Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Projet Atinéa : vers l’industrie de demain 

« Les enjeux de la réindustrialisation et de la sobriété foncière » : tel était le thème de la deuxième table ronde proposée le 26 juin par la Sem Oryon lors d’un rendez-vous que nous évoquions la semaine dernière. Il s’agissait cette fois de présenter des solutions visant à soutenir le développement industriel au sein des territoires avec, à l’appui, la présentation d’un projet emblématique au cœur de l’agglomération de La Roche-sur-Yon : la création du pôle Atinéa en lieu et place de la friche Michelin. 

De gauche à droite, Éric Faidy, secrétaire général pour l'Europe du Sud chez Michelin, Philippe Jusserand, directeur régional de La Banque des Territoires Pays de la Loire, Frédéric Lucas, directeur général d'Arcade Cycles, Rollon Mouchel-Blaisot, préfet chargé de la Mission nationale de mobilisation pour le foncier industriel, Pascal Le Liboux, vice-président de Lorient Agglomération, Luc Bouard, président de La Roche-sur-Yon Agglomération (c) IJ

Selon une récente étude, 67 % des intercommunalités[1] déclarent avoir refusé des projets d’implantation économique ou subi des déménagements d’entreprises par manque de foncier économique. À l’heure du zéro artificialisation nette (Zan), la réhabilitation des zones d’activités vieillissantes et le traitement des friches apparaissent comme un enjeu essentiel pour garantir l’accueil et le développement d’entreprises partout en France. C’est d’ailleurs l’un des axes principaux du projet de loi Industrie Verte en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Le texte prévoit de faciliter, favoriser et financer le développement d’une industrie décarbonée en France, en misant tout particulièrement sur la revalorisation des friches industrielles.

« Un potentiel de 90 000 à 150 000 hectares de friches en France » 

« Concilier réindustrialisation et respect de la transition écologique, non seulement, ce n’est pas contradictoire, mais c’est interdépendant. Grâce à ses territoires, la France a la possibilité d’en faire un moteur de développement », estime Rollon Mouchel-Blaisot, préfet chargé de la Mission nationale de mobilisation pour le foncier industriel, citant au passage le discours d’Emmanuel Macron en ouverture du sommet Choose France le 11 mai dernier. D’après le chef de l’État, le pays dispose d’un potentiel de 90 000 à 150 000 ha de friches, et le besoin en terrain des industriels est évalué entre 20 et 30 000 hectares pour les dix prochaines années. Pour cette reconquête industrielle, la Banque des Territoires va investir 1 Md€ sur cinq ans et lancer à la rentrée la nouvelle phase du programme Territoires d’Industrie avec l’ouverture de la plateforme de candidatures dédiée aux territoires souhaitant être labélisés pour la période 2023-2027.

45 M€ sur dix ans  

À La Roche-sur-Yon, ce sont les 20 hectares (dont 60 000 m² de bâtiments) de l’ancien site Michelin, fermé depuis fin 2020, qui s’apprêtent à renaître, pour devenir un pôle d’excellence dédié à la mobilité durable et aux énergies vertes. Le 9 février dernier, les élus de La Roche-sur-Yon Agglomération ont acté le rachat du foncier pour un montant de 9,3 M€. La Banque des Territoires, Michelin et la Sem Oryon se sont associés de leur côté pour créer une société de redynamisation industrielle, la SAS Atinéa[2]. La signature officielle s’est déroulée le 29 juin dernier. Les deux premiers ont investi en fonds propres 12,7 M€, la Sem Oryon 1,2 M€, le reste étant financé par des prêts bancaires. Le projet doit mobiliser 45 M€ sur dix ans. « La Banque des Territoires apporte son expertise, son ingénierie et ses capacités financières. Pour que ce projet soit viable, il fallait un vrai modèle économique pour le piloter. C’est la raison pour laquelle nous avons créé cette société », précise Philippe Jusserand, directeur régional de la Banque des Territoires, qui souligne l’importance d’anticiper pour proposer aux entreprises du « clé en main », une offre locative et acquisitive dans l’optique de développer de nouvelles filières économiques innovantes en faveur de la transformation écologique.

Fermé depuis fin 2020, l’ancien site Michelin de La Roche-sur-Yon s’étend sur 20 hectares, au nord de la ville © D.R

« Un phare pour notre avenir collectif » 

Dès fin 2021, quelques mois après le lancement par l’entreprise Lhyfe de la première usine française de production d’hydrogène vert à Bouin, une station multi-énergies vertes (électricité, biogaz et hydrogène) a vu le jour à l’entrée du site. Propriété du Sydev (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée) et de la Sem Vendée Energie, l’équipement a nécessité un investissement de 3,5 M€.  

À proximité sera transféré en 2027 le dépôt de bus d’Impulsyon, le réseau de transports en commun de La Roche-sur-Yon Agglomération, qui annonce 20 % de sa flotte à l’hydrogène d’ici dix ans. Un espace d’un hectare sera ainsi libéré dans le quartier de la gare. Le groupe Dubreuil doit aussi venir s’installer pour le développement d’une activité dédiée au rétrofit de véhicules utilitaires. « Nous souhaitons que ce site devienne un phare dans la prise en compte de notre avenir collectif, pas seulement pour la Vendée et les Pays de la Loire, mais aussi pour la France », insiste Luc Bouard, président de La Roche-sur-Yon Agglomération.
« Les premiers témoignages sont particulièrement encourageants et l’avenir s’annonce radieux pour ce projet », ajoute Éric Faidy, secrétaire général pour l’Europe du Sud chez Michelin, tout en annonçant d’ores et déjà que le groupe quittera La Roche-sur-Yon dès que le projet aura véritablement démarré. « Atinéa est un projet à mission qui a une durée de vie limitée dans le temps. Nous partirons lorsque nous aurons pleinement contribué à la redynamisation industrielle de la région. »  

Chargé de dépolluer le site et de réaliser des travaux de mise aux normes, le manufacturier français de pneumatiques a dans le même temps engagé 3,7 M€ dans le cadre d’une convention de revitalisation du territoire, afin de contribuer à la création d’au moins 613 emplois, soit le nombre de postes supprimés lors de la fermeture de son antenne yonnaise. 

 

[1] Enquête Intercommunalités de France publiée en octobre 2022

[2] L’acronyme Atinéa signifie « Atlantique, Innovation, Energie, Automatisme »