Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

ZOOM SUR… La construction résiste, avec Paul Bazireau, Président du Directoire chez Entreprise CHARIER

Face au choc économique que génère l'épidémie de covid, notre rédaction a choisi de prendre le pouls de plusieurs secteurs clés. Cette semaine, place à la construction. Les chantiers fermés en mars 2020 ont vite renoué avec leur niveau d'activité habituel. Le BTP se retrouve aujourd'hui épargné, mais redoute une baisse des investissements.

Paul Bazireau Charier

Paul Bazireau, Charier © Benjamin Lachenal

Dans ce secteur essentiel qu’est la construction, bâtiment et travaux publics ne vivent pas la crise de la même manière. Quand le bâtiment surfe sur la vague de la rénovation 1. Les travaux publics s’interrogent sur l’activité des prochains mois. Leur fédération régionale (FRTP) avait lancé en novembre un cri d’alarme : les appels d’offres n’étaient pas au niveau attendu. Les entreprises s’inquiétaient alors d’une baisse d’activité à venir.

Depuis, la situation perdure pour le président du directoire de Charier, Paul Bazireau. La société Charier, présente sur le territoire depuis 1897 (1400 emplois), comprend deux grands types d’interventions. « La situation est contrastée selon les métiers», témoigne Paul Bazireau.

Le premier : la construction et l’entretien des routes, les tra vaux urbains, la déconstruction, la production de granulat et le recyclage des déchets des TP, activités exercées dans le grand Ouest Pour ces opérations, Charier a pâti du premier confine ment jusqu’à fin avril avec une forte baisse du chiffre d’affaires à 30% au premier trimestre 2020. Sur l’année, la société termine à 14,5% sur ce volet.

Le second : les grands travaux, avec une couverture nationale. Ce sont les travaux maritimes, fluviaux, les confortements de falaises tels que la carrière Miséry à Nantes, les grands terrassements (le centre d’entraînement du PSG à Poissy, par exemple) ou encore l’agrandissement du port de La Turballe. « 2020 a été meilleure que 2019 car, l’activité étant très cyclique, nous étions dans une belle dynamique avant crise sur de grands projets décidés des mois à l’avance. » Cette belle année a compensé les pertes enregistrées sur les autres chantiers arrêtés en mars. D’où une année 2020, au global, du niveau de 2019 : 278 M€ de CA.

Le bâtiment Deltagreen à Saint-Herblain, premier bâtiment à produire, stocker et récupérer l’énergie électrique en France, a en partie été réalisé par Sofradi © Sofradi

DUMPING DES CONCURRENTS

Parmi les éléments qui ont permis de tenir, Paul Bazireau félicite « des salariés exemplaires. Ils ont accepté de prendre des congés par anticipation, puis des heures supplémentaires et ils ont été nombreux à travailler pendant l’été. » La profession a aussi été aidée par une météo clémente fin 2020. « Les conditions climatiques ont un impact fort sur nos métiers car certains chantiers doivent être mis à l’arrêt, notamment les terrassements sur sol argileux, s’il pleut ».

Côté organisation, Paul Bazireau relève l’avantage de disposer d’un médecin interne associé à l’organisation des protocoles sanitaires. Pour pallier la fermeture des restaurants, Charier a multiplié les cabanes, ces abris temporaires utilisés sur les chantiers, certaines achetées, d’autres louées.« Des clients ont accepté de prendre ces frais en charge mais, au total, on chiffre à 3 M€ le coût net du Covid pour l’entreprise. »

Si on ne veut pas détruire l’emploi, il ne faut pas ralentir durablement les travaux. Paul BAZIREAU, Président du directoire chez Charier

À part l’activité partielle mise en place au début du printemps, Charier n’a recouru à aucune aide de l’État « Nous avons, au contraire, reçu des aides non sollicitées telles que le rembourse ment des créances de CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ainsi que des mesures spécifiques aux TP, avec le report de la taxation du gasoil non routier et la baisse des coûts de carburants et de bitumes. »

sécurisation du pont de Varades par l’entreprise Charier

La sécurisation du pont de Varades par l’entreprise Charier © Gaël Arnaud

En revanche, Paul Bazireau note un effondrement des prix du marché. « Certains concurrents commencent à faire du dumping, avec une spirale à la baisse des prix qui est mortifère. » Fin janvier 2021, les tarifs des travaux enregistrent une baisse de 14% par rapport à 2020 et de 24% par rapport à 2019. « Vendre à perte est interdit. Donc, si les prix s’effondrent c’est une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Ceux qui pratiquent le dumping vont licencier puisqu’ils travaillent à perte. C’est une mauvaise nouvelle pour la collectivité qui va devoir prendre en charge les indemnisations. Et quand on vend à perte, on ne fait pas du bon boulot… On voit ce que ça a donné pour les travaux du périphérique nord de Nantes qui ont duré trois ans au lieu d’un… Il est donc important que les collectivités n’acceptent pas des prix anormalement bas. » Pas de licenciement prévu chez Charier pour autant, « on préfère dégrader les résultats, on ne verse pas de dividendes par exemple. Mais pour l’instant nous ne déplorons pas de crise de résultat. De toute manière, le secteur des TP n’est pas très rentable. Nous avons en moyenne 2% de rentabilité sur le résultat d’exploitation contre 10% pour l’industrie. Mais nous ne sommes pas gourmands, nous sommes une entreprise familiale pas une machine à cash. Nous préférons être pérennes et renouveler notre matériel ».

  1. Voir article du quotidien natio…

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