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Entretien avec Jean-Luc Longeroche, cofondateur et président de Geps Techno : « L’innovation est dans notre ADN »

Implantée à Guérande, Geps Techno propose des solutions de production d’énergie et d’autonomie en mer. Cofondateur avec Philippe Magaldi, Jean-Luc Longeroche est aujourd’hui à la tête d’une PME de 35 personnes, reconnue mondialement pour son savoir-faire. Retour sur une stratégie de long cours autour de l’innovation.

Jean-Luc LONGEROCHE, cofondateur et président de Geps techno

Jean-Luc LONGEROCHE, cofondateur et président de Geps techno © Benjamin Lachenal

Comment est née Geps Techno ?

Je suis un ancien des Chantiers de l’Atlantique, j’y ai occupé des postes très techniques. Dans les années 2010, les Chantiers ont connu un gros creux de charge, qui a été l’étincelle pour créer Geps avec un autre salarié et un troisième fondateur qui avait déjà quitté les Chantiers. Ensemble, on a commencé à phosphorer pour ramener du travail dans un domaine qui ne soit pas dans le business conventionnel et on est arrivés sur le concept MLiner : plutôt que réfléchir à mettre des éoliennes ou des hydroliennes en mer, on devait pouvoir tout faire avec une seule et même structure, afin d’atteindre par ce biais des prix d’électricité produite en mer les plus compétitifs possibles. On a commencé à pousser un peu ce projet et à un moment on s’est dit que le seul moyen de vraiment le développer c’était de créer notre société.

Dès le départ, vous êtes partis sur un projet très innovant. Est-ce que ça a été compliqué ?

On a essuyé beaucoup de critiques. Tout le monde nous disait que mettre au point un système d’énergie en mer c’était déjà compliqué, alors avec quatre sur la même structure, on n’y arriverait jamais… On était quand même au tout début des énergies marines renouvelables (EMR) en France.

En revanche, le gros point positif, c’est que quand vous voulez faire de la R&D en France, il existe énormément de dispositifs d’accompagnement. Même quand vous arrivez avec un projet très innovant, c’est assez facile de trouver des partenariats, des systèmes de financement, des incubateurs… C’est un écosystème très performant que beaucoup de pays nous envient, à raison.

Ne se heurte-t-on pas forcément au scepticisme quand on est sur un projet très innovant ?

Les barrières techniques sont naturelles. Ce qui est plus surprenant, c’est de s’apercevoir que, pour avancer, on a affaire à un certain nombre d’interlocuteurs qui vont dire « non » sur leur perception, parce qu’ils n’y croient pas, et qu’il va falloir mettre beaucoup d’énergie et user de pas mal de salive pour arriver à les convaincre que c’est possible. Quand on discute avec les investisseurs qui interviennent très tôt, ils sont d’ailleurs les premiers à dire que c’est extrêmement difficile de savoir quels vont être les projets qui vont réussir.

En 2011, ce n’était pas non plus la « start-up mania » que l’on connaît aujourd’hui…

C’est effectivement plus facile aujourd’hui de se faire financer et notamment de trouver des fonds privés. Mais ce qui n’a pas changé entre 2011 et maintenant, c’est que les investisseurs ont une idée bien précise de ce qu’est un projet qui marche. Et si vous n’êtes pas dans ces critères-là, c’est très compliqué. Typiquement, sur la question de la vitesse à laquelle vous devez atteindre le marché. On est catalogués deep tech, avec des projets qui sont forcément longs, souvent très consommateurs en capital et risqués : il faut entre dix et quinze ans avant de trouver le marché, avoir mis au point la technologie.

Geps techno

© Geps techno

Et vous en étiez conscients ?

Peut-être pas totalement. En 2011, il y a eu toute une série de rachats de petites boîtes par des très grands groupes. Ces petites structures avaient fait assez peu de démonstrations, donc étaient assez immatures. Pourtant, malgré ça, elles avaient été rachetées, parfois avec de très fortes valorisations. On a donc démarré en se disant qu’il fa…