Quel état des lieux du commerce de centre-ville faites-vous aujourd’hui ?
On a pris un coup de massue. Pour ceux qui étaient déjà fragiles à cause des multiples crises – Notre Dame-des-Landes, Gilets jaunes, réforme des retraites, etc. – qu’on subit depuis quatre ans et qui avaient déjà des trésoreries très tendues, ceux-là ne vont pas s’en remettre. On avait fait un sondage en février, avant le Covid-19, auprès de nos adhérents : 45% avaient déjà connu une activité plus basse en 2019 et 12% enregistraient une activité catastrophique. Je crains que 20 à 25% des commerces, particulièrement des indépendants, ne s’en relèvent pas… Ça, c’est le premier niveau.
Et puis, il va y avoir un deuxième niveau, quand on va rouvrir. L’économie ne va pas reprendre tout de suite, sans doute pas avant 2021. On va être dans un trou d’air et pour les commerçants, ça va être la double peine : ils vont devoir payer leurs charges classiques et rembourser le report de charges fiscales, le prêt garanti par l’État, éventuellement les loyers reportés.
Ils sont en train de se démener pour le moment, mais je pense qu’il va y avoir beaucoup de casse, en particulier dans le CHR car ce sont des activités qui nécessitent une masse salariale importante et enregistrent très peu de marges. Ça va faire mal…
Après une première réaction de sidération, on a pourtant vu fleurir de nombreuses initiatives…
Les commerçants ont la capacité de s’adapter. Beaucoup ont pris de vraies décisions, comme ce boulanger ouvert la première semaine de confinement, mais qui n’arrivait pas à payer ses charges salariales et perdait chaque jour de l’argent et qui a dû fermer. Et puis il y en a d’autres qui sont restés ouverts et qui ont mis en place un service de click-and-collect ou de drive comme le marché de Talensac, qui ont livré, réalisé des paniers pour que les clients viennent les chercher, organisé des partenariats avec des livreurs à vélo, travaillé avec les circuits courts… Il y a eu pas mal de commerçants qui se sont remis en question, ont pris des initiatives. J’en profite, d’ailleurs, pour tirer aussi un coup de chapeau aux collaborateurs des boutiques restées ouvertes, qui sont venus travailler, sans protection au départ. Il faut les saluer.
Quelle est la stratégie de Plein Centre dans cette crise ?
Dès le départ, sur toutes les questions liées aux banques, aux assurances, à la fiscalité, au social, on a renvoyé vers la plateforme AlloPME* parce que ces sujets sont sans cesse en évolution et qu’il faut des experts pour bien conseiller les commerçants.
De notre côté, on a d’abord accompagné les commerces ouverts pour qu’ils aient des masques et du gel hydroalcoolique. Il faudra aussi qu’on fournisse des masques, voire des gants et du gel pour la réouvert…