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Pays de la Loire : « Un territoire de résilience plus forte »

Si les voyants de l’économie ligérienne sont globalement au vert selon Simone Kamycki, directrice régionale de la Banque de France, et Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire, certains secteurs souffrent de la conjoncture, comme la restauration et la construction de logements neufs. Néanmoins, les perspectives 2023 et 2024 pour les Pays de la Loire restent meilleures qu’à l’échelle nationale.

Pour Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire, et Simone Kamycki, directrice régionale de la Banque de France, les voyants restent globalement au vert pour l’économie ligérienne.

Pour Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire, et Simone Kamycki, directrice régionale de la Banque de France, les voyants restent globalement au vert pour l’économie ligérienne.

Interrogée sur l’état de santé des entreprises ligériennes lors de la “Matinale de l’éco”, le 11 octobre dernier à la CCI de Nantes, la directrice régionale de la Banque de France, Simone Kamycki, a été rassurante : « Elles vont globalement bien et l’activité économique des Pays de la Loire est toujours aussi résiliente. Le premier semestre 2023 s’est terminé sur de bons résultats et cette situation favorable nous permet d’anticiper un deuxième semestre de la même teneur. Ce qui laisse entrevoir une année 2023 de bon augure. »

Une analyse partagée par Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire : « Nous avons effectivement un territoire de résilience plus forte, avec de meilleures perspectives sur 2023 et 2024 qu’à l’échelle nationale. C’est le fruit d’une stratégie territoriale économique plurielle. Comme la croissance mondiale reste soutenue, les entreprises ayant des vocations internationales comme les Chantiers de l’Atlantique, Airbus, Manitou ou Lacroix constituent des locomotives, qui tirent derrière elles de nombreux sous-traitants et créent de l’emploi. »

 

Des perspectives prometteuses dans le médical et les biotechs

Yann Trichard s’est également félicité de l’arrivée de Génération à Saint-Nazaire, avec 200 recrutements lancés : « Cette mutuelle est venue sur le territoire car on cible des entreprises dans des domaines complémentaires. Typiquement, Saint-Nazaire est un territoire industriel où l’on cherchait à implanter des services. Ces 200 emplois créés vont contribuer à réduire une partie du chômage sur place tout en améliorant cet équilibre territorial. »

Pour le renforcer davantage, le secteur médical semble également porteur, a souligné le président de la CCI : « Avec 1,2 Md€ d’investissement prévus pour le futur CHU mais aussi le développement de tout le quartier de la santé à Nantes, notamment dans les biotechs, le médical est un domaine où l’on performe et sur lequel il reste encore de la place. »

 

Restauration et construction de logements neufs à la peine

Cet état des lieux optimiste a néanmoins été pondéré par Nicole Kamycki : « Il s’agit d’une vue globale de la situation et certains secteurs ne sont pas épargnés par la crise. Notamment la restauration et la construction de logements neufs. Ce qui peut paraître paradoxal, car l’hôtellerie et les travaux publics s’en sortent plutôt bien. » L’explication est simple selon la directrice régionale de la Banque de France : « Les priorités des ménages évoluent. Par exemple, ils continuent de partir en vacances, mais sur des périodes plus courtes. Les trains et les hôtels sont pleins, mais plus les restaurants. »

« Les baisses de mises en chantier de logements neufs sont très importantes, a complété Yann Trichard. Le problème va être amené à se durcir car Nantes et la Loire-Atlantique sont très attractifs, avec un solde migratoire important (entre 16 000 et 19 000 personnes en plus par an en Loire-Atlantique, NDLR). Cette pression sera d’autant plus forte qu’il y a eu peu de ventes de logements neufs sur ce premier semestre. »

Dans ce contexte d’augmentation des taux d’emprunt, les ménages qui voulaient acheter ont reporté leur projet. « Ils ont réagi en vidant leurs comptes de numéraire pour alimenter l’épargne réglementée (livrets A principalement, NLDR), précise Nicole Kamycki. La bonne nouvelle, c’est que cette manne financière ressortira à un moment donné et qu’il faut certainement s’attendre à un effet rebond après cette crise. »

 

Des taux de marge en baisse

Cette matinale a ensuite été l’occasion d’évoquer la problématique « des taux de marge en baisse ». Selon la dernière enquête de conjoncture de la CCI1, 59 % des établissements du CHR ont effectivement vu leur marge reculer, 48 % des commerces de gros mais aussi 48 % des commerces et services aux particuliers.

Plusieurs explications à cela selon Yann Trichard : « L’inflation, les hausses de salaire, le coût des matières… Dans ce contexte, les entreprises n’ont pas réussi à répercuter ces hausses dans leurs contrats annuels. Un phénomène qui devrait se tasser dès janvier 2024, date où les contrats annuels seront renégociés.»

 

Des tensions sur les trésoreries et des défaillances en progression

Conséquence directe de cette baisse de marges, « on constate quelques tensions sur les trésoreries des entreprises, poursuit la directrice régionale de la Banque de France. Vu qu’elles ont épuisé leurs PGE, elles ont des besoins de financements à court terme plus importants, notamment en fonds de roulement pour financer les stocks et les délais de paiement entre clients et fournisseurs. »

Ces tensions de trésorerie sont parfois à l’origine des défaillances d’entreprises, dont le nombre est en progression de 40,2 % en glissement annuel à fin août dans les Pays de la Loire (42,1 % en France). En nombre, elles restent inférieures de 15 % à la moyenne constatée entre 2010 et 2019.

 

Inflation : un retour à 2 % d’ici 2024-2025

Ultime élément abordé par Simone Kamycki, l’inflation : « On s’inscrit toujours dans une politique de baisse et on devrait revenir d’ici 2024-2025 à l’objectif de 2 % que s’est fixé la Banque centrale européenne. » Si la directrice de la Banque de France régionale assure qu’on devrait terminer l’année 2023 à 4,5 % d’inflation, elle ne s’engage en revanche pas sur l’évolution des taux d’emprunt : « Ils n’augmenteront que s’il y en a vraiment besoin ! »

 

Les tensions de recrutement en net recul

Concernant les difficultés des entreprises ligériennes, les tensions de recrutement sont en net recul. Alors qu’elles étaient la première préoccupation des entreprises il y a six mois, elles sont passées à la quatrième position. C’est désormais la hausse du prix de l’énergie qui est leur première préoccupation, devant l’augmentation des matières premières et la baisse du carnet de commandes.

1 Enquête de la CCI réalisée du 28 août au 12 septembre auprès de 1 244 entreprises de Loire-Atlantique.