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Crise du Covid : Le recrutement tient le choc

Face au choc économique que génère l’épidémie de covid, notre rédaction a choisi de prendre le pouls de plusieurs secteurs clés. Cette semaine, c’est au tour du recrutement. Nous avons tous en tête les chiffres annonçant un retour du chômage massif ainsi que la baisse du recours à l’intérim. Alors comment les spécialistes du secteur font-ils face ? Témoignages.

Anne Brochard L'étincelle RH

Anne Brochard, Dirigeante de L'étincelle RH © Benjamin Lachenal

Le recours à l’intérim, bon indicateur du niveau global d’activité, a chuté en 2020. De 24% au national selon Prism’emploi, mais avec des écarts plus élevés en Pays de la Loire : -35% dans l’industrie, – 34% dans les services et -29% dans la construction, selon l’étude 2020 de l’agence régionale de la Banque de France. Et -31% en Loire-Atlantique tous secteurs confondus, d’après le baromètre Prism’emploi. De son côté, l’Insee a annoncé un taux de chômage de 8% au quatrième trimestre 2020, au même niveau que 2019, mais qui masque la sortie de nombre de personnes de la comptabilisation de ceux en recherche active d’emploi lors du deuxième confinement.

Alors comment les entreprises spécialisées dans le recrutement ont-elles fait face à ce repli ? Nous sommes allés à la rencontre de quatre d’entre elles, actives depuis de nombreuses années sur notre territoire. Force est de constater qu’elles ont vécu la période de manière inégale, selon leurs secteurs d’intervention.

« DES CUISINIERS DEVIENNENT LOGISTICIENS »

Ainsi, chez Synergie, premier groupe français indépendant de services RH, créé à Nantes en 1969, on constate « une activité largement impactée en Loire-Atlantique avec l’aéronautique quasi à l’arrêt et seulement 1 à 2% d’activité aujourd’hui », selon Vincent Noblet, responsable de la zone Breizh Atlantique (bassin nazairien et sud Morbihan). Sur cette zone, Synergie enregistre une baisse de CA de 30 à 40% : autour de 26 M€ en 2020 contre 40 M€ avant crise.

« Aujourd’hui, ce qui fonctionne dans ma zone, c’est la construction navale, les industries ENR avec la construction des éoliennes et le bâtiment. » Vincent Noblet note de gros besoins dans le bâtiment, mais des difficultés pour trouver les bons profils, en particulier sur les artisans de second œuvre. « Il y a beaucoup d’activité grâce à l’installation de nouvelles familles sur la Presqu’île », explique-t-il. L’agence Synergie de Guérande compte, ainsi, une trentaine d’offres non pourvues pour des qualifications en peinture, plomberie, menuiserie… Idem dans l’industrie, secteur pour lequel il est compliqué de trouver des candidats pour les postes en production. L’agence de Montoir-de-Bretagne comptabilise ainsi une quarantaine de postes vacants, certaines offres étant ouvertes depuis décembre…

Alors, Synergie lance des formations, « une des seules solutions pour trouver ces compétences à court ou moyen terme ». Ces formations ont commencé fin janvier, en partenariat avec Pôle emploi et les entreprises demandeuses. « Il y a deux ans, il y avait tellement d’activité que nous n’avions pas de candidats. Aujourd’hui, nous parvenons à en trouver, notamment des jeunes de moins de 25 ans qui sortent de bac pro et sont très impactés par la crise. Le côté positif, c’est que ce sont des profils intéressants, avec des bases techniques. Mais, comme il n’y a plus d’activité, sans expérience, c’est difficile pour eux de trouver un poste. Nous constatons de bons résultats et nous proposons des CDI intérimaires avec formations qualifiantes dans la foulée. » Aujourd’hui, une quarantaine de stagiaires se trouve ainsi en formation.

Autre phénomène constaté par Vincent Noblet : à l’agence de Guérande, des personnes de la restauration en chômage partiel ont accepté des missions dans l’agroalimentaire ou le nettoyage. « Les candidats sont très motivés, ils veulent travailler et nous avons de bonnes candidatures. On voit qu’ils ont subi la crise et qu’ils veulent s’en sortir. » Chez Synergie, il a aussi fallu rassurer les conseillers : « Beaucoup ont vécu des situations compliquées avec l’arrêt brutal du travail en mars. Ils avaient des projets à financer, des perspectives de postes… En particulier ceux qui travaillaient avec l’aéronautique. On les a formés sur d’autres secteurs. » Mais pas de menaces sur l’emploi dans les agences pour autant. « Le plus dur est passé », estime-t-il.

recrutement

© iStock

Situation similaire pour son collègue Laurent Richard, qui s’occupe, chez Synergie, des bassins d’emplois de Nantes, Pays de Retz, Châteaubriant et Ancenis. « À Nantes, nous avons été très touchés, avec une forte diminution des demandes des gros donneurs d’ordre et une diminution du volume d’intérimaires de 25%. » À l’inverse, le bâtiment tourne bien « avec des effectifs quasi à l’identique aujourd’hui » quand l’industrie est toujours à -30% d’intérim. Sans surprise, l’agroalimentaire a poursuivi son développement et la grande distribution…

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