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Vendée Globe : « Ce respect de la mer, je l’ai appris au large des Sables »

Découverte de la voile, pôle de formation, sponsors, notoriété, sécurité sur les bateaux : les six skippers vendéens de cette dixième édition étaient réunis, mardi 22 octobre, pour évoquer leur préparation à la plus grande course à la voile autour du monde.

Cinq des six skippers vendéens étaient réunis, mardi, au village : Arnaud Boissières, Manuel Cousin, Benjamin Dutreux, Sébastien Simon et Szabolcs Weöres. MM - IJ

« Aujourd’hui, nous apprécions pleinement que l’événement majeur de notre discipline se déroule à la maison », avoue le skipper Sébastien Simon, engagé sous les couleurs du groupe vendéen Dubreuil. « D’abord, pour la préparation mentale et la gestion de la fatigue. L’effervescence au village est plaisante mais très énergivore entre les obligations médiatiques, l’accueil des partenaires et le partage avec la foule. Mais c’est l’un des plus beaux événements publics qui existent. »


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En effet, depuis l’ouverture du village, samedi 19 octobre, les six skippers basés à l’année aux Sables-d’Olonne sont particulièrement sollicités par les milliers de visiteurs. Identifiés comme des locaux, visibles au quotidien sur les pontons, les skippers font partie du paysage vendéen. Certains découvrent leur nouvelle notoriété, à l’instar de Manuel Cousin. Depuis quelques semaines, il est le « visage » de la campagne de communication de la Ville des Sables-d’Olonne et de l’agglomération pour promouvoir les navettes (bus, passeurs, marinettes…) afin de se rendre au cœur de l’événement.

Tous se félicitent de prendre le départ de la course, dimanche 10 novembre et d’y aller « avec humilité pour affronter les océans ». Pour eux, les quatre années de préparation ont été synonymes d’aléas, pertes de sponsors, accidents et autres incertitudes. Car ce Vendée Globe 2024 est bien le plus compétitif de tous les temps avec quarante skippers alignés.

La sécurité, une priorité pour Dubreuil

Victime d’une commotion cérébrale, il y a moins d’un an, Sébastien Simon savoure son retour et se remémore – plus jeune – « les heures à arpenter les pontons de cette mythique course avec son père ». Ces derniers mois, avec le groupe Dubreuil, il a amélioré les performances de son bateau et renforcé quelques axes de sécurité. Une priorité. Marqué par cet accident, le partenaire principal, par la voix de son président-directeur général Paul-Henri Dubreuil, explique que « des sièges sur mesure en carbone ont été fabriqués ». Le port du casque sera également une condition au-delà de 20 nœuds. « Nous apportons des notions de sécurité que l’on peut avoir dans l’aviation. » Le patron du groupe vendéen souhaitait un projet d’envergure pour son centenaire. « En 2020, lors de l’abandon de Sébastien Simon, nous étions frustrés d’être minoritaire. Finalement, nous n’avions pas grand-chose à dire à part signer un chèque une fois par an. Je m’étais promis qu’un jour, si nous en avions les moyens, on partirait à 100 % dans un projet avec l’ensemble du groupe Dubreuil et ses filiales. »

Des premiers bords à la préparation de la course

Des aléas et imprévus en mer, les skippers y sont habitués. Mais il arrive que les éléments se déchaînent aussi à terre. Le skipper Manuel Cousin a appris que son sponsor historique Groupe Setin ne renouvelait pas le partenariat deux ans avant le Vendée Globe 2024. Rebondir est une obligation pour obtenir sa qualification avec un projet solide. Il mène alors une campagne pour trouver un collectif de partenaires (Giffard manutention, Brioches Fonteneau…) autour des couleurs de son association Coup de Pouce, dont il est le parrain de longue date.

Pour tous, la Vendée est leur terrain d’entraînement. Certains y ont effectué leurs premiers bords dans leur enfance, comme Benjamin Dutreux, « entre l’île d’Yeu et Fromentine ». D’autres y ont posé leurs valises afin de peaufiner leurs objectifs, loin des autres professionnels de la course au large, basés en Bretagne. Mais surtout, ils ont connu l’entraide, avec des prêts de bâtiments les uns aux autres, pour mûrir leurs projets. « J’ai commencé à faire des étapes départementales, à découvrir le territoire, puis le national et enfin découvrir le monde. Dès le plus jeune âge, j’ai découvert que la mer, c’était un environnement de liberté incroyable. Mais aussi un environnement qui pouvait être difficile, de travail pour les pêcheurs. Ce respect de la mer, je l’ai appris finalement en Vendée », confie Benjamin Dutreux, skipper de Guyot Environnement – Water Family.

« L’économie de la course au large est en vogue »

La Bretagne domine dans la formation de ces sportifs avec un vivier au Pôle Finistère Course au large de Port-la-Forêt et dans le Morbihan, à Lorient. Toutefois, les marins ont évoqué l’idée d’une écurie propre au département. « Si un jour, on veut monter un pôle d’entraînement, c’est à nous de prendre les devants en expliquant nos besoins, des bureaux et un entraîneur », poursuit-il. En 2023, basée à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la Team Vendée formation s’est recentrée sur la préparation des bateaux de course, délaissant l’accompagnement des skippers. Ces derniers, n’ayant pas d’infrastructures toujours adaptées, ne misent alors pas forcément sur la Vendée. Malgré tout, des premiers pas sont effectués avec l’annonce, en mars 2024, de la construction de six hangars à Imoca par l’Agglomération des Sables-d’Olonne. Une volonté d’améliorer les conditions de travail, d’héberger les collaborateurs « et d’engager une dynamique pour venir préparer son projet en Vendée ». Un pôle course qui viendra s’inscrire dans le projet Port Olona 2040, avec un nouveau visage pour le port de plaisance. Les futurs hangars sont attendus entre 2026 et 2027.

Benjamin Dutreux rappelle « qu’il y a tout un écosystème aux Sables-d’Olonne autour de la pêche, du commerce et du tourisme. Il ne faut pas être égocentré, il y a plein d’univers qui travaillent autour de cette économie de la mer. Mais il faut bien noter que celle de la course au large est en vogue ».

Une galerie du Vendée Globe d’ici 2028

Le président du département et du Vendée Globe, Alain Leboeuf, en a bien conscience : « Nous allons investir pour que les skippers restent aux Sables. Derrière les sportifs, il y a aussi des entrepreneurs qui doivent gérer leur budget. » Avec l’objectif de travailler sur des projets ambitieux, « comme le fait Sébastien Simon, et le groupe Dubreuil. Même si en tant qu’entrepreneur, nous considérons que cela ne va jamais assez vite », concède Benjamin Dutreux.

Catalyseur économique, le Vendée Globe booste tout un département d’éditions en éditions. À terme, le maire de la ville départ et arrivée, Yannick Moreau, souhaite « faire des Sables-d’Olonne la ville d’affirmation du Vendée Globe. Particulièrement en dehors de l’événement et des trois semaines de village ». L’édile a rappelé la construction prochaine d’une galerie du Vendée Globe d’ici 2028 et d’un PC course permanent aux Sables. Une montée en puissance qui passera par un fort pool de skippers vendéens.