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La Vendée veut mettre en selle ses actifs

Le Département de la Vendée a dévoilé le 25 novembre dernier, son plan Vélo-travail. Sur un territoire déjà bien équipé en pistes cyclables, le programme prévoit de réaliser de nouveaux aménagements et d’améliorer les itinéraires existants. Objectif : développer l’usage de la bicyclette au quotidien, tout particulièrement sur les trajets entre le domicile et le lieu de travail.

De g. à d. : Bérangère Soulard, présidente de la commission Sports, Thomas Perrocheau, conseiller départemental délégué à la politique du vélo, Alain Lebœuf, président du Conseil départemental de Vendée, Brigitte Hybert, présidente de la commission Routes et mobilités durables ©IJ

De g. à d. : Bérangère Soulard, présidente de la commission Sports, Thomas Perrocheau, conseiller départemental délégué à la politique du vélo, Alain Lebœuf, président du Conseil départemental de Vendée, Brigitte Hybert, présidente de la commission Routes et mobilités durables ©IJ

« La Vendée veut être maillot jaune du vélo » annonce d’emblée Alain Lebœuf, le président du Conseil départemental, faisant bien évidemment référence à l’attachement du département pour la petite reine et en particulier pour le Tour de France. Accompagné de trois de ses élus, Bérangère Soulard, Thomas Perrocheau et Brigitte Hybert, le président du Département vient présenter le plan Vélo-travail, « un projet ambitieux de 35 M€ sur la période 2021-2028 ». L’enveloppe comprend 25 M€ de subventions et 10 M€ de maîtrise d’ouvrage. Selon l’élu, « ce plan constitue une marche supplémentaire dans la réflexion engagée depuis longtemps par le Conseil départemental ». Ces dix dernières années, le Département a déjà investi 13,8 M€ pour la création et l’entretien de ses pistes cyclables. Aujourd’hui, la Vendée avec ses 1 800 km de pistes cyclables labellisées, dont 400 km en site propre, est l’un des premiers départements français pour la longueur et la fréquentation de son réseau dédié aux vélos. L’an dernier, pas moins d’1,2 million de passages cyclistes ont en effet été comptabilisés sur l’itinéraire touristique Vendée Vélo, soit une hausse de fréquentation de 18 % par rapport à 2019.

95 000 cyclistes potentiels

« Après la réalisation de pistes cyclables à but touristique, le nouvel enjeu aujourd’hui, c’est de construire des itinéraires pour les déplacements du quotidien », précise Alain Lebœuf qui déplore le nombre encore trop important de Vendéens qui prennent leur véhicule personnel pour se rendre au travail (près de 90 % des actifs). L’élu s’appuie sur une étude Insee[1] publiée en septembre. La Vendée est ainsi le département des Pays de la Loire où l’utilisation de la voiture pour rejoindre son lieu de travail est la plus forte. Il faut dire qu’avec ses zones d’activités économiques réparties sur l’ensemble du territoire, la Vendée possède la plus faible part régionale de trajets domicile-travail courts (ceux de moins de 10 km). « Seulement 11 % des salariés du département résidant à moins de 10 km de leur lieu de travail choisissent un mode de déplacement doux. 7 % marchent, 4 % pédalent » rappelle Brigitte Hybert, présidente de la commission Routes et mobilités durables. Et pourtant, toujours d’après cette étude, la Vendée dispose d’un potentiel de 95 000 cyclistes si l’on exclut les salariés qui privilégient les mobilités douces pour se rendre au travail. « L’usage du vélo ne doit pas être réservé aux villes. Il est aussi adapté à la campagne », estime le président du Département qui salue le développement du vélo électrique. « Hier, faire 10 km à vélo pour se rendre au travail était inconcevable. Aujourd’hui, le vélo électrique permet de rapprocher nos communes. »

Rapprocher les cœurs de villes et les pôles économiques
Après l’analyse, place à l’action. Le Département souhaite mettre en œuvre son plan Vélo-travail autour de trois axes majeurs : l’accompagnement des collectivités par des subventions, la réalisation à titre expérimental de pistes cyclables sur les flux les plus importants et le lancement d’une action phare sur la portion entre La Roche-sur-Yon et Aizenay.

Dans un premier temps, le Conseil départemental promet d’accompagner les collectivités en gérant, selon le type d’aménagement prévu, la maîtrise d’ouvrage et le financement avec un plafond de 300 000 € par an et par canton. Chaque dossier sera jugé selon un certain nombre de critères : pertinence du nombre de salariés concernés, desserte d’une zone économique, continuité d’aménagement sur un même axe. Toujours en lien avec les collectivités, il est prévu d’aménager plusieurs pistes cyclables qui serviront de modèles. Des itinéraires, hors agglomération, accueillant plus de 500 personnes vers une même zone d’emploi. Parmi les exemples de flux importants figurent l’axe Le Poiré-sur-Vie – La Roche-sur-Yon (701 salariés) et Venansault – La Roche-sur-Yon (576 salariés). Quant à la piste cyclable entre Aizenay et La Roche-sur-Yon, qui cumule un flux quotidien de plus de 1 500 salariés, l’objectif est d’en faire un itinéraire domicile-travail de haute qualité, en améliorant au maximum les conditions de circulation.

Répondre aux enjeux de santé et de protection de l’environnement
« Pour développer la culture vélo, il faut aussi accompagner les Vendéens à travers notre discours » souligne Thomas Perrocheau, conseiller départemental délégué à la politique du vélo. L’élu, ostéopathe de profession, insiste notamment sur les bénéfices du vélo pour la santé. « On sait que les actifs ont de moins en moins de temps pour faire du sport. Pratiquer le vélo sur le trajet domicile-travail permet de maintenir une activité physique. » Avec son dispositif, le Département tient aussi à sensibiliser ses habitants à la protection de l’environnement. « Il est important de faire évoluer les mentalités » affirme Thomas Perrocheau, alors que le trafic routier en Vendée génère 28 % des gaz à effets de serre émis par le département[2]. « Les véhicules particuliers (dont le nombre s’élevait à 442 900 pour une population d’environ 630 000 personnes au 1er janvier 2021) jouent un rôle prédominant dans ces émissions » ajoute l’élu. « Il y a au cœur de ce plan Vélo-travail, un véritable enjeu sociétal, conclut Alain Lebœuf, pour qui cette transformation « ne se fera pas en un, deux ou trois ans, mais dans le temps. »

Des vélos en libre-service aux Sables d’Olonne

Afin d’augmenter la part modale du vélo dans la cité balnéaire, les élus des Sables-d’Olonne agglomération ont voté le 1er décembre le lancement d’un marché pour une offre de vélos en libre-service. Au 1er avril 2023, une centaine de vélos disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 (sur le modèle du Vélib’ parisien ou encore du Bicloo nantais) devraient être mis à disposition dans une quinzaine de stations en centre-ville. Si le succès est au rendez-vous, la communauté d’agglomération pourrait se doter de vélos supplémentaires et installer des stations en périphérie. Le montant de l’investissement pour la première phase du projet est estimé à 350 000 €.

[1] Étude Insee 2018 : déplacements domicile-travail en Vendée (réalisée pour le conseil départemental)

[2] En hausse de 6 % entre 2008 et 2018, contre 3 % sur le plan régional (Étude Insee 2018).