels nos besoins seront plus importants », explique le directeur.

De nombreuses entreprises étaient d’ailleurs présentes à l’Hôtel de Région pour anticiper les besoins en recrutement pour les années à venir du chantier. Pour certaines, c’est une réelle opportunité. Naval Group, qui partage la maîtrise d’œuvre, en fait partie. Le leader européen de défense produira les deux réacteurs nucléaires. Le porte-avions sera construit autour de ces chaufferies qui seront fabriquées sur le site industriel de Nantes à Indret, avant d’être envoyées à Saint-Nazaire. Cette propulsion nucléaire apportera au navire dix ans d’autonomie de navigation (temps entre deux rechargements nucléaires) et représente une bouffée d’oxygène pour une filière de l’atome fragile. Un enjeu crucial pour la stratégie de défense française de dissuasion, qui grâce aux 100 millions d’euros d’investissements pour adapter son outil industriel, formera une nouvelle génération d’ingénieurs, d’officiers et de techniciens du domaine nucléaire.

Naval group

Autour du navire s’articulera une armada impressionnante composée de sous-marins d’attaque, de frégates multi missions, antiaériennes, de patrouille lointaine, de navires ravitailleurs. Image Naval Group

L’opportunité pour la région d’avancer, d’innover et d’acquérir des compétences

Certes, le chantier est stratégique pour la défense de la France. Mais, au niveau local, il interroge les élus au sujet de l’emploi, du logement et des infrastructures. D’ici deux ans, et jusqu’à 2035, « Saint-Nazaire va devenir une grosse base navale, des centaines de marins seront sur place. C’est une ville à bâtir ! », annonçait l’Amiral Nicolas Vaujour, chef d’État-major de la Marine. Comment trouver et accueillir cette nouvelle population dans un département où l’on a déjà du mal à recruter ? D’autant plus que pour les compétences les plus délicates, comme le nucléaire, la main-d’œuvre devrait être exclusivement française. Alors que l’amiral minimise le problème en rappelant que des partenariats se font déjà avec des entreprises comme EDF, la présidente de Région mise sur la formation et parle de « totem pour l’orientation » afin d’attirer les jeunes et en faire les techniciens supérieurs de demain.
Il demeure la question de la construction de logements rapidement et en nombre d’ici 2029 pour accueillir ces actifs. « Le timing est très court », assure Mme Morançais avant de détailler : « Il faudrait permettre la mise en place de sites clés en main. » Et Laurent Castaing d’enfoncer le clou : « Le porte-avions attirera beaucoup de personnes sur Nantes et Saint-Nazaire. Il va falloir les accueillir. Il faudra un aéroport qui fonctionne, des TGV et TER nombreux mais aussi des taxis et des hôtels. »

Le compte à rebours est bien lancé et les acteurs du secteur serrent les rangs pour faire entendre leurs urgences. Les Pays de la Loire seront, avec la Bretagne, les deux régions qui profiteront le plus des retombées économiques de ce projet estimé à dix milliards d’euros.

Timeline de la construction du PANG

2019-2024 Esquisses puis études par Naval Group à Lorient et Nantes

2020 Choix du mode propulsion du PANG. Annonce par le président de la République du choix de propulsion nucléaire

2021-2023 Avant-projet sommaire

2023 Vote de la loi de programmation militaire 2024-2030

2025-2032 Fabrication des deux réacteurs nucléaires et du système de conversion énergie

2027 Études sur la construction de la plateforme à Saint-Nazaire

2031 Début de l’usinage des tôles

2032 Livraison et intégration à bord des chaufferies nucléaires K-22 d’une puissance de 220 MW et du système conversion énergie

2032-2035 Construction de la plateforme autour des réacteurs

2035 Livraison du porte-avions à Toulon (port d’attache)

2036 Premiers essais en mer

2038 Admission au service actif