Quelles ont été les conséquences du Covid sur vos activités ? Comment se présente l’été 2022 ?
Nous avons pris une claque en 2020. Les campings représentent en effet tout ce qui était à proscrire : la proximité, la convivialité et l’échange. Les gens ont préféré les locations en famille. Et la fermeture des frontières nous a privé de notre clientèle étrangère qui représente jusqu’à 25 % de notre activité. Au camping de la Dune des Sables aux Sables d’Olonne, les touristes étrangers forment près de 70 % des habitués. Les campings n’ayant pu rouvrir que le 2 juin, l’avant-saison a été inexistante. Mais nous avons réalisé un très bel été et un beau mois de septembre, les Français ayant compensé pour partie l’absence des Anglais, des Belges, des Hollandais et autres clients du nord de l’Europe.
Au cumul, nous avons accusé une baisse de 11 % de chiffre d’affaires et de 16 % de la fréquentation de nos établissements. Mais cela aurait pu être pire s’il n’y avait pas eu les mesures de report d’échéances. En 2021, rebelote : ça a été la douche froide avec la prolongation des mesures sanitaires. Nous nous sommes adaptés pour rassurer les clients et assurer la réouverture en mai. Nous avons révisé nos conditions d’assurance permettant les annulations sans pénalité, agrandi les salles et distancé les tables pour respecter le protocole sanitaire… Résultat : la perte de chiffre d’affaires a été contenue à – 9 % par rapport à 2019 et la fréquentation à – 12 %. Pour 2022 en revanche, les réservations sont bonnes, notre clientèle étrangère est revenue. Les gens ont besoin de se détendre et de rire. Mais le Covid a aussi eu pour conséquence de doper la demande des campings en flotte locative. Les fabricants de mobil-homes sont débordés.
Chadotel va avoir 30 ans cette année. Quels sont les moments clés de cette saga familiale ?
Ancien forgeron devenu arbitre professionnel de foot pour des raisons de santé, mon père Allain a pris une gérance de camping du côté de Royan pour occuper ses étés. Puis acheté son premier camping en 1976 à la Tranche-sur-Mer. J’avais 14 ans. Je passais mes étés à la caisse de l’épicerie du camping avec ma grand-mère. J’ai ensuite passé un bac de sciences éco suivi d’une fac de langues interrompue par le service militaire. J’ai travaillé chez un tour operator avant de rejoindre l’entreprise familiale en 1999 pour aider mon père à en développer la partie commerciale. À cette époque, elle comptait trois campings en Vendée dont la Bolée d’air à Jard-sur-Mer construit en plein milieu d’un champ de maïs. J’ai développé les marchés étrangers où j’ai perçu les attentes en termes de qualité.
C’était le début des campings étoilés et la porte d’entrée du marché français pour la clientèle d’Europe du Nord. Nous avons tout de suite visé les quatre étoiles. Et acheté un camping tous les deux ans que nous mettions à ce standing avec l’aide des banques. À l’époque, il n’existait ni business angel ni réseau d’aide à l’entrepreneuriat ! Dans les années 1980, les premiers mobil-homes venant d’Angleterre ont permis de faire monter en gamme les campings et de prolonger la saison. Les premiers fabricants français, tous vendéens (IRM, Beneteau et Ridorev) se sont lancés à la fin des années 1980. Et les campings plus confortables ont connu un essor spectaculaire. Chadotel a été constituée en 1992 et j’en ai assumé la direction commerciale.
Dans quelles conditions avez-vous avez pris la succession de votre père ?
Nous avions quelques divergences de vue sur la gestion de l’entreprise. Alors en 2000, alors que nous allions lancer d’importants investissements, mon père m’a laissé les rênes san…