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L’anticipation, clé d’une cession/reprise réussie

Invités à Guérande à l’occasion d’une table-ronde organisée par la Chambre de métiers et de l’artisanat 44 et le réseau d’expertise-comptable In Extenso, une soixantaine de professionnels, en leur qualité de cédant ou repreneur éventuel, ont pu se rencontrer et échanger avec, peut-être à la clé, des rapprochements menant à une cession.

artisanat 44

Didier Papin, Linda Gousset (responsable service aux entreprises à la CMA), Guillaume Gralepois (expert-comptable au cabinet In Extenso de La Baule), Damien Jussiaume (cabinet d’Ancenis) et David Boudaud © IJ

Une entreprise sur quatre fait partie de la branche artisanale en Pays de la Loire. Un poids non négligeable dans l’économie régionale. Pourtant, selon le dernier rapport de l’Observatoire régional de l’artisanat, un fléchissement est apparu en 2020 concernant créations et reprises d’entreprise dans leur ensemble (-0,3 %). Si depuis 2018, sur la région, les premières ont connu une belle progression (+29 %), et permis de contrecarrer la diminution marquée des secondes (-11 %), une nette décroissance s’est ressentie l’an dernier sur ces deux items réunis (-3,2 %) dans le département de la Loire-Atlantique. Fort de ce constat, la Chambre de métiers et de l’artisanat 44, en partenariat avec le cabinet d’expertise-comptable In Extenso, a choisi de faire se rencontrer cédants et repreneurs éventuels d’entreprises lors d’une matinée d’échanges organisée le 16 septembre aux Terrasses de Kerjoam à Guérande. Une soixantaine d’entrepreneurs et de salariés – pour les deux tiers déjà en disponibilité immédiate – ont ainsi pu dialoguer autour des problématiques inhérentes à une cession d’entreprise avec, en premier lieu, la nécessité de demeurer vigilant en amont sur tous les aspects techniques, juridiques et comptables. « Sans oublier la dimension psychologique que contient souvent le passage à l’acte pour le cédant », confie l’expert-comptable Damien Jussiaume, organisateur de la journée.

TROIS ANS POUR TROUVER CHAUSSURE À SON PIED

Du côté du cédant, qui souhaite parfois garder l’anonymat au démarrage du processus, rencontrer de vive voix des professionnels motivés au rachat d’entreprise constitue un élément de réassurance dans sa décision de passer le flambeau. Bien souvent en effet, céder sa société revient à léguer tout ou partie du travail construit et mené au fil des années. À l’instar de Didier Papin, resté trente-huit ans à la barre d’une boulangerie de quinze salariés à Saint-Julien-de-Concelles, venu apporter son témoignage. « La cession a pris deux ans, avec une première négociation qui a échoué. Ce n’est pas si simple, il est nécessaire de bien s’entourer et d’être conseillé », admet l’artisan. David Boudaud, ayant racheté une société de travaux publics du sud Loire d’une trentaine de salariés en janvier dernier, abonde : « Il m’a fallu trois ans pour trouver la structure idéale répondant à mes critères », confie le quadra, motivé par l’envie de « contribuer à un projet collectif » et « d’amener des compétences complémentaires à une équipe en place ». L’ancien directeur de filiales, passé chez Veolia puis Suez, veut s’intégrer, sans s’imposer, en s’appropriant la « culture ADN de l’entreprise » fondée il y a vingt-trois ans, dont le CA se situe autour de 3,5 M€. « Je suis encore dans la phase de diagnostic interne, mais on vise les 4 M€ sous deux ans », ambitionne le néo-dirigeant qui a d’ores et déjà recruté quatre personnes cette année.