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Karl Bricheteau, fondateur de Solaris Gestion : « Je n’ai eu de cesse d’investir avec la seule contrainte d’être à l’équilibre et d’aller de l’avant »

Karl Bricheteau, quarante-neuf ans, président fondateur de Solaris Gestion, passée de trois collaborateurs en 2017 à quatre-vingt-cinq aujourd’hui, met en avant l’innovation et sa démarche environnementale dans le pilotage de son entreprise. Ce groupe français indépendant, spécialisé en gestion immobilière d’entreprises pour le compte d’une clientèle professionnelle, s’est hissé à la huitième place du secteur et gère trois millions de mètres carrés.

BENJAMIN LACHENAL - IJ

Qu’est-ce qui vous a conduit à fonder Solaris Gestion ?

J’ai fait une grande partie de ma carrière dans la gestion immobilière de bureaux, le property management. En 2017, quand je crée Solaris Gestion, avec 150 k€ de CA, trois collaborateurs, sur 50 m2 dans l’immeuble Yel’O à Saint-Herblain, je ne découvrais pas le métier. Je voulais avoir ma propre entreprise. Pour cela, au printemps 2016, je vends ma maison et un investissement locatif. Je comptais les sous ! Pour preuve, au tout début, je me suis posé la question de savoir s’il était raisonnable d’acheter une bouilloire pour le bureau. Les deux premières années, je ne me suis pas payé. En décembre 2018, à quarante-trois ans et mon deuxième enfant en route, il me restait 3 k€ sur mes comptes.

Mais vous aviez déjà une stratégie ?

Dès la création, le marqueur fort, c’est que nous gérons des immeubles de bureaux pour des clients investisseurs ou utilisateurs, des grandes entreprises françaises qui délèguent leur gestion immobilière. Ces investisseurs veulent que leurs actifs, leurs immeubles, soient arbitrables à tout moment : s’ils décident de vendre, cela doit être possible immédiatement. Je me suis dit la même chose pour mon entreprise. Celle-ci doit être arbitrable à tout moment. Cela a organisé toute la philosophie de la structuration du groupe. Dans mon idée, le groupe ne doit pas dépendre totalement de moi. Il faut faire confiance aux collaborateurs et l’entreprise doit pouvoir continuer sans moi.

Cela implique de faire confiance tout de suite. De faire confiance à l’homme. C’est un marqueur très fort de ma démarche. Quand je crée l’entreprise, je prends un risque, fort mais maîtrisé. Je sais pertinemment ce que je fais quand je lance la boîte en 2017 et quand je prends trois collaborateurs là où j’aurais pu me contenter d’une personne. Je me suis dit : je vais être sur le terrain, développer et derrière il va falloir que cela suive. Cela s’est avéré très important.

Vous avez également fait le choix d’investir tout de suite dans le conseil !

Oui, je n’ai pas hésité non plus à acheter des conseils structurants, stratégiques, d’avocats, de spécialistes, dès les premières années, alors que je ne roulais pas sur l’or. Dès septembre 2017, j’ai le souvenir du conseil de Jean-Marc Tariant, dirigeant de Finance et Stratégie, un cabinet basé à Rennes. Il m’a dit : « Tu vas dans le mur si tu n’embauches pas tout de suite ! ». Au premier janvier, on est passé de quatre collaborateurs à huit, doublant les effectifs, ce que nous avons réalisé quatre années de suite. À la base, je voulais juste une petite agence à Nantes de cinq à six collaborateurs.

Mais cette progression ne s’appuie pas que sur le doublement des effectifs ?

Dès le début, j’ai mis en place un business plan, précis et actualisé tous les mois. Dès que je vois qu’il y a un peu de gras à la fin de l’année, que l’on va finir avec quelques milliers d’euros en plus, j’investis dans les hommes ou dans les outils. L’objectif, en tant que société entrepreneuriale ne rendant de comptes à personne, est juste d’être à l’équilibre.

Je préfère investir et structurer en bon paysan, je suis issu d’une famille de viticulteurs, pour avoir des fondations très solides. Et cela veut dire de ne pas se servir d’abord. De 2017 à 2024, pendant sept ans, je n’ai eu de cesse d’investir dans la structuration, dans l’innovation, avec la seule contrainte d’être à l’équilibre et d’aller de l’avant.

Et de prendre des parts de marché ?

Exactement. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de me servir, c’est de prendre des parts de marché. En fonction des résultats, j’investis plus ou moins.

Je suis un passionné d’économie, de pilotage d’entreprise. Faire confiance à l’homme est indispensable pour permettre aux collaborateurs de se libérer. Ils apportent ainsi beaucoup plus. On a fait monter en compétences des collaborateurs qui sont arrivés au bas de l’échelle. Certains ont aujourd’hui des poste…