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Juste & Vendéen élargit ses gammes et son territoire

La marque de producteurs vendéens a déjà rallié 125 agriculteurs depuis sa création en 2018. Elle s'étend désormais à la Loire-Atlantique avec Juste de Loire-Atlantique et étend les produits de sa gamme à la farine et au vin.

La gamme Juste va du lait aux œufs en passant par la farine, le fromage, le vin et le miel ©Juste

Faire France, Mon lait, 1886, C’est qui le patron… Les initiatives se multiplient en région pour créer des marques d’agriculteurs afin de reprendre la main sur la rémunération de leurs produits.  En Vendée, Juste et Vendéen a vu le jour en 2018. Initiée par le syndicat des agriculteurs de Vendée (FDSEA), rejoint par 40 producteurs adhérents, la démarche Juste & Vendéen rallie désormais 125 producteurs de Vendée et 80 de Loire-Atlantique. Cette marque de producteurs, portée par une SAS dans chaque département, vise à rémunérer au juste prix les produits aux agriculteurs en prenant en compte les coûts de revient de leur production. Le prix du produit final est effectivement construit en partant du producteur. S’y ajoutent ensuite les coûts de transformation, d’emballage, de logistique et distribution. Ainsi le litre de lait Juste & Vendéen est payé 0,45 € au producteur quand il est rémunéré entre 0,36€ à 0,38€ par les autres marques. Au bout de la chaîne, la bouteille de lait est vendue 0,99 € en magasin, équivalent au prix du lait bio.

Des QRcode pour établir la traçabilité

« Le prix est certes supérieur au prix des autres marques, mais nous sommes les seuls à garantir une traçabilité complète de notre lait », explique Daniel Rabillé, adhérent à la SAS Juste et producteur de lait à Commequiers (Vendée). Chaque produit de la gamme porte en effet un QRcode qui assure et garantit via la blockchain le suivi des étapes de fabrication, du producteur à la commercialisation. « Nous sommes les premiers et les seuls à le faire, assure Daniel Rabillé, ambassadeur de la marque comme tous les adhérents de la SAS. Cela nous permet d’afficher la photo du producteur de lait sur les emballages et de garantir au consommateur que c’est bien le lait de son élevage qui est dans la bouteille. Il n’est pas mélangé dans des tanks par les collecteurs comme c’est le cas pour toutes les autres marques ».

La SAS Juste & Vendéen compte 85 producteur de lait en Vendée ©Juste

200 adhérents défendant des valeurs communes

Si la marque Juste rassemble 85 éleveurs, le lait n’est pas le seul produit de la gamme. Juste compte aussi des producteurs d’œufs, de miel, de fromages (une tommette de vache) et désormais de farine et de vins avec l’adhésion à la marque éthique de 80 producteurs basés en Loire-Atlantique. Les 200 adhérents engagés dans la démarche partagent tous les mêmes valeurs : ils défendent leur revenu et leur savoir-faire, prônent la transparence et sont soucieux du bien-être de leurs animaux et de leurs cultures. Ils s’engagent aussi à réduire la pression de leur exploitation sur l’environnement. Sur ce point, les producteurs de lait et de vin sont engagés dans une démarche Haute valeur environnementale.

Expliquer la réalité du métier

Tous sont également ambassadeur de la marque dans les salons, les manifestations professionnelles et auprès du public, dans les magasins ou en ouvrant leur ferme. « Il est nécessaire d’expliquer notre démarche au consommateur afin qu’il achète en connaissance de cause », argue l’éleveur. Les produits de la marque sont vendus dans les magasins Leclerc, les magasins U et les Lidl de la région mais aussi dans les collèges, les cantines scolaires et les Ehpad.
Et l’essentiel est bien là. Car la marque n’a ni la vocation ni les moyens d’absorber toute la production de ses adhérents. « C’est un de nos débouchés. Et elle nous permet de communiquer sur nos valeurs et la réalité de notre métier », confirme Daniel Rabillé.

Rentrer dans les négociations

Cette démarche identitaire et engagée a aussi eu pour effet de faire bouger les lignes dans la relation fournisseur-vendeur. «Nous fédérer a permis de secouer le cocotier et de contribuer à tirer les prix payés aux producteurs vers le haut. Décortiquer et comprendre la chaîne de valeur nous autorise désormais à rentrer dans les négociations. Que ce soit avec les coopératives mais aussi avec les grands groupes industriels ».

Cerise sur le gateau, Juste apporte aussi un complément de revenu non négligeable à ses adhérents. Sur le lait par exemple, la marque écoule pas loin du million de litre par an (soit la production moyenne d’une grosse ferme). Et reverse à chaque producteur l’équivalent d’un treizième mois, une somme pouvant atteindre jusqu’à 1000 euros. Ca peut sembler peu. Mais c’est déjà énorme. Un éleveur de bovin gagne environ 800 euros net par mois. Daniel Rabillé, lui indique gagner moitié moins.