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Quand la RSE influence les voyages d’affaires

Les vacances sont derrière nous, il est temps de se tourner vers la rentrée. Une période importante de l’année où les voyages d’affaires, notamment les séminaires, représentent un temps fort dans la vie d’une entreprise. Décryptage des nouvelles tendances…

Business Trotter

Chez Business Trotter, 90 % des clients professionnels optent pour un voyage d’affaires à l’étranger. BUSINESS TROTTER

Le tourisme d’affaires, aussi appelé voyage d’affaires, se rapporte aux activités professionnelles exercées en dehors de l’entreprise. C’est un moment clé de la vie d’une société. « C’est l’occasion de lier l’utile à l’agréable dans un cadre différent et de réunir les collaborateurs dans un seul but : la cohésion d’équipe », introduit Nathalie Lizeau, qui a fondé Business Trotter à La Roche-sur-Yon. Dans cette agence, spécialisée dans le tourisme d’affaires et la conception d’événements professionnels sur mesure, 90 % de la clientèle opte pour un voyage d’affaires à l’étranger.


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Destinations exotiques et team building écologique

« Nous observons une nouvelle demande pour des vols moyen-courriers plutôt que des destinations lointaines », poursuit Nathalie Lizeau. Parmi les lieux phares : la Grèce, l’Italie ou l’Espagne. De quoi éviter de grands décalages horaires surtout quand les voyages d’affaires ne durent, en moyenne, que trois à quatre nuits.

Nathalie Lizeau

Nathalie Lizeau a fondé l’agence Business Trotter à La Roche-sur-Yon en 2019. BUSINESS TROTTER

Des changements géopolitiques ont également redessiné la carte du tourisme d’affaires. Si l’Égypte a moins la cote, à l’inverse, l’Asie (Vietnam, Cambodge, Thaïlande), « reconnue pour sa qualité hôtelière », est à nouveau attractive. Business Trotter propose aussi des destinations peu convoitées, comme la Colombie qui pourtant présente des opportunités « tout en se sentant en sécurité » : quartier historique de Bogota, plantations de café… L’agence vendéenne suggère aussi des destinations plus connues mais de manière « revisitée », comme la République dominicaine et le nord de l’île, moins visité. Et parmi les destinations qui pourraient décoller : la Corée du Sud. Mais voyager induit des émissions carbone. Du coup, Business Trotter propose sur place des actions de « compensation » : activités solidaires et humanitaires (dons à des associations…) et des team building écologiques (plantations d’arbres, ramassage de déchets sur les plages…). Preuve que les voyages d’entreprise n’échappent pas aux enjeux environnementaux.

« Donner du sens au voyage d’affaires »

Caroline Beaufils

Caroline Beaufils est à l’origine de Mundaka, la première agence vendéenne (La Tranche-sur-Mer) spécialisée dans la durabilité des événements d’entreprise. MUNDAKA

Les entreprises et leurs salariés prennent conscience que voyager responsable, pour limiter son empreinte carbone, est aussi possible tout en conciliant envies d’évasion et proximité. C’est le credo de Mundaka à La Tranche-sur-Mer, une jeune agence spécialisée dans la durabilité des événements d’entreprise. « Notre volonté : donner du sens aux voyages d’affaires, du sourcing jusqu’aux choix des lieux et des prestataires », précise Caroline Beaufils, la dirigeante. Et d’ajouter : « Une entreprise qui s’est inscrite dans une démarche RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) a tout intérêt à proposer des séjours d’affaires qui soient en cohérence avec ses valeurs. Or, parfois, l’on se rend compte que cette notion n’est pas prise en compte dans les déplacements. Il n’y a donc aucune cohérence avec les valeurs qu’elles affichent à l’extérieur. » Selon elle, il est possible de « marier “paillettes” et “durabilité” et de garantir l’effet waouh ! » Et nul besoin d’aller loin pour être dépaysé. « Les îles (Ré, Yeu, Aix…), le bocage vendéen et son train à vapeur, le littoral, le Marais poitevin et ses rivières sont des destinations dépaysantes », souligne Caroline Beaufils.

Concilier bien-être et voyage d’affaires

Des destinations facilement accessibles par le train sont, du coup, privilégiées. C’est le cas notamment chez Play to Be à Nantes, une agence d’événementiel et de marketing sportif. Dans son catalogue : des séjours qui sont l’occasion de (re)découvrir des sports populaires, comme le Grand Prix de Monaco, le Tournoi des Six Nations, la Champions League, les 24 Heures du Mans… L’agence s’oriente aussi vers de nouvelles disciplines, comme les fléchettes, « un sport encore méconnu en France », note Arthur Terrien, chef de projets événementiels et sponsoring.

24 heures du Mans

Voyages d’affaires lors de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans, en juin 2023, organisé par l’agence Play to Be (Nantes). PLAY TO BE

Autre tendance qui gagne en popularité : concilier bien-être et voyage d’affaires. Caroline Beaufils observe des demandes pour des activités fédératrices, comme la permaculture et les pratiques douces (méditation). Le tourisme d’affaires peut aussi être l’occasion de mettre en pause des habitudes d’hyper-connexion. « Pour un événement en septembre, un client a souhaité organiser un temps de déconnexion totale via des ateliers de yoga ou de sylvothérapie, une pratique de soin au contact des arbres », illustre de son côté Nathalie Lizeau.

« Nos voyages d’affaires ont du sens »

Localisé à Nantes et Montaigu, le spécialiste de la construction modulaire Synerpod (769 k€ de CA en 2023) organise, trois à quatre fois par an, des voyages d’affaires de deux jours à destination de ses onze collaborateurs et de ses clients. Le prochain aura lieu en novembre. « Nous souhaitons profiter de ces moments privilégiés pour mieux nous connaître », affirme Sébastien Fournier, son président. « L’entreprise s’est créée autour d’une politique RSE très forte. Si l’on veut être cohérents, il faut que ces voyages aient du sens. » L’entreprise organise notamment des séjours sportifs. Mais pas question d’aller voir un match à l’autre bout de l’Europe. « Nous privilégions des événements dans un rayon de deux heures autour de Nantes et mettons en place des solutions de co-voiturage pour nous y rendre. De même, pas question d’assister à des courses automobiles mais plutôt d’opter pour des sports collectifs (rugby, handball…) en adéquation avec nos valeurs. »