« C’est un projet osé pour notre entreprise mais surtout enthousiasmant », a attaqué Michel Giboire, le président du groupe éponyme. « Dans un contexte d’immobilier en crise où les mauvaises nouvelles se succèdent, la bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous allons vous faire découvrir la renaissance de la Tour Bretagne. » « Ce ne sera pas un projet comme les autres », a embrayé Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole. « D’abord parce que c’est un bâtiment emblématique du paysage nantais et qu’il est intimement lié à notre patrimoine collectif. » Copropriétaire à 19 % du bâtiment, la collectivité a souhaité profiter de la réhabilitation de « cette friche polluée de 20 000 m2 de bureaux en plein centre-ville » pour « penser une nouvelle Tour Bretagne en y portant nos priorités », a poursuivi l’élue.
Un nouveau lieu culturel et convivial
La première a été de rendre la Tour aux habitants en leur permettant de retrouver l’accès à son sommet : « Ils pourront admirer le ciel depuis un belvédère panoramique accessible à tous gratuitement, au 34e étage, avec une vue à 360 degrés. » Mais aussi venir y boire un verre, écouter un concert ou contempler une expo dans un nouveau lieu convivial et culturel, « comme l’était le Nid auparavant », a précisé Johanna Rolland.
Deuxième priorité : 1 000 m2 seront réservés à des activités de l’économie sociale et solidaire au rez-de-chaussée. « Je pense à de futurs locaux pour les Ecossolies et aussi au projet Kejadenn porté par l’agence culturelle bretonne », a confirmé la présidente. Il s’agit d’un espace multidisciplinaire à la rencontre des langues, des entreprises et de la culture bretonnes. « Avec une ambition très claire : soutenir des acteurs de l’économie sociale et culturelle pour mettre en valeur les savoir-faire locaux, solidaires et créateurs de liens sociaux », a-t-elle ajouté.
Allier innovation architecturale et enjeux écologiques
Troisième priorité de la collectivité : allier innovation architecturale et enjeux écologiques. « Le plan de sobriété carbone, le réemploi mais aussi le respect du passé et de la place de la Tour dans le paysage ont été au cœur du projet et de notre réflexion. La Tour sera donc réhabilitée en s’appuyant sur l’existant. Il s’agit de tourner la page de la Tour de bureaux énergivore des années 1970, avec la volonté de refaire la ville sur elle-même, dans cet esprit de l’urbanisme circulaire sur lequel nous nous engageons dans cette période post grand débat Fabrique de la ville. »
Cette réhabilitation sera aussi pour la ville et la métropole l’opportunité d’améliorer les espaces publics et ses abords. « Notamment le lien entre la place Bretagne et la place du Cirque, où un hôtel quatre étoiles avec un restaurant doté d’une terrasse de 400 m2 verra le jour à la place des parkings privés actuels », a précisé Johanna Rolland. Pour faciliter le passage d’un niveau à l’autre, un nouvel escalier extérieur public sera ainsi construit rue de l’Arche Sèche.
« Demain, plus de 240 logements de toutes tailles prendront la place des quelque 20 000 m2 de bureaux dans une tour réhabilitée et raccordée au réseau de chaleur de la ville, faisant la part belle aux matériaux biosourcés, à une conception bioclimatique des logements, à une gestion optimisée de l’eau tout en faisant la part belle à la végétalisation », a résumé la présidente de Nantes Métropole en guise de conclusion.
Une réhabilitation à 135 M€
Pour ce qui est du choix architectural de la future tour, il semble tout droit venu d’outre-Atlantique et plus précisément de la grosse pomme… À mi-chemin entre le Flatiron Building pour la partie socle qui accueille l’hôtel-restaurant, et l’emblématique Empire State Building pour la partie logements et belvédère.
Chiffré à 135 M€ par le Groupe Giboire, ce projet de réhabilitation devrait permettre « d’économiser 7 000 tonnes de carbone ». Côté calendrier, le désamiantage du bâtiment, estimé entre 7 et 9 M€, devrait débuter courant 2025. Une opération subventionnée à hauteur de 1,5 M€ par la métropole et 3,5 M€ par l’État. Date de livraison espérée ? « Pas avant 2029 dans le meilleur des cas », a conclu Michel Giboire.