Couverture du journal du 16/05/2024 Le nouveau magazine

Take Kair : vers une production d’e-carburant en 2028

À l’horizon 2028, une unité de production d’e-carburant à destination des avions d’Air France-KLM sera opérationnelle dans l’estuaire de la Loire. Le projet Take Kair est sur les rails. EDF, Holcim, Ifpen et Axens sont associés pour développer la production d’e-kérosène en Pays de la Loire à partir de CO2 capté dans une cimenterie de Mayenne.

Take Air, Air France, KLM

Le protocole signé avec Air-France KLM au dernier salon du Bourget vise à en faire l’acquéreur principal du e-kérosène produit par cette nouvelle installation industrielle en Basse-Loire. ©Shutterstock

« Take Kair est un projet d’envergure nationale pour le groupe EDF, dont l’implantation envisagée est en Pays de la Loire. Il y a une place pour produire du kérosène de synthèse qui présente l’avantage d’être utilisé par les avions existants à la différence de l’hydrogène. Dans notre projet, il s’agit de capter le CO2 dégagé par la cimenterie Holcim de Saint-Pierre-La-Cour, en Mayenne », rappelle Hervé Rivoalen, directeur régional d’EDF. Ce CO2 sera mis sous forme liquide et acheminé par le réseau ferroviaire jusqu’à l’estuaire de la Loire. L’unité Take Kair de production d’e-kérosène pourrait être positionnée près de la centrale de Cordemais ou sur des terrains du Grand Port de Nantes Saint-Nazaire dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt. « La localisation précise est en cours d’étude, tout comme le nombre d’emplois nécessaires au projet », précise-t-on du côté d’EDF. « Nous sommes engagés dans une décarbonation importante de l’énergie. Ce projet s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Nous sommes une grande région en matière aéronautique, cela vient en support de cette industrie en Pays de la Loire », souligne quant à lui le directeur régional d’EDF.

 50 000 tonnes d’e-carburant par an

Sur le marché européen des carburants aériens, les contraintes pèseront de plus en plus sur les transporteurs aériens pour utiliser des carburants de synthèse. Le protocole signé avec Air-France KLM au dernier salon du Bourget vise à en faire l’acquéreur principal du e-kérosène produit par cette nouvelle installation industrielle en Basse-Loire, avec un objectif de production annuelle au départ de 50 000 tonnes d’e-carburant par an à partir du captage de 160 000 tonnes de CObiogénique, issu de la biomasse, par le biais d’un lavage des fumées de la cimenterie. « C’est encore modeste par rapport aux besoins du transport aérien », reconnaît le directeur régional d’EDF.

Hervé Rivoalen, EDF

Hervé Rivoalen, directeur régional d’EDF. ©EDF

Arrivé en Loire-Atlantique, l’hydrogène bas carbone et renouvelable sera produit par électrolyse de l’eau en s’appuyant sur l’expertise de la filiale d’EDF, Hynamics. L’e-carburant sera alors produit à partir de cet hydrogène et de ce carbone, selon des technologies développées par l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen) avec sa filiale Axens. « L’architecture d’ensemble de ce projet industriel complexe sera assurée avec les compétences de l’ingénierie d’EDF qui apporte son expertise en matière de production d’énergie neutre en CO2. Le projet devrait permettre d’éviter l’émission de plus de cent kilotonnes de COchaque année », assure Hervé Rivoalen.

 Environ 700 M€ d’investissement

L’étude de pré-faisabilité technique du projet Take Kair est finalisée depuis le printemps. L’année 2023 est consacrée aux études de faisabilité et « basic design » du projet. Ce dernier est également dépendant de soutiens publics français et européens. « C’est une première brique technologique de production de kérosène de synthèse sur lequel nous avons encore des questions réglementaires, techniques et financières pour faire aboutir ce projet. L’idée est d’arriver à une décision finale d’investissement fin 2025 début 2026, de façon à avoir après deux à trois ans de construction pour livrer ce carburant en 2028. On parle d’un investissement de 700 M€, des chiffres qui restent à affiner », précise Hervé Rivoalen.
Logiquement, le projet Take Kair devrait bénéficier de l’infrastructure logistique de l’estuaire de la Loire pour distribuer ses produits et trouvert également sa place au sein du futur Hub CO (ou plateforme CO2) développé par les acteurs économiques de l’estuaire de la Loire.