La chaîne de valeur de la filière bois subit de fortes tensions, sous la pression de la demande internationale. Les carnets de commandes sont pleins mais les entreprises peinent à y faire face. Témoignages d’entreprises de Loire-Atlantique.
La filière bois vit un paradoxe. Construction, industries, rénovation… La demande afflue, les entreprises ont traversé l’année 2020 sans pertes majeures, mais elles font face aujourd’hui à de grandes difficultés. Les carnets de commandes sont pleins mais les prix sont tirés vers le haut du fait de la forte reprise en Chine et aux États-Unis (80% des constructions).
Un phénomène inquiète particulièrement la profession : l’arrivée de négociants chinois qui achètent directement du bois, surtout du chêne mais plus seulement, à des tarifs élevés. Une pétition a même été lancée par la Fédération nationale du bois qui craint un regain de tensions entre scieurs et propriétaires forestiers privés. Selon les scieurs, « depuis six mois, 35 à 100% des volumes de chênes de la forêt privée partent à l’export, surtout en Chine ».
Conséquence pour les entreprises du territoire : les prix flambent et les délais d’approvisionnement augmentent.
« Des donneurs d’ordres nous mettent la pression », Pascaline GORRÉE-BOURDAUD, présidente de Bourdaud Bois
DES TENSIONS AVEC LES CLIENTS
Ainsi, après avoir perdu trois mois d’activité à cause du premier confinement, et enregistré une perte de 400 000€ de CA (5,6 M€ au lieu de 6M€), la reprise est très forte en 2021 pour la scierie Bourdaud, installée à Nozay depuis 1936. « Nous n’avons jamais connu une telle demande sur la scierie, témoigne Pascaline Gorrée-Bourdaud, présidente de la société familiale qui travaille surtout en menuiserie. Mais il y a une forte tension sur le pin et les résineux en général à cause de la demande mondiale. » Résultat : l’entreprise gère actuellement un carnet de commandes avec dix semaines de charges contre trois en général. Niveau prix, le pin maritime est, par exemple, passé de 31€/m3 le pied d’arbre à 60€/m3 début juin. Les dérivés des grumes ont pris 25%, idem pour les produits connexes (pellets, paillage…). Très affectée le jour où nous l’avons rencontrée – elle venait d’apprendre la survenue d’un nouvel accident d’un de ses chauffeurs – Pascaline Gorrée-Bourdaud évoque un ras-le-bol et « un climat de tensions avec les clients du fait de ces augmentations de prix et de délais ». Elle ajoute : « En général, tous les clients a…
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