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Pourquoi la logistique nantaise doit s’urbaniser

L’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran) a consacré une synthèse aux enjeux fonciers et immobiliers de la logistique. Si le secteur a été négligé pendant des années, la crise sanitaire a révélé toute son importance et il est désormais au centre des préoccupations des élus et riverains. C’est pourquoi cette reconnaissance s’accompagne de défis à relever et de solutions innovantes à déployer pour une intégration harmonieuse dans un tissu urbain dense.

La question de la gestion des livraisons en centre-ville est désormais au cœur des préoccupations des décideurs publics et des riverains. ©IJ

La question de la gestion des livraisons en centre-ville est désormais au cœur des préoccupations des décideurs publics et des riverains. ©IJ

Quelle place pour la logistique sur la métropole nantaise à l’heure du Zéro artificialisation nette (Zan) ? Quelles solutions foncières et immobilières pour une meilleure intégration de la logistique dans le tissu urbain ? Comment trouver un meilleur équilibre entre les besoins logistiques, la préservation de l’environnement et l’utilisation raisonnée des ressources foncières du territoire ? Autant de questions auxquelles la dernière synthèse de l’Auran tente d’apporter un éclairage.

Premier enseignement : la logistique est désormais au centre des préoccupations à Nantes alors qu’elle était autrefois sous-estimée. En effet, la crise sanitaire mondiale a propulsé ce secteur dans la lumière, mettant en évidence de nouveaux enjeux et une série de défis à relever, notamment urbains, dans un contexte de croissance exponentielle de la logistique nantaise. Les méga-entrepôts sont notamment pointés du doigt pour leur impact sur l’artificialisation des sols. Le ballet incessant des véhicules de livraison en plein cœur de la ville est quant à lui à l’origine de congestions et de nuisances sonores. Des sujets de préoccupation aussi bien pour les autorités que les citoyens. Faute d’action territoriale proactive, ces problèmes risquent de s’accentuer, alimentés par la croissance continue du commerce en ligne.

Un besoin de 60 hectares de foncier supplémentaire

La synthèse de l’Auran se penche également sur l’impact du secteur sur le foncier nantais. Une cartographie détaillée des sites logistiques existants révèle cinq grandes zones stratégiques sur la métropole : la route de Paris à Sainte-Luce, Agropolia à Rezé, le secteur de l’aéroport, celui du port, et enfin le secteur de la N444, à cheval sur Couëron et Saint-Herblain. Historiquement éloignées des zones résidentielles, ces zones voient aujourd’hui leur proximité avec les quartiers d’habitation augmenter. Le foncier logistique occupe déjà environ 580 hectares, soit 10 % du foncier des parcs d’activités économiques.

Dans l’hypothèse où les besoins logistiques augmenteraient proportionnellement à la population, Nantes Métropole pourrait avoir besoin d’environ 10 % de surfaces logistiques supplémentaires à horizon 2030, soit 60 hectares de foncier, l’équivalent d’une nouvelle zone d’activité de taille moyenne (comme Cheviré amont) entièrement dédiée à la logistique. Un chiffre qui illustre l’importance des aspects fonciers et de leur anticipation, voire de leur sécurisation.

Vers un développement des entrepôts à plusieurs étages

Parmi les solutions innovantes à déployer pour une intégration plus harmonieuse de la logistique dans un tissu urbain dense, « le développement d’entrepôts logistiques à plusieurs étages, d’hôtels logistiques, ainsi que la libération de ressources foncières par la densification des zones d’activité émergent comme des stratégies prometteuses ». Des moyens qui, a priori, permettront d’anticiper la croissance future du secteur tout en minimisant son impact sur l’environnement.

Incitation aux véhicules propres et régulation de la circulation

Autre enjeu phare du secteur identifié par la synthèse de l’Auran : la décarbonation du transport. En effet, la transition vers des motorisations alternatives et des modes de transport moins polluants semble essentielle pour répondre aux enjeux environnementaux. Les pistes envisagées sont « la régulation de la circulation des véhicules de transport de marchandises, les incitations aux véhicules « propres », ainsi que le développement de modes de transport écologiques tels que la cyclo-logistique et le transport fluvial ».

Enfin, sur l’épineuse question de l’intégration urbaine, l’essor des livraisons en ville incite le secteur à repenser l’intégration des entrepôts dans le tissu urbain dense. Parmi les pistes à explorer, l’agence d’urbanisme évoque « la création de micro-entrepôts relais en centre-ville, la conversion d’espaces délaissés, et une meilleure anticipation des besoins logistiques liés aux projets urbains ».

« Si la tentation peut être grande de laisser s’éloigner les entrepôts logistiques de l’agglomération, les objectifs de lutte contre le changement climatique et l’artificialisation des sols imposent au contraire de mieux intégrer ces activités en zone urbaine, conclut la synthèse. Préserver les grandes zones logistiques, anticiper la croissance future, décarboner le transport et intégrer harmonieusement la logistique dans la ville de demain apparaissent comme les clés pour assurer une croissance durable du secteur. »

Les chiffres clés du secteur logistique à Nantes Métropole.

Les chiffres clés du secteur logistique à Nantes Métropole. ©Auran