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La future Nantes Université franchit un cap

Les sept membres du futur établissement public expérimental, qui portera le nom de Nantes Université, ont approuvé les statuts, étape majeure avant un lancement effectif annoncé pour début 2022.

Nantes Université

Les membres du futur établissement expérimental Nantes Université © I.J

« Enfin ! », a lâché Stéphane Cassereau, directeur de l’IRT Jules Verne, résumant ainsi « la joie » et peut-être aussi le soulagement des acteurs réunis le 11 juin à la Halle 6 de Nantes pour annoncer la création d’un futur établissement public expérimental : Nantes Université.

Les sept institutions – Université de Nantes, Centrale Nantes, le CHU, l’Inserm, l’école des Beaux-arts, l’école d’architecture et l’IRT Jules Verne – qui fondent la future université viennent en effet d’approuver les statuts du futur établissement. « C’est un moment fort, transformant, historique », a même osé Carine Bernault, présidente de l’Université de Nantes.

Il faut dire que cette naissance a imposé une gestation de plus de six ans, parfois dans la douleur, avec « des rebondissements, comme dans toute bonne histoire », ainsi que l’a souligné non sans humour Jean-Baptiste Avrillier, directeur de Centrale Nantes. Une référence subliminale au premier échec de la mise en œuvre du nouveau modèle d’université après le vote défavorable de l’école d’ingénieurs, fin 2019. Sachant que l’actuel directeur (depuis un an) était auparavant directeur opérationnel de l’I-Site NExT1.

Lancement au 1er janvier 2022

La nouvelle version du projet – d’ailleurs baptisé par ses architectes « NExT 2 » – n’est pourtant, comme l’a précisé la présidente de l’Université de Nantes « que le début d’une aventure collective ». Avec une échéance finale à horizon 2028, « date à laquelle il faudra avoir pris au plus tard la décision de la pérennisation de ce qu’on est en train de construire aujourd’hui », pointe le directeur de Centrale Nantes.

Avant cela, le projet sera présenté début juillet au Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) pour validation. S’ensuivra, en novembre, l’élection du futur président de la nouvelle entité. Finalement, le nouvel établissement sera opérationnel au 1er janvier 2022. Mais le vote des statuts permet d’ores et déjà le déblocage des fonds de l’État qui avaient été bloqués fin 2019, lorsque le projet avait pris du plomb dans l’aile. « On a déjà commencé à travailler pour identifier les projets que l’on souhaite soutenir dans les mois qui viennent », indique Carine Bernault. Au global, le budget du projet NExT est évalué à 50 M€ de financements publics, auxquels se rajouteront les financements des entreprises au fur et à mesure des projets et les fonds européens.

Des ambitions de taille

Ce nouvel établissement public a des ambitions de taille pour répondre à un enjeu tout aussi colossal : la nécessité de faire évoluer le modèle universitaire en « décloisonnant les modes de pensée, les cultures et les pratiques » et en permettant de « sortir des logiques de structures », ainsi que l’a souligné Johanna Rolland.

Concrètement, qu’est-ce que cela va changer ? Pour les jeunes, cette expérience « amène d’abord à dépasser ce gap historique qui existait entre Université et grandes écoles », souligne la présidente de Nantes métropole.

Jean-Baptiste Avrillier résume ainsi le projet : « Nous le faisons avant tout pour nos étudiants, afin d’élargir et améliorer l’attractivité de nos formations. » La démarche comporte en effet plusieurs volets, avec notamment une ouverture à l’international. Objectif affiché : devenir « une grande université de rang mondial » en accueillant davantage d’étudiants internationaux et en amplifiant le rayonnement du site nantais.

Deuxième volet : le décloisonnement entre les sept établissements et les quatre pôles Humanités, Sociétés, Santé, Sciences et technologie. L’ambition étant de permettre qu’un étudiant qui commence sa scolarité dans un établissement puisse avoir accès à la totalité de l’offre de formation, avec davantage de passerelles qu’actuellement. « Les jeunes demain feront plusieurs métiers dans leur vie et ne doivent donc pas être formés comme hier », a pointé Johanna Rolland. Et Jean-Baptiste Avrillier de rappeler l’enjeu désormais immédiat lié à la réforme du Baccalauréat, avec des bacheliers qui n’auront désormais plus forcément un profil homogène lié à des filières scientifiques, littéraires, économiques marquées… « C’est à nous établissements d’enseignement supérieur, à travers l’interdisciplinarité et l’hybridation des enseignements, de proposer des parcours originaux qui mélangent plusieurs matières. »

Stéphane Cassereau, directeur de l’IRT Jules Verne, voit quant à lui dans ce projet un « accélérateur pour faire émerger des profils de chercheurs beaucoup plus hybrides, avec des parcours alternant des passages dans le monde académique, industriel… », une caractéristique à ses yeux essentielle pour aborder les défis du 21e siècle.

Une implication renforcée des entreprises

Quid de la place des entreprises dans Nantes Université ? Pour l’actuelle présidente de l’Université de Nantes, Carine Bernault, elles sont déjà associées au projet via le volet innovation d’I-Site. « Le lien avec l’industrie est évident », ajoute la présidente de l’actuelle Université via le lien avec l’école Centrale et avec l’IRT Jules Verne. De son côté, le directeur de Centrale Nantes précise que le décloisonnement des formations correspond aussi à une demande des entreprises à la recherche, dit-il, de profils « moins monolithiques » pour faire face aux enjeux de demain.

« L’implication des entreprises se retrouve dans les différents volets », confirme Stéphane Cassereau, directeur de l’IRT Jules Verne. Sur la recherche d’abord, avec la volonté de mieux s’inspirer des problématiques industrielles, mais aussi sur la formation à travers le développement de l’alternance, de stages « à forte valeur ajoutée » ou à travers l’intervention des professionnels de l’industrie dans les enseignements. « Ça existe déjà, mais il y a une volonté de l’amplifier pour créer ce continuum qui est nécessaire », ajoute-t-il. Pour cela, le directeur de l’IRT invite les entreprises à construire un partenariat de long terme plutôt qu’épisodique. Philippe El Saïr, DG du CHU de Nantes a lui aussi apporté son éclairage : « On voit bien que l’innovation passe par la rencontre entre le soignant qui a les intuitions, par exemple pour faire en sorte que la manutention dans les hôpitaux soit moins difficile, le monde de l’ingénieur, celui de l’entrepreneur et celui du design pour que ce qui est inventé soit ergonomique, facile à utiliser et se vende. » Pour lui, c’est en créant cet écosystème horizontal que « des idées fantastiques » pourront émerger.

1 pour Nantes Excellence Trajectory

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