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Emplois saisonniers : un modèle de recrutement à réinventer

Les secteurs CHR (café-hôtellerie-restauration) et de l’hôtellerie de plein air peinent de plus en plus à recruter leurs saisonniers pour l’été. Et la crise Covid n’a fait que renforcer la problématique. Face à cette pénurie persistante, l’écosystème vendéen se mobilise pour mieux en comprendre les raisons et surtout trouver rapidement des solutions.

emploi saisonniers, vendée

© Shutterstock

En Vendée, le tourisme représente environ 37 000 emplois dont 23400 emplois temporaires 1 (CDD, missions, contrats d’apprentissage, contrats aidés). Et 28 % de ces emplois touristiques temporaires sont saisonniers, couvrant une période allant d’avril à septembre. Le littoral concentrant à lui seul 80 % de l’emploi saisonnier.

Malgré ce dynamisme, sur les 6500 offres saisonnières à pourvoir cet été, entre 1000 et 1500 postes risquent de ne pas trouver preneurs 2. L’an dernier, rien que dans le secteur de l’hôtellerie de plein air, 10 % des 2000 emplois saisonniers étaient déjà restés vacants. Cette pénurie de main-d’œuvre est une tendance forte ces dernières années et dépasse largement le cadre estival. La crise Covid-19 n’a fait qu’accentuer le phénomène.

ATTRACTIVITÉ EN PANNE

En jeu, la question de l’attractivité. Travailler dans un bar, un restaurant, un hôtel ou un camping ne fait plus rêver.

« L’attractivité du secteur CHR est en panne et cela impacte l’emploi saisonnier, reconnaît Tarek Tarrouche, président de l’Umih 85 (Union des métiers et des industries et de l’hôtellerie). Il y a une image négative à corriger. Aujourd’hui, ce n’est plus l’entreprise qui recrute son saisonnier mais le saisonnier qui recrute son patron et pose ses conditions en termes d’horaires, de salaire, de jours de repos ou encore d’hébergement. » « Alors que la saison touristique vendéenne s’annonce prometteuse du côté de la fréquentation, ce serait un vrai paradoxe de se trouver bloqué par un manque de main-d’œuvre», déplore de son côté Olivier Coutansais, directeur adjoint de Vendée expansion.

UNE GRANDE ENQUÊTE

Il est donc urgent de repenser le modèle de recrutement pour mieux coller à la réalité et ainsi combler ses besoins saisonniers. Mais avant de trouver les solutions adéquates, les employeurs ont d’abord besoin de mieux connaître leurs saisonniers. L’Umih 85, la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air et la Chambre de commerce et d’industrie de Vendée ont donc lancé une grande enquête auprès des jeunes pour « savoir ce qu’ils attendent d’un travail saisonnier, pourquoi ils ne veulent plus faire la saison et comprendre dans quelles conditions ils veulent travailler l’été », explique Tarek Tarrouche. Une quarantaine de questions ont été définies. Entre 500 et 800 réponses sont espérées d’ici l’été.

DÉVELOPPER L’OFFRE DE LOGEMENTS

L’un des signaux faibles déjà identifié, c’est le manque d’hébergement qui pénalise le recrutement des saisonniers, notamment ceux qui viennent de l’extérieur du département. Pour lever ce frein majeur, la CCI Vendée a interrogé tous les campings, les mairies ou écoles disposant de lits disponibles pour les saisonniers. De son côté, l’Umih 85 planche sur un projet de résidence hôtelière à vocation sociale dédiée aux saisonniers sur le littoral sud-vendéen. La faisabilité de ce projet pilote d’une centaine de logements est à l’étude. En attendant, l’Umih 85, avec l’appui des collectivités du littoral, recense les propriétaires retraités disposant de chambres non occupées.

En attendant de connaître les attentes précises des saisonniers, les professionnels changent aussi leur comportement et anticipent davantage leurs recrutements. « Avant, les demandes de nos adhérents employeurs arrivaient mi-mars, début avril, commente Rodolphe Gilbert, responsable de Reso 85, groupement d’employeurs dédié à l’hôtellerie- restauration. Désormais, on nous sollicite dès le mois de janvier. »

Parallèlement, les forums consacrés aux jobs saisonniers se multiplient en mars. « C’est une bonne chose, estime Franck Chadeau, président de la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air. Face à la problématique du recrutement, il n’y a pas une seule réponse appropriée, mais un ensemble de solutions à apporter. »

UN PROJET DE PLATEFORME RÉGIONALE

La piste d’une plateforme régionale unique est aussi dans les starting-blocks. « L’idée, c’est que, d’un simple clic, on puisse avoir accès à toutes les offres CHR de la saison, mais aussi aux emplois permanents, aussi bien en Vendée qu’en Loire-Atlantique, détaille Tarek Tarrouche. Nous allons profiter de ce qui existe déjà, l’enrichir et le compléter. Cette plateforme régionale ne doit pas être un guichet unique de plus. Elle doit avoir une vraie valeur ajoutée. Il est donc urgent d’aller doucement. »

La revalorisation des salaires en CHR à partir du 1er avril – +16,33 % en moyenne – pourrait elle aussi apporter un nouveau souffle au recrutement des saisonniers et contribuer à leur fidélisation. Face à la pénurie de main-d’œuvre, de plus en plus d’employeurs souhaitent d’ailleurs les recruter d’une saison à l’autre. Créer des ponts avec la saison hivernale permettrait d’aller encore plus loin dans cette stratégie de fidélisation. L’Umih 85, la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air et la CCI Vendée tissent donc des liens avec le secteur de la montagne. Le but : offrir aux saisonniers une vision emploi à l’année et leur donner envie de revenir en Vendée. Ces offres pourraient même être disponibles sur la future plateforme régionale unique.

1.Étude Vendée

2.Chiffre Pôle

VENDÉE PRHO :  « redonner du sens à nos métiers »

Le premier salon des CHR et métiers de bouche de Vendée a accueilli plus de 1500 visiteurs à La Roche-sur-Yon les 14 et 15 mars. Un succès pour l’Umih 85 qui avait tablé sur une fréquentation légèrement inférieure. « C’est un salon de proximité, à taille humaine, qui s’intercale parfaitement avec le Serbotel qui a lieu tous les deux ans, résume Tarek Tarrouche, président de l’Umih 85. Placé en amont de la saison touristique, ce salon a aussi pour ambition d’entrevoir l’avenir avec un peu plus d’espoir dans un secteur malmené par la crise sanitaire et les difficultés de recrutement. »

La problématique de l’emploi est en effet très présente, sous forme de conférences mais aussi dans les solutions présentées par la centaine d’exposants dont la moitié sont vendéens. « Pour redonner de l’attractivité à nos métiers, il faut leur redonner du sens, en réduisant la pénibilité ou les missions à faible valeur ajoutée. Et cela passe par des solutions innovantes qui font gagner du temps à nos salariés et leur permettent de se concentrer sur des missions plus créatives. »

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