Les pépinières Ripaud fêtent leurs soixante-dix ans en 2025. Comment est-on passé du jardinier qui cultive un petit lopin de terre en Vendée à l’une des plus grandes pépinières de France ?
Damien Ripaud : Mon père, Joseph Ripaud, s’est installé en 1955 à Cheffois. Dans cette commune située au cœur du Bocage vendéen, il a commencé à cultiver des fleurs et des légumes sur une parcelle située au milieu du bourg. Puis, il s’est mis à expérimenter le bouturage à partir d’églantiers sauvages pour en faire des rosiers. Il a ensuite développé son affaire en vendant des graines, des arbustes, des arbres ou encore des fruitiers. Au départ, il s’agissait de gammes restreintes assez traditionnelles. Au fil des ans et de ses voyages à l’étranger, il a diversifié la production. Il aimait parcourir le monde à la recherche de nouvelles techniques et de plantes rares et exceptionnelles pour les acclimater à nos régions. Dans les années 1990, nous avons ainsi été parmi les premiers pépiniéristes en Vendée à cultiver des oliviers. Son mantra se résumerait ainsi : toutes les plantes, toutes les tailles, tous les prix, toute l’année. Cette diversité, c’est notre ADN. C’est en partie grâce à elle que l’on est passé du petit lopin de terre cultivé à Cheffois à une pépinière d’une centaine d’hectares. Il y a eu des crises, évidemment. Mais à chaque fois, mon père a su s’adapter aux époques, au climat et aux envies de nos clients.
Amandine Briffaud : Cette stratégie est toujours la nôtre aujourd’hui. Nous voyageons pour le négoce mais aussi parce que c’est inspirant pour notre business. Nous produisons ce que nous voyons ailleurs si nous pensons que c’est adaptable et tendance. Nous parcourons les salons professionnels pour identifier les couleurs du moment, observer ce que fait la concurrence et nous nous en inspirons dans nos choix. Nous sommes des créateurs de tendances, des lanceurs de mode.

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Damien, comment avez-vous rejoint l’entreprise ?
DR : Je suis le petit dernier d’une famille de neuf enfants. Avec mon frère Benoît, ancien dirigeant de la société, nous avons vingt ans d’écart. Gamin, je passais tout mon temps libre à la pépinière. Je semais, je livrais. C’était un jeu. Cette passion a germé en moi. J’ai obtenu mon bac Jardins et espaces verts. Mais la vraie formation au métier de pépiniériste, c’est sur le terrain que je l’ai suivie. Après mon diplôme, mon père avait besoin de moi et j’ai rejoint l’entreprise. J’ai rapidement gravi les échelons et pris progressivement la responsabilité de la partie commerce, en lien avec Benoît. À 22 ans, je devenais associé. À cette époque, mon père a pris sa retraite. Il est parti au Portugal monter une petite pépinière, principalement de lauriers roses que nous avons vendus à partir des années 2000.
Il y a dix ans, Benoît et moi, nous nous sommes associés à parts égales. Lui était président, moi, directeur. Depuis son décès en mai 2022, je lui ai succédé comme président. Sa fille Amandine assure la codirection avec Marc-Henri Doyon, le troisième et nouvel associé. Toutes nos décisions sont collégiales. Quant à mon père, à 91 ans, il vit toujours à proximité de la pépinière.
Et vous Amandine, quelle est votre place dans cette saga ?
AB : Comme Damien, j’ai baigné dans l’univers du végétal depuis ma plus tendre enfance. Mon père travaillait à la pépinière et ma mère était la responsable de notre magasin, situé à seulement cinq kilomètres d’ici. Pourtant, je n’ai pas la même fibre végétale que mon père. Ma grande passion, c’est le commerce et j’ai donc suivi des études dans ce domaine. J’ai alors découvert que j’aimais manager et j’ai continué avec une licence en management et gestion de projet. Ce qui me faisait rêver par-dessus tout, c’était de rejoindre l’entreprise familiale pour gérer les équipes. Mon père souhaitait que je fasse d’abord ma propre expérience ailleurs. Très rap…