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Ces entreprises innovent pour un nautisme plus responsable

La construction d’un navire n’est pas leur métier, même si certaines naviguent dans cet univers depuis des années. Pourtant, ces entreprises imaginent le nautisme de demain, plus vert et plus confortable. Les Rencontres régionales du nautisme, qui avaient lieu le 10 avril dernier aux Sables-d’Olonne, ont mis en lumière plusieurs de ces pépites. L'IJ en a sélectionné trois.

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Nicolas Francheteau, responsable projet et programme chez Duqueine Atlantique© Marie Laudouar - IJ

Le 10 avril dernier, Les Sables-d’Olonne accueillaient la quatrième édition des Rencontres du nautisme Pays de la Loire, un événement porté par NautiHub, le cluster régional du secteur. Pour mettre en avant le dynamisme de la filière, les organisateurs ont fait le choix d’aller au-delà des simples chiffres en mettant sur le devant de la scène plusieurs entreprises du territoire qui, par leurs expertises, réinventent le nautisme. Devant un parterre d’une centaine d’invités, ces dernières ont eu l’opportunité de pitcher leurs innovations.

Un Lab pour un confort « durable »

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Renaud Montin, dirigeant associé Ruchaud Sellerie Vendée. ©Marie Laudouar -IJ

Parmi elles, Ruchaud Sellerie Vendée. Basée aux Achards, entre La Roche-sur-Yon et Les Sables-d’Olonne, l’entreprise jouit d’un savoir-faire vieux de 125 ans en tant que sellier-garnisseur. Reprise par Renaud Montin et Valentin Delalande, la PME familiale tire aujourd’hui deux-tiers de son chiffre d’affaires du nautisme. Longtemps tournée vers l’automobile, elle s’est diversifiée à la fin des années 1950 et fut le premier sellier en France à accompagner la démocratisation de la plaisance. « Du textile à la mousse, nous maîtrisons l’ensemble des process de fabrication et des métiers de sellier. Nous ne sous-traitons pas, ce qui nous permet de faire le sourcing de 100 % de nos matières premières », indique le dirigeant.

L’entreprise a d’ailleurs profité de l’événement pour annoncer le lancement de son Ruchaud Lab. « Le Ruchaud Lab se veut un terrain d’expérimentation grandeur nature qui réunira des industriels, des créateurs, des designers, des écoles, des artisans et des institutions autour d’une question : comment, à partir de notre expertise de sellier, peut-on innover pour plus de confort dans le nautisme de façon responsable et durable ?, précise Renaud Montin. Cela s’entend aussi bien en termes de produits que de services. » Si ce laboratoire d’innovations est orienté nautisme, les innovations « confort » qui en sortiront pourront être transposées vers d’autres secteurs comme l’hôtellerie de plein air. Sa forme reste encore à définir. Un moyen donc pour l’entreprise d’aller plus loin dans sa démarche vertueuse tout en répondant à la fois aux enjeux environnementaux et aux besoins de confort de ses clients.

Cap sur la décarbonation

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©Marie Laudouar -IJ

Construire un nautisme plus responsable passe aussi par la décarbonation du secteur. C’est justement le créneau de la toute jeune entreprise Seco Marine. Créée en 2020, la PME nantaise fait partie de Fétis group, une société spécialisée dans la conception et la production de systèmes innovants pour décarboner les usages de la mobilité (on-road, off-road et marine) et de l’industrie. Intégrateur de solutions décarbonées, Seco Marine accompagne ses clients dans leurs projets électriques, hybrides ou liés à l’hydrogène. Cela va de la prise en compte des besoins à la rédaction du cahier des charges jusqu’à la mise en service du système, en passant par la formation des utilisateurs ou la certification des organismes agréés. « En résumé, nous accompagnons le secteur maritime dans sa transition énergétique, indique David Bartoletti, directeur général de la société. Et dans ce domaine, l’hydrogène nous a permis d’acquérir nos lettres de noblesse. » L’entreprise travaille en ce moment avec l’Allemand Alva Yachts pour la construction d’un commercial yacht de 90 pieds, un bateau de plaisance à utilisation commerciale, sans aucune énergie fossile à bord. « Nous nous occupons de toute la partie hydrogène (pile à combustible, bouteilles, sécurité des installations gaz…). C’est un projet au long cours, près de deux ans de développement. » Seco Marine a aussi une expertise dans le domaine du 100 % électrique.

Vive le composite recyclé !

Qui dit nautisme durable, dit aussi matériaux recyclés. Rien ne prédestinait vraiment Duqueine Atlantique (Duqueine Group) à œuvrer dans le milieu nautique, qui plus est avec cette étiquette verte. Installée à Malville, entre Nantes et Saint-Nazaire, l’entreprise est historiquement tournée vers l’aéronautique. Sa spécialité : la conception et la fabrication de pièces et sous-ensemble en matériaux composites haute performance (tuyauteries d’approvisionnement d’air pour les avions, cadres de fuselage…). C’est la crise Covid qui l’a conduite à s’orienter vers le secteur nautique. « Notre chiffre d’affaires a été divisé par deux en quelques semaines. Il a fallu réagir très vite, analyse Nicolas Francheteau, responsable projet et programme chez Duqueine Atlantique. En raison de notre positionnement géographique et de la passion de certains de nos employés pour la mer, nous nous sommes tournés vers la voile de compétition, et notamment la course au large. »

Grâce à ce positionnement, l’entreprise a alors rapidement eu plusieurs opportunités, « qui nous ont amenés à travailler avec des skippers, dont le Breton Armel Tripon qui avait cassé son mât en avril 2022, témoigne Nicolas Francheteau. Le timing était très serré : début de la fabrication en juin pour une livraison en septembre. Nous n’avions jamais fait ça mais on s’est dit que c’était comme une tuyauterie d’approvisionnement pour l’aéronautique. De fil en aiguille, l’histoire nous a amenés à construire le nouvel Imoca d’Armel, les P’tits Doudous. La caractéristique principale de ce projet ? 70 % du poids du bateau provient de composite carbone qui n’était plus utilisable dans l’aéronautique et qu’Airbus aurait dû jeter si nous ne l’avions pas récupéré. »

Le saviez-vous ?

Les Pays de la Loire sont la deuxième région nautique française et représentent 20 % du CA national de la filière. Elle compte 500 entreprises pour un total de 8 000 emplois dans trois secteurs d’activité (industrie, plaisance, tourisme). L’activité industrielle nautique de la région se compose de 140 entreprises dont le Vendéen Beneteau, leader mondial, pour un total de 5 800 emplois. Les Pays de la Loire sont également la première région exportatrice de bateaux de plaisance.

Source : NautiHub