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[ Rencontre avec ] Yoann Jutel, président d’In Extenso Ouest Atlantique : « Pour être performant, il faut être polyvalent »

Expert-comptable spécialisé dans l’accompagnement des entreprises innovantes, associé chez In Extenso, Yoann Jutel est président de la région Ouest Atlantique (400 collaborateurs et 14 agences en Loire-Atlantique et en Vendée) depuis 2021. Nous avons voulu en savoir plus sur ce « nanto-nantais », comme il se décrit lui-même… Esquisse en une vingtaine de questions.

Yoann Jutel, In Extenso Ouest Atlantique

Yoann Jutel, président d'In Extenso Ouest Atlantique © Benjamin Lachenal

Quelle est votre météo du jour ?

Plutôt ciel bleu. On a une activité qui est bonne, des clients globalement en bonne santé. Même si le climat, le contexte est un peu morose, il faut rester optimiste : on est dans une belle région dynamique. On est vigilants et on essaie d’être le plus réactifs possible lorsqu’il y a des situations qui commencent à devenir précaires, mais pour l’instant on n’est pas encore en vigilance orange, plutôt en vigilance jaune.

Votre devise au bureau ?

Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne peuvent pas se tromper !
J’ai accompagné beaucoup d’entreprises innovantes dont le propre c’est d’essayer. Et quand on essaie ça peut mal se passer. Il faut accepter l’échec, c’est de lui qu’on s’enrichit et donc il faut essayer.

Votre vision du métier d’expert-comptable ?

C’est un métier qui évolue, qui va vivre un tournant avec l’apparition et le développement dans les prochaines années de la facture électronique. On va pouvoir retraduire des données en instant T. Ce qui va nous permettre d’avoir une relation différente avec nos clients, avec plus de conseil, une vision à 360° sur tous les domaines qui les intéressent : activité, patrimoine personnel, salariés…

Une date clé dans votre parcours ?

Mon arrivée, il y a un peu plus de vingt ans, chez In Extenso, qui m’a permis d’évoluer tout au long de ma carrière.

Quel manager êtes-vous ?

Je pense être plutôt à l’écoute et bienveillant, avec l’envie d’accompagner la prise de responsabilité des équipes. On me dit que j’ai un côté « démocrature » sur certains sujets… Je ne sais pas comment le prendre… (sourire) J’ai en effet la volonté d’avoir un avis commun, mais il faut aussi être le phare, montrer le chemin et donc savoir trancher. Choisir c’est renoncer, parfois on n’a pas le choix.

Yoann Jutel, In Extenso Ouest Atlantique

« La dématérialisation va nous aider à mieux accompagner nos clients », estime Yoann Jutel © Benjamin Lachenal

Qu’évoque pour vous le mot « bilan » ?

Si je fais mon expert-comptable, ça m’évoque forcément les comptes annuels… Mais c’est aussi la synthèse d’une vie, d’une carrière. Je fais régulièrement des bilans à la fin de chaque période ou projet pour savoir ce qui a bien et mal fonctionné, afin de prendre des décisions utiles pour que, la fois suivante, ça se passe soit aussi bien, soit encore mieux.

Que mettez-vous derrière le mot « performance » ?

Pour moi la performance évolue par rapport à celle que l’on voyait hier et qui était très économique. Aujourd’hui, elle est beaucoup plus sociétale et globale. Pour être performant, il faut être polyvalent. C’est plus difficile parce que c’est plus large, avec un environnement qui évolue beaucoup plus vite que par le passé. On a moins le temps pour réfléchir, pour prendre des décisions, il faut aller vite.

Quel a été le moment le plus « chaud » de votre carrière ?

Je pense que c’est la pression que l’on a eu au moment où l’on a eu une attaque informatique, en 2021. On ne connaissait pas l’ampleur de cette attaque au départ et rapidement on a été rassurés, mais on a dû prendre beaucoup de décisions, à la fois de court, moyen et long termes. Et c’est arrivé pendant ce que l’on appelle chez nous la période fiscale, qui est un moment intense d’activité. C’était bien de faire partie d’un groupe structuré, qui a les moyens de réagir… Et derrière, on a essayé de faire profiter nos clients de cette expérience.

Que pensez-vous de cette phrase : un dirigeant qui sort est un dirigeant qui s’en sort ?

Je suis d’accord avec cela. C’est le contact avec les autres qui fait que l’on s’enrichit. Les organisations qui favorisent ces rencontres – je pense aux groupes Germe, APM, au CJD et à bien d’autres -, contribuent à faire évoluer le chef d’entreprise, à prendre des bonnes et mauvaises expériences et donc à s’en sortir. Je fais partie d’un groupe APM depuis un an et je trouve les échanges très riches. Par le passé, j’ai fait partie d’un groupe BNI sur la région de Pornic et sur l’innovation il y a aussi beaucoup de réseaux.

Yoann Jutel, In Extenso Ouest Atlantique

« On a moins le temps pour réfléchir, pour prendre des décisions, il faut aller vite », considère Yoann Jutel © Benjamin Lachenal

Avez-vous une passion en-dehors de votre métier ?

En plus de courir après le temps, je cours tout court. J’ai fait un certain nombre de marathons. Mes préférés ont été ceux de Berlin et Chicago. Chicago parce que je ne m’attendais pas du tout à une ville aussi ouverte, j’avais un a priori. Et Berlin, parce que ça m’a replongé dans l’Histoire, avec un parcours qui passe par des endroits très différents entre la partie Est et Ouest.

Quelles sont, selon vous, les trois plus grandes qualités d’un chef d’entreprise ?

Je pense qu’il faut avoir une vision, ça c’est sûr, pour emmener les collaborateurs et associés. Il faut aussi savoir décider. Et puis il y a un mot beaucoup utilisé aujourd’hui, parfois à mauvais escient, qui est la bienveillance envers ceux avec lesquels on travaille. J’y vois l’accompagnement pour progresser et évoluer dans son métier. Plus de la moitié des associés In Extenso sortent de l’apprentissage, c’est important.

À quoi ressemblera votre cabinet en 2030 ?

Notre cabinet, comme les cabinets d’expertise comptable en règle générale, ressemblera à une entreprise de prestations de services, avec plus de conseil qu’aujourd’hui car une partie de la production va continuer à être automatisée. C’est un challenge pour nous de former nos collaborateurs à cette évolution, et toujours en proximité de nos clients. Dans ce cadre, la dématérialisation va nous aider à mieux accompagner nos clients. Je la vois plus comme une opportunité que comme une contrainte.

Quel est votre chantier du moment ?

Il y en a tellement… mais si je dois en choisir un, je dirais les ressources humaines : travailler sur notre attractivité, la fidélisation de nos collaborateurs. On doit être différents et meilleurs que les autres.

Quel est le mot que vous préférez ?

J’aime bien le mot confiance.

Et celui que vous détestez ?

Peut-être l’hypocrisie. Parce qu’il faut être honnête dans la vie.

Terminez cette phrase : Qui veut aller loin…

… S’organise pour être bien accompagné !

Quelle est l’idée reçue attachée à votre métier qui vous agace le plus ?

Ça, c’est très simple ! Dans notre métier, on a l’impression qu’on reste dans un bureau, derrière un ordinateur, toute la journée. Alors que ce n’est plus du tout le cas. Aujourd’hui, les collaborateurs vont chez les clients. Du collaborateur au manager, tout le monde est en mouvement.

Quelle est votre plus grande fierté professionnelle ?

D’avoir su m’adapter à tous les challenges que l’on a pu me proposer. Quand je suis arrivé, on m’a mis très rapidement dans des situations de relation clients. Puis d’aller sur une agence de Pornic qui avait une taille et une culture un peu différente parce qu’elle venait de rentrer dans le groupe. Et d’avoir su revenir sur un site comme celui-ci où l’on est 130 collaborateurs, de trouver de l’osmose entre les associés, les collaborateurs. J’espère que le prochain challenge se passera aussi bien.

La marque employeur, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

C’est véhiculer l’image que l’on souhaite auprès de futurs candidats ou clients, sur tous les axes : formation, RSE…

Êtes-vous ultra connecté ?

Je suis plutôt connecté, mais je me soigne ! Je m’impose des pauses numériques.

Quelle est votre appli préférée ?

Je vais faire un peu de publicité pour un client : Ripple Motion Services. Cette appli s’appelle Essence&Co, pour trouver les stations où le carburant est le moins cher !

Yoann Jutel en 5 dates

1998 : Premier emploi

2001 : Entrée chez In Extenso

2006 : Directeur de l’agence de Pornic

2014 : Retour à Saint-Herblain

2021 : Président de la région Ouest Atlantique