En 2020, les industriels du grand Ouest publiaient un Manifeste pour une industrie écoresponsable dans lequel ils identifiaient le numérique comme clé de compétitivité de l’industrie du futur. « Les techniques 4.0 recèlent deux grands avantages : l’automatisation des tâches à non-valeur ajoutée sur l’ensemble de l’entreprise et l’analyse et l’accès aux données en temps réel avec un partage d’information accéléré », rappelle Stéphane Jamet.
À l’occasion d’une conférence du Pôle EMC2, le 23 septembre, le consultant en transformation industrielle Stéphane Jamet a soulevé plusieurs problématiques liées à la réussite d’un projet industriel 4.0. Si les salariés sont en général heureux de bénéficier au travail du même niveau de technologie qu’à leur domicile, la digitalisation des outils de production peut aussi entraîner un sentiment de dépossession, chez les opérateurs comme chez les managers. Selon Stéphane Jamet, l’une des clés pour limiter cette perception réside dans la transformation des modalités de reporting, « car, au final, ce sont les managers intermédiaires qui sont les plus touchés par ces nouveaux process ». L’outil numérique, avec ses calculs automatiques, leur permet par exemple de ne plus perdre de temps à faire des tableaux transmis ensuite à la direction. Donc de leur en faire gagner pour travailler sur l’humain et le développement de l’entreprise.
FAIRE ÉVOLUER LES MÉTIERS
« Il convient de faire monter tout le monde en compétences opérationnelles, insiste Stéphane Jamet. Et cela ne peut fonctionner que si ces managers intermédiaires évitent le piège d’un même niveau de reporting avec le digital, c’est- à-dire vouloir contrôler tout ce qu’il se passe en temps réel, tout le temps. Ça, ce sera le rôle des opérateurs qui doivent par exemple avoir sur leurs écrans la possibilité de signaler immédiatement une défaillance. L’essentiel est de chercher la bonne réaction humaine autour de la donnée. »
Autre élément clé : dépasser les freins techniques. Pour le consultant, les fonctionnalités des écrans doivent être simples d’utilisation, avec des instructions claires et un nombre de clics limité, proposer un design agréable, être compatibles en multi-devices et multi-accès (tablettes, ordinateur, smartphone, WIFI, etc.). De son côté, l’infrastructure doit être robuste et rapide.
« Il faut vraiment anticiper les impacts du digital sur l’organisation, faire évoluer tous les métiers de la chaîne de production et se focaliser sur la valeur ajoutée », conclut Stéphane Jamet. Parmi les autres sujets cruciaux à travailler : parvenir à un digital sobre et écologique, sortir des solutions des géants américains pour garantir la souveraineté européenne et développer des applications inclusives afin que tout salarié, par exemple malvoyant, puisse les utiliser.