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En Vendée, les recycleries cartonnent !

En Vendée, le marché de la seconde main est en plein essor. Le territoire affiche d’ailleurs un beau dynamisme en matière de recycleries. La quatorzième vient de voir le jour à La Roche-sur-Yon et une autre s’apprête à ouvrir à Fontenay-le-Comte. Et force est de constater que les allées ne désemplissent pas. De quoi booster les volumes d'affaires !

Ouvert depuis le 15 février à La Roche-sur-Yon, la recyclerie Les Polichinelles est spécialisée dans la petite enfance. @Trivalis / Maël Gonnet Photographie

Leur budget étant serré, les Français sont plus nombreux à se tourner vers le marché de l’occasion. Une tendance particulièrement populaire en Vendée d’après Coline Migné, en charge de la prévention et de la communication au sein de Trivalis (Syndicat mixte départemental d’études et de traitement des déchets ménagers et assimilés). « Selon un sondage réalisé en 2020 auprès de 400 Vendéens, 53 % déclaraient privilégier des produits de seconde main. Un chiffre qui a grimpé de 10 points en deux ans. En 2020, 28 % fréquentaient des recycleries contre 46 % en 2022. Et la proportion de ceux ayant déclaré en connaître est passée de 68 % à 83 % sur la même période. »

Une croissance constante

Face à un tel attrait, les recycleries prennent de l’essor un peu partout en Vendée. Leur vocation : donner une seconde vie aux objets du quotidien et à des matériaux par le réemploi1 ou la réutilisation. Leurs missions : la collecte, la valorisation d’objets et la revente, contribuant ainsi à la réduction des déchets.

Aujourd’hui, elles sont 14 réparties sur quasi tout le territoire. « Les Emmaüs ont été précurseurs avec une première installation en 1950 aux Essarts-en-Bocage puis en 1985 à Saint-Michel-le-Cloucq (sud Vendée, NDLR). C’est un marché qui s’est particulièrement développé ces quinze dernières années avec l’ouverture de la Valorétrie à Montaigu-Vendée en 2008, la recyclerie du Tri Porteur à Fontenay-le-Comte en 2014, l’Ecocyclerie Recyc’la Vie à Soullans (près de Challans NDLR) ou encore la Recyclerie de l’Île d’Yeu en 2022 », énumère Coline Migné. On y trouve de tout (meubles, vaisselles, jouets, électroménager…) et à prix bas.

Exemple à la Recyclerie Cœur Vendée (groupe Estille), créée en 2017 à La Roche-sur-Yon, où les articles sont revendus entre 50 et 75 % du prix du neuf. Cette ressourcerie généraliste qui emploie 28 personnes (22 salariés en insertion et 6 permanents) a déménagé en 2021 et s’est agrandie pour occuper 1 600 m2 (contre 1 100 m2 auparavant). Un déménagement qui a eu un effet booster pour le site qui a étendu depuis ses horaires d’ouverture. « En 2023, nous avons comptabilisé 27 500 passages en caisse et 50 000 visiteurs. Cette année, nous tablons sur 29 000 passages et 60 000 visiteurs », indique son directeur Tommy Éon selon qui le volume annuel de dons avoisine les 250 à 300 tonnes. Lequel note également un palier franchi dans l’augmentation du panier moyen, passant de 10,20 € en 2022 à 12,60 € un an après. Le chiffre d’affaires a quant à lui progressé de 5 % sur la même période pour atteindre environ 350 000 € en 2023. Il prévoit 10 % de croissance annuelle à partir de l’année prochaine. De quoi financer la charge salariale », souligne-t-il.

Au sein de la recyclerie Vendée Grand Littoral (1 200 m2) à Talmont-Saint-Hilaire, également gérée par les Chantiers du réemploi (groupe Estille), les chiffres sont tout aussi évocateurs. Le volume d’affaires est de 186 000 € en 2023, contre 160 000 € en 2022 (+16 %). Elle grouille elle aussi de visiteurs et d’acheteurs : « Nous avons eu 45 000 visiteurs (38 000 en 2022) et 21 000 passages en caisse en 2023 (17 000 en 2022), avec un panier moyen de 9 €, et valorisé 108 tonnes d’objets », poursuit Tommy Éon. Cette recyclerie emploie deux salariés permanents et 10 personnes en parcours d’insertion, et forte de son succès, deux embauches sont prévues cette année.

Zoom sur les recycleries spécialisées

Depuis quatre ans, on voit aussi apparaître des recycleries spécialisées. Elles sont au nombre de trois. La plus récente, baptisée Les Polichinelles, s’est installée le 15 février à La Roche-sur-Yon dans un local de 140 m2. Et les débuts de ce lieu spécialisé dans la petite enfance (vêtements, livres, jeux, matériel de puériculture…), venu combler un vide sur le marché, sont plutôt prometteurs si l’on en croit sa fondatrice, Séverine Lecuyot qui n’est autre que l’ancienne directrice de la recyclerie Cœur Vendée. « Après un mois d’ouverture, le bilan est positif. Les dons affluent, soit 1,5 tonne d’objets collectés. Concernant les ventes, le démarrage est lui aussi positif avec 374 passages en caisse, à raison de 15 visiteurs par jour en moyenne. Le panier moyen varie entre 6 et 10,50 € selon les jours. » Son objectif : atteindre près de 35 000 € de chiffre d’affaires la première année. Pour l’heure, elle travaille seule avec trois bénévoles. Mais cela pourrait changer. « Dans les trois ans à venir, je souhaite créer trois postes et recruter des personnes en situation d’exclusion », ambitionne Séverine Lecuyot qui a enrichi l’offre avec des ateliers thématiques (massage bébé, portage, cercles de paroles, danse prénatale…).

Plus ancienne, La Ressourcerie culturelle (Montaigu-Vendée) n’a cessé de gagner des mètres carrés depuis son ouverture en 2020. Sa mission : collecter et revaloriser les équipements du secteur culturel pour maximiser leur utilisation à travers la vente, la location ou la mutualisation. Tout d’abord étalée sur 400 m2, elle a déménagé durant l’été 2023 pour occuper 1 400 m2 puis 2 000 m2 aujourd’hui. Et il n’est pas exclu d’y installer à partir de cet été un atelier de scénographie de près de 400 m2, disponible en location. Ici, c’est la caverne d’Ali Baba de la seconde main pour les acteurs culturels et d’événementiels (festivals, associations, comités des fêtes, écoles…). Elle possède un catalogue de matériels très divers (son/lumière, barnum, structures techniques, décors…). « C’est la seule de la région à proposer un tel concept, sur une quinzaine de structures adhérentes au réseau national des ressourceries artistiques et culturelles qui rassemble les acteurs du réemploi culturel », précise Mylène Dufaut, chargée de communication et de commercialisation. Pour faire tourner l’activité, l’association fait appel à une trentaine de bénévoles mais entend désormais limiter leur recours « pour structurer l’équipe et internaliser les compétences au fur et à mesure que l’activité grossit ». Aujourd’hui, l’effectif compte six salariés (contre deux à l’ouverture), dont un chef d’atelier recruté en février. Quid des résultats ? « Nous avons réalisé 697 ventes et locations en 2023, en hausse de 27 % par rapport à 2022. » Le volume d’affaires est quant à lui passé de 94 k€ en 2021 à 195 k€ en 2022 puis à 211 k€ l’exercice suivant. Autres chiffres clés : le nombre de collecte, soit 38 en 2023, contre 17 au démarrage. En tout, 63,5 tonnes ont été collectées. C’est plus de 22 tonnes en plus depuis l’ouverture.

« Un début 2024 très bon ! »

Autre lieu, autre concept. À La Gaubretière, la matériauthèque2 offre depuis près de quatre ans une seconde vie aux matériaux de construction voués à la destruction. Fin de séries, invendus, chutes de production (planches de bois, carrelage, quincaillerie…) : tout ce qui est vendu dans ces 1 000 m2 provient de dons d’entreprises. Lieu de vente, la matériauthèque se veut aussi un lieu de vie avec des ateliers de sensibilisation. Ici aussi les clients sont de plus en plus nombreux à venir flâner dans les rayonnages. « En 2023, nous avons enregistré 5 000 tickets et 12 000 visiteurs, en progression. Depuis le début de l’année, nous comptabilisons entre 500 et 600 passages en caisse (panier moyen de 27 €) par mois et déjà 305 à la mi-mars ! », précise Tommy Éon, selon qui cette recyclerie détourne 120 tonnes de matériaux par an. L’an passé, elle affichait 106 k€ de CA (contre 60 k€ sur l’exercice précédent). « Début 2024 est très bon ! À mi-mars, nous enregistrons déjà un volume d’affaires de 32 000 €, contre 20 000 € au terme du premier trimestre 2023. »

1 Le réemploi est, dans le domaine de la prévention des déchets et de l’économie circulaire, l’ensemble des systèmes et filières permettant de récupérer des objets avant qu’ils ne soient jetés, pour leur donner une seconde vie.

2 Sa gestion va être confiée fin avril à l’association de réinsertion professionnelle Fil d’Ariane.