Face aux quatre scénarios possibles d’une « France 2050 » émis par l’Ademe (génération frugale, coopérations territoriales, technologies vertes, pari réparateur), les invités du CINA se sont interrogés devant un parterre de professionnels de la filière immobilière sur l’aménagement du territoire et la nécessaire transformation des métiers de la construction et de la rénovation, face aux évolutions sociétales et aux forts enjeux climatiques.
Renoncer à la modernité ?
L’auditorium baulois a accueilli un début d’échanges plus conceptuel, proche du questionnement philosophique parfois, pour poser le cadre de la volonté collective et des possibles leviers de la transformation. Pour le prospectiviste Émile Hooge, deux questions majeures se posent avant d’agir : « Vers quoi veut-on aller ? » et « Comment accompagner cette transformation ? ». Le directeur associé de l’agence conseil Nova7, spécialisée dans l’accompagnement de la transformation des modes de vie, estime nécessaire de changer les comportements individuels et s’interroge sur un éventuel « renoncement à la modernité », tendant vers un changement plus global de paradigme. Une réflexion qui « pose la question de l’acceptabilité de ce changement à titre individuel et au niveau local », sensibilise pour sa part Sylvia Pinel, ancienne ministre du Logement, également invitée par le CINA dans le cadre de cette biennale Édifice 2024.
Accentuer les transversalités
Si pour Valérie Jousseaume, maître de conférences à l’Institut de géographie d’aménagement de Nantes, « le futur n’est pas prévisible et encore illisible », un constat se dresse toutefois : la société se transforme et avec elle la mobilité des populations. « D’ici 2050, 180 000 à 200 000 habitants vont arriver sur notre territoire, nécessitant entre 145 000 et 160 000 logements », témoigne Frédéric Vasse, directeur général du pôle métropolitain Nantes Saint-Nazaire. D’où un nécessaire accompagnement des filières de l’immobilier et de nombreuses compétences à développer en matière de technologies, R&D ou innovation, telles que l’étude de la qualité des sols vivants, que Frédéric Vasse a pris pour exemple, permettant de choisir entre artificialisation des sols et priorités alimentaires.
Si l’ancienne ministre préconise d’accompagner de manière pragmatique les acteurs de la filière en essaimant à grande échelle, elle insiste aussi pour faire mieux collaborer ruralités et territoires urbains, tout en prenant en compte les spécificités de chacun par une « transversalité accrue et des métiers pluridisciplinaires ». En somme, une « culture de la coopération, déjà éprouvée sur ce territoire », abonde le directeur du pôle métropolitain.
Ateliers de réflexion
Six ateliers l’après-midi – IA, nouveaux modes d’habitat, maîtrise foncière, low-tech, biomimétisme, énergie et décarbonation – ont permis aux professionnels présents d’imaginer l’immobilier futur de 2050. Et pour les deux grands témoins de la journée, Émile Hooge et Sylvia Pinel, quatre grandes lignes se sont dessinées en fin de journée : adaptabilité et coopération pour le premier, inventivité et innovation pour la seconde.