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Comment France 2030 va booster la croissance des start-up

Faire prendre conscience aux entrepreneurs du territoire que France 2030 constitue une opportunité de soutien aux start-up, notamment sur le plan financier. Tel était l’objectif de la table ronde organisée le 19 octobre dernier, à l’IUT de Carquefou, dans le cadre de la 3e édition du Startups & Innovation Day, à laquelle ont assisté plus de 500 personnes.

Jean-Christophe Juvin

Chef de projet innovation à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), Jean-Christophe Juvin a présenté le dispositif d’État France 2030. © IJ

« France 2030 vise à transformer durablement les secteurs clés de notre économie par l’innovation, en offrant des accompagnements significatifs aux entreprises qui ont un fort potentiel d’avenir. C’est une bannière derrière laquelle se rangent tout un tas d’appels à projets thématiques (robotique, logistique, biotechnologies…) faciles à décrypter pour les entreprises », présente Jean-Christophe Juvin, chef de projet innovation à la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets). Et de préciser : « Il s’agit du prolongement des Programmes d’investissements d’avenir (PIA), mais avec une tout autre dimension : l’enveloppe pour aider les entreprises françaises est désormais de 54 Mds€ sur cinq ans. »

Une aide à la construction d’une première usine

La moitié de ces crédits seront alloués à la décarbonation. « Aucune dépense ne sera faite pour des projets qui auraient un impact défavorable sur l’environnement », a précisé le spécialiste de l’innovation. L’autre moitié sera consacrée au soutien d’acteurs émergents. « L’État ose désormais parier sur des jeunes pousses qui n’ont pas nécessairement fait leurs preuves mais qui sont porteuses d’un projet d’avenir. C’est une opportunité pour les entrepreneurs », estime Jean-Christophe Juvin. Qui ajoute : « On cible désormais les investissements réalisés dans l’innovation et l’industrialisation, plus uniquement la R&D. On peut ainsi subventionner la construction d’usines via l’appel à projets “Première usine“, qui consiste à financer la première industrialisation d’une solution de rupture. »

Pour rappel, France 2030 Régionalisé est un dispositif complémentaire aux appels à projets du dispositif national. « Il est souple, agile et permet aux entrepreneurs de bénéficier d’un continuum d’aides. Il permet de capter les projets qui ont un certain degré de maturité, mais pas forcément les épaules pour aller chercher France 2030 national. C’est un moyen de leur mettre le pied à l’étrier et leur permettre de franchir une première marche. »

Sur le volet France 2030 régionalisé, 13,5 M€ de subventions ont été accordés depuis 2022 à 38 lauréats dans les Pays de la Loire. Et sur le dispositif national, la région compte déjà 208 lauréats pour 313 M€ d’aides attribuées[1].

Lisaqua : passage à l’échelle industrielle

Gabriel Boneu Lisaqua

Gabriel Boneu, président et cofondateur de Lisaqua, a présenté, retour d’expérience à l’appui, les bénéfices du dispositif France 2030 pour les start-up.

La start-up Lisaqua (Saint-Herblain), spécialisée dans l’élevage de gambas indoor sans antibiotique ou rejet polluant, et bénéficiaire du dispositif France 2030, a témoigné de son expérience par la voix de son président cofondateur, Gabriel Boneu.

« On s’apprête à passer à l’échelle industrielle : on fournit désormais dix tonnes de crevettes par an à des poissonniers et restaurateurs étoilés dans la France entière. Néanmoins, nous restons trop petits pour être rentables et notre objectif est donc de déployer un réseau de fermes d’élevage. D’abord en France, puis en Europe. »

Pour accompagner ses différentes étapes depuis le démarrage du projet en 2018, Lisaqua a bénéficié d’un continuum de financements qu’a détaillé Gabriel Boneu : « On a démarré au départ avec 1 600 € d’aides régionales de Bpifrance pour financer une étude de marché. Ensuite, on a mis en place des prototypes qui nous ont permis d’aller chercher des bourses French tech ou des aides régionales allant de 20 à 50 k€. Cela nous a permis de financer entre 50 et 70 % de chaque programme d’investissement. On a eu ensuite de sérieux sujets de passage à l’échelle industrielle. Pour notre ferme pilote, on a bénéficié d’une aide à l’innovation “deep tech” de BPI, soit 1,4 M€ de subventions et d’avances récupérables. On est ensuite entrés dans le giron de France 2030 avec une première aide de PIA régionalisé, ce qui nous a permis de développer des installations prototypes pour nos écloseries d’invertébrés et de crevettes. »

« Des financements à anticiper »

À l’heure actuelle, Lisaqua est en cours d’instruction pour le financement “Première usine“ de France 2030 : « On a un projet d’investissement de 20 M€ pour construire cette ferme et on a déjà passé plusieurs étapes de sélection. Concrètement, le dispositif peut financer jusqu’à 30 % de cet investissement. »

« Tous ces financements, on ne les connaissait pas il y a cinq ans, a martelé le cofondateur de Lisaqua. Ils sont arrivés par Atlanpole, Bretagne Atlantique, le Réseau Entreprendre… D’où l’intérêt de vraiment exploiter ces réseaux parce qu’ils vont à la fois vous flécher vers des financements, vous aider à préparer vos dossiers et les crédibiliser, notamment sur certains financements européens. »

Ultimes conseils du start-uppeur : « Ce sont des financements à anticiper. Les premiers sont assez simples à obtenir. En revanche, sur le financement “Première usine“, ça peut prendre de six à douze mois. Il faut donc être capable de se projeter et se demander où sera son entreprise dans un, deux, voire trois ans. Enfin, il faut être rigoureux : quand on commence à avoir des aides de plusieurs guichets, il faut faire attention de ne pas financer les mêmes dépenses par deux guichets différents. »

Dernier point : « On parle beaucoup d’aides et de subventions, mais ça n’est que la cerise sur le gâteau, a conclu Gabriel Boneu. Il faut bien avoir à l’esprit que l’entreprise, c’est d’abord du chiffre d’affaires, des investisseurs, de l’emprunt bancaire… De toute façon, les financeurs publics ne mettront jamais un euro dans un projet qui n’est pas financé par de l’argent privé. »

 

 

[1] La liste des appels à projets et manifestations d’intérêt est disponible sur le site de la Dreets et de France 2030 (Pays-de-la-loire.dreets.gouv.fr).