Une vieille dame tournée vers l’avenir. C’est ainsi qu’IJ titrait fin 2022 un article sur le destin de la centrale de Cordemais. À l’époque, la direction annonçait une transition imminente avec Ecocombust2, projet destiné à produire de l’électricité à partir de bois de récupération. Un programme porté par Paprec, entreprise de recyclage de déchets industriels, avec l’appui du groupe EDF.
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Conçue dans les années 1970, la centrale tentait depuis 2015, date de la COP 21, de trouver une alternative au charbon. « Nous avons exploré plusieurs pistes », confirmait la direction en octobre 2022. « Dont celle d’utiliser des pellets de bois. » Avec l’idée à terme d’en produire 160 000 tonnes par an.
Finalement, la centrale de Cordemais ne se reconvertira pas dans le bois de récupération… Malgré la promesse d’Emmanuel Macron en septembre 2023 de convertir à la biomasse les deux dernières centrales tournant au charbon, l’abandon du projet a été annoncé par téléphone le 16 septembre à un représentant du personnel du site ligérien par le PDG d’EDF, Luc Rémont. La nouvelle a été officialisée une semaine plus tard via un communiqué indiquant que « les conditions technico-économiques de réalisation du projet n’étant pas réunies, EDF ne poursuivra pas la reconversion à la biomasse de la centrale thermique ». Autrement dit, c’est à perte que cette installation aurait fonctionné.
La centrale à l’arrêt en 2027
Dans ces conditions, l’énergéticien envisage d’arrêter la production électrique de la centrale thermique en 2027. « Un plan qui sera forcément soumis à la consultation des instances représentatives du personnel », précise EDF. Il prévoit l’accompagnement des trois cent cinquante salariés, voire la reconversion de certains, qui pourront rester sur site jusqu’en 2029.
En parallèle, Framatome, filiale d’EDF leader international de l’énergie nucléaire, envisage la création sur le site d’une usine de préfabrication de tuyauteries destinées aux futurs réacteurs nucléaires de troisième génération. Une option à prendre au conditionnel, car si les études de faisabilité de son implantation ont été lancées par EDF, le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes débute tout juste.
« Ni licenciement, ni plan social »
Dans le cas où ce nouveau projet aboutirait, EDF annonce que « les travaux de construction de l’usine pourraient intervenir dès 2028 pour un démarrage d’activité en 2029 ». Avec, à la clé, la création d’une centaine d’emplois dès son ouverture. Un chiffre qui pourrait grimper à deux cents lorsque l’usine tournera à plein régime.
Hasard du calendrier ou non, on peut légitimement imaginer qu’une partie des salariés actuels de la centrale puisse se reconvertir dans la potentielle future usine de tuyauteries… « Quoi qu’il advienne, il n’y aura ni licenciement ni plan social », a assuré Olivier Lamarre, directeur de la division thermique d’EDF.
« Trop de temps gaspillé »
L’abandon d’Ecocombust2, projet qui a déjà nécessité plus de 10 millions d’euros d’investissement (4 pour Paprec et 6 pour EDF), n’a pas tardé à faire réagir les élus du territoire. À commencer par la présidente de Région Christelle Morançais : « Depuis l’origine du projet, EDF pointe la fragilité de son modèle économique. Sa décision d’y renoncer constitue sans aucun doute une terrible déception, mais elle ne peut pas être considérée comme une véritable surprise. Ce qui est profondément choquant en revanche, c’est le temps qu’il a fallu – huit ans – pour se rendre compte de ses fragilités et l’absence de prise en compte de projets alternatifs d’envergure. Il est désormais évident que l’avenir de Cordemais se jouera sur une diversité d’activités industrielles qui doivent correspondre au savoir-faire des salariés et au potentiel exceptionnel du site. En ce sens, l’implantation annoncée d’une usine Framatome est une première étape positive. C’est pourquoi je demande aux ministres en charge de réunir rapidement l’ensemble des acteurs du dossier. Trop de temps a déjà été gaspillé. »
« Nous dénonçons fortement la méthode, à savoir une décision prise en dehors de toute logique territoriale et en rupture avec des engagements clairs pris par l’État, énoncés par le président de la République lui-même il y a tout juste un an », ont quant à eux déclaré Johanna Rolland, maire de Nantes, David Samzun, maire de Saint-Nazaire, Rémy Nicoleau, maire de Saint-Étienne-de-Montluc, et Daniel Guillé, maire de Cordemais.