Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Jacques et Arnaud Clochard, président et DG de Fideip : « Nous sommes des accélérateurs industriels. »

Fondé en 2000 en Vendée, le groupe Fideip, spécialisé dans les métiers de l’ingénierie mécanique, fait partie des acteurs industriels français méconnus qui cartonnent. À force de croissance, organique et externe, l’ETI familiale compte aujourd’hui 400 collaborateurs répartis au sein de 14 filiales et marques, mettant leur expertise et savoir-faire au service de poids lourds de l’aéronautique, l’automobile, l’agroalimentaire, ou encore du secteur médical. Alors que le processus de transmission est en cours, Jacques Clochard et son fils, Arnaud, continuent d’écrire l’histoire du groupe, en misant sur une culture de l’innovation et en restant à l’écoute du marché.

Arnaud Clochard, Jacques Clochard, Fideip

Jacques et Arnaud Clochard, président et DG de Fideip © Benjamin Lachenal

Pouvez-vous présenter vos parcours respectifs ?

Jacques Clochard : J’ai suivi des études d’ingénieur à l’École nationale des arts et métiers (Ensam), ainsi qu’une formation en gestion/management à l’École nationale supérieure des pétroles et moteurs (aujourd’hui l’IFP School, NDLR). J’ai démarré ma carrière dans l’industrie automobile et poids lourds sur des fonctions support, avant de faire du conseil en organisation et gestion industrielle pour de grands groupes. J’ai ensuite accompagné des PME dans la reprise de sociétés.

Arnaud Clochard : De mon côté, je suis diplômé d’une école de management financière, (TBS Toulouse Business School, NDLR). J’ai travaillé dans l’audit et le conseil au sein de sociétés de différentes tailles, des PME et de grands groupes. Avant de rejoindre Fideip, j’ai passé un peu plus de deux ans à l’étranger où je travaillais pour Mantu, un grand groupe de conseil en transformation. J’avais pour mission avec mon équipe de formuler des plans d’actions stratégiques pour faire du développement à moyen terme. Mon quotidien était d’étudier des opportunités de croissance externe, d’implanter des filiales partout dans le monde. Parallèlement, je voyais le groupe familial se développer. Et en 2020, j’ai finalement rejoint mon père, en devenant directeur général.

Jacques Clochard, comment avez-vous été amené à reprendre votre première entreprise, il y a 24 ans ?

JC : Au cours de mes différentes missions en tant que conseiller dans le rachat d’entreprises, j’ai rencontré beaucoup de dirigeants. Un jour, l’un d’entre eux m’a encouragé à passer de l’autre côté, en reprenant à mon tour une société. Il m’a proposé que l’on devienne associés, avec l’objectif de me revendre ses parts lors de son départ à la retraite. J’ai rencontré des banques et des avocats spécialisés dans la transmission d’entreprises et je me suis mis en quête d’une structure à reprendre, tout en poursuivant mon activité salariée. Avant d’aboutir au rachat de ma première entreprise, il y a eu deux tentatives ratées, dont l’une a abouti au désistement de l’un des vendeurs, à trois semaines de la signature. C’était quasiment un an de travail qui s’effondrait. Cette expérience m’a appris la pugnacité.

Le 1er avril 2000, vous officialisez la reprise d’Altema, marquant le début de l’histoire du groupe.

JC : La troisième tentative a été la bonne. Venant du monde de l’industrie, je souhaitais reprendre une entreprise du secteur. À l’époque, la société basée à Mouilleron-Saint-Germain employait huit personnes et faisait 1 M€ de CA. Pour ce rachat, j’ai mis toutes mes économies et mon associé m’a soutenu en tant que “sleeping partner”, ce qui m’a permis de crédibiliser mon dossier auprès des banques. Il y a 24 ans, il y avait encore peu de structures pour accompagner les créateurs et repreneurs d’entreprises, contrairement à aujourd’hui où ils peuvent faire appel à des facilitateurs pour bénéficier par exemple de prêts d’honneur.

Depuis 2000, le groupe s’est développé en misant sur une stratégie de croissance externe. Aviez-vous défini dès le départ une feuille de route en ce sens ?

JC : Non pas du tout. Notre objectif premier était de pérenniser et de développer l’entreprise Altema. Il y avait tout à faire. J’étais pour ma part au four et au moulin. Il m’est arrivé par exemple de devoir préparer des colis. Ensuite, dans cette croissance progressive, il y a eu des quelques étapes clés, à commencer par l’opportunité en 2004 de racheter un concurrent qui depuis a fusionné avec Altema, et récemment la transmission du groupe à mon fils. Mais en réalité, je n’ai jamais défini de stratégie, ni fixé d’objectifs chiffrés d’ailleurs. Selon moi, se donner un objectif peut être…