C’est un cri d’alarme qu’adresse le Cina aux politiques et aux institutions, mais aussi au grand public, en s’appuyant sur les chiffres de ses observatoires. Les conséquences, déjà annoncées depuis trois ans par les professionnels de l’immobilier, sont notamment une réelle pénurie de logements et consécutivement une hausse importante des prix. « Tous les acteurs de la filière immobilière ont déjà intégré le changement et les enjeux environnementaux et construisent la ville durable de demain », expliquent les professionnels de l’immobilier qui veulent « montrer concrètement les résultats des options prises aujourd’hui, à cinq ans ou à dix ans, en donnant à voir les incidences aujourd’hui même d’une production métropolitaine en panne, tant en accession qu’en location. »
LOYERS EN HAUSSE
Alors que, depuis longtemps, les loyers étaient restés stables et inférieurs aux niveaux atteints par d’autres grandes métropoles, le système s’est déréglé. « Le coup de frein sur la livraison de logements neufs qui satisfait habituellement 70% de la demande locative a entraîné un déficit de centaines de locations sur le marché de la métropole nantaise en 2020 », indique Isabelle Lefeuvre, vice-présidente du Cina en charge de l’habitat. Alors que le prix au mètre carré avoisinait les 10 €, le prix médian à Nantes est passé à 11,5 € au troisième trimestre. Le taux de vacance, 1,3% n’a jamais été aussi bas et le délai de relocation s’est abaissé à quinze jours seulement, un record. Le prix de location d’un logement vide a augmenté de 6% en un an (680 €) en moyenne et celui d’un meublé a grimpé de 15%, à 713 €.
LE DÉVELOPPEMENT DE LA COLOCATION
Les surfaces les plus recherchées à Nantes, les types 2 et 3 (70% de la demande) se font rares sur le marché et s’arrachent. Cette difficulté pour trouver des logements à louer entraîne le développement de la colocation. « La demande est grandissante dans l’agglomération nantaise et ne concerne pas seulement les étudiants aujourd’hui, mais aussi les jeunes actifs. Ce n’est pas uniquement pour des raisons d’économie, ou d’envie personnelle, mais parce qu’il n’y a plus de biens à louer et qu’ils n’ont pas le choix », constate Isabelle Lefeuvre.
À l’achat, le prix de l’ancien augmente désormais plus vite que le neuf. « Devenir propriétaire dans l’ancien à Nantes coûte en moyenne 3 928 € du m2, soit une augmentation de 12,5% en un an (source SeLoger.com de juin 2020). Si acheter du neuf est toujours plus cher que de l’ancien (5 062 € le m2 dans le neuf à Nantes), l’augmentation des prix est de l’ordre de 6% entre 2019 et 2020 », précise le Cina.
PÉNURIE DE BUREAUX
La pénurie touche aussi l’immobilier de bureau : « Le retrait des transactions est de 30% sur le tertiaire, (contre – 45% en Île-de-France) il y a l’effet Covid, mais aussi la pénurie dans le centre-ville. Le retrait est global, tant en transactions qu’en mètres carrés. Avec 86 260 m2 (- 30%) pour 208 transactions, Nantes passe en 2020 sous la barre symbolique des 100 000 m2 généralement atteints par les grandes métropoles. Le centre-ville (Île de Nantes, Euro-nantes) représentait 45% du marché des transactions tertiaires en 2019, il ne représente que 31% en 2020, faute d’offres. « Cette pénurie va durer dans le temps », prédit Christine Serra.
PROPOSITIONS POUR UN REBOND
Pour les spécialistes du Cina, le rebond de l’offre immobilière ne pourra se faire que sous certaines conditions. « Il est urgent d’accélérer les autorisations administratives.
En plus de la crise sanitaire, des élections municipales, du Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUM), il y a un phénomène de complexité, tout s’est rallongé. Dans la métropole aujourd’hui, entre le moment où le site est identifié et la livraison, il faut compter entre cinq ans et demi et six ans. Et entre le moment où l’on identifie un lieu et le dépôt du permis de construire, ce n’est jamais en dessous de deux ans à Nantes et c’est plus généralement trois ans, voire plus. On a une procédure ultra longue, et comme on est en marché tendu pour d’autres raisons, nous sommes déjà dans le mur », déplore Alain Raguideau, past président du Cina. Pour favoriser le rebond, le club veut davantage impliquer la population dans l’évolution de l’immobilier du territoire, afin de « sortir de l’immobilisme », favoriser la performance environnementale et l’économie circulaire, et sans doute repenser la densification de la ville. « On ne peut à la fois refuser l’étalement urbain et la verticalisation », souligne le Cina.
- Le Cina rassemble 350 membres et 200 entreprises de la filière immobilière.