Couverture du journal du 07/07/2025 Le nouveau magazine

Patrick Rangeard, PDG de la confiserie Pinson : « Notre point fort ? L’indépendance ! »  

Le berlingot nantais est aussi vendéen. Née dans la Cité des Ducs il y a près d’un siècle et demi, la confiserie Pinson, installée depuis 2011 à Boufféré, dans le nord du département, perpétue un savoir-faire historique, tout en cherchant en permanence à innover pour suivre l’évolution du marché et se démarquer. À quelques jours de Noël, Patrick Rangeard, son dirigeant, nous a ouvert les portes de sa fabrique à gourmandises.

Patrick Rangeard, confiserie Pinson

Patrick Rangeard, confiserie Pinson © Benjamin Lachenal

Pouvez-vous rappeler la genèse de la confiserie ?

Son histoire est liée au passé colonial de la ville de Nantes. L’entreprise est en effet issue de la fusion de deux confiseries nantaises fondées à la fin du XIXe siècle par les familles Bonté et Pinson (1860 et 1895, NDLR), qui se sont développées grâce au succès du berlingot, inspiré d’une friandise venue d’Italie. À l’époque, on comptait une dizaine de confiseries implantées à proximité du canal Saint-Félix, l’ancien port de la ville, où débarquait le sucre en provenance des îles. Les confiseries Pinson et Bonté sont les seules à avoir subsisté après la Seconde Guerre Mondiale, les autres ayant fait faillite, ou été détruites dans les bombardements. C’est en 2006 que les deux dirigeants, Pierre-Olivier Bonté, arrière-petit-fils du fondateur, et Éric de Chaillé ont décidé de fusionner pour créer la confiserie Bonté-Pinson, avant de réunir les deux entités à Saint-Herblain, sur un même site, acquis quelques années plus tôt par Éric de Chaillé (repreneur de la confiserie Pinson en 1999, NDLR).

Quel a été votre parcours avant de reprendre l’entreprise en 2007 ?

J’ai grandi aux Herbiers. À l’âge de 18 ans, après avoir obtenu mon bac, je n’avais aucune idée de ce je voulais faire. Mon père, alors commercial dans l’alimentation animale, a proposé au couple fondateur de La Boulangère, Jean et Marie-Denise Fillon, qu’il connaissait bien, de m’embaucher. J’ai ainsi rejoint la société en 1985, peu de temps après sa création. Nous n’étions qu’une dizaine de personnes et tout le monde était multitâches. Moi, je m’occupais principalement de la partie commerciale. J’ai appris sur le tas. Je suis véritablement un autodidacte. Je suis resté pendant 20 ans au sein de l’entreprise que j’ai vu évoluer. De mon côté, j’ai gravi les échelons, en devenant directeur commercial puis directeur général adjoint. Quand je suis parti en 2007, La Boulangère comptait environ 800 collaborateurs et trois sites de production. Ils sont aujourd’hui près de 2 500, répartis sur sept sites.

Pourquoi avez-vous décidé de partir ?

Alors que j’étais devenu le dernier représentant de l’équipe originelle, j’ai senti que ma parole avait en quelque sorte trop de poids et que les personnes autour de moi ne se sentaient pas libres de s’exprimer. On voyait en moi un pilier rassurant, mais dans le même temps, cela commençait à être lourd à porter. Par ailleurs, en devenant numéro deux, j’étais beaucoup moins dans l’opérationnel. À la tête d’une équipe d’une quinzaine de cadres, je déléguais beaucoup. Le travail sur le terrain me manquait. Enfin, je savais que la suite logique était de devenir numéro un et je pense que je n’aurais pas été en mesure de continuer à faire progresser l’entreprise pour l’emmener au niveau où elle est maintenant. J’estime qu’il faut être conscient de ses limites. Aujourd’hui, je ne suis pas tout seul à la tête de l’entreprise. Je suis en effet entouré d’un comité de direction constitué de six cadres. Même si c’est mon rôle de prendre la décision finale, ils s’investissent au quotidien à mes côtés pour proposer des idées nouvelles et répondre à certaines interrogations.  

Comment avez-vous été amené à reprendre la confiserie ?

Après mon départ de La Boulangère, j’ai ressenti un vide et j’ai rapidement eu envie de repartir dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. Je ne souhaitais pas créer ma propre entreprise, mais plutôt en racheter une grâce au capital que j’avais cumulé en étant actionnaire d