Couverture du journal du 02/07/2025 Le nouveau magazine

« On a repris notre rôle de relai »

À ceux qui classaient déjà l’expertise-comptable parmi les professions sans avenir, la crise liée au Covid-19 leur envoie une réponse sans ambages. Co-gérant de TGS France et président de l’Ordre régional des experts-comptables, Jean-Paul Ménager revient sur le rôle clé de l’interlocuteur principal des entreprises durant cette période chaotique.

Comment définiriez-vous le rôle des experts-comptables depuis le début de cette crise ?

Nous sommes le premier réseau de conseil auprès des TPE-PME. Sur la région, nous comptons 930 confrères, 7 200 salariés. À ce titre, nous avons naturellement été très impliqués dans l’accompagnement du tissu économique.

En temps habituel, cette période est le moment où l’on arrête les comptes d’environ 40% des entreprises et où l’on effectue la déclaration annuelle. C’est une période d’activité très forte. Mais cette activité a été fortement perturbée par le Covid-19. On a dû prendre la mesure de l’urgence pour nos clients avec l’interdiction administrative d’activité pour certains et beaucoup d’autres qui ont été contraints de s’arrêter. Immédiatement derrière, il a fallu leur permettre de faire face aux premières échéances de salaire. Puis, très vite, on a eu le Prêt garanti par l’État (PGE)… tout est arrivé en même temps !

Il nous a fallu entre 8 et 15 jours pour nous réorganiser. Si je prends l’exemple de mon groupe, en une demi-journée les collaborateurs ont pu travailler depuis chez eux. Mais il y a des cabinets moins bien outillés en matière digitale… 
Il faut bien imaginer que si, nous les cabinets, n’étions pas tous préparés à travailler à distance, on s’est vite rendu compte que les administrations non plus ! Alors que plus de la moitié des salariés français se sont retrouvés en activité partielle, les services de l’État n’étaient pas prêts à recevoir toutes ces déclarations.

On a vécu et on vit encore une période exceptionnelle, avec exactement les mêmes contraintes que nos entreprises : des salariés en arrêt ou travaillant dans des conditions difficiles. On a surtout voulu, pendant cette période, accompagner nos clients pour leur survie et on a mis de côté la production. Les décisions arrivaient au fil de l’eau, parfois en se contredisant. Ça a mis beaucoup de temps à se stabiliser et il fallait donner la bonne information pour le bon client. 

Petit à petit tout ça se régularise, nous permettant de reprendre une activité de production comptable et fiscale plus importante.

Quel bilan faites-vous de cette période hors normes ?

On se posait la question depuis quelques années de l’avenir de l’expert-comptable, avec l’automatisation des tâches. Mais notre profession, qui travaille beaucoup dans l’ombre, a démontré son utilité. Les témoignages de nos clients montrent qu’ils se sont sentis accompagnés. La profession a mis en place très vite au niveau régional un mail spécifique, pour nos clients mais aussi pour les entreprises qui n’ont pas d’expert-comptable. Ensuite, les collaborateurs des cabinets ont eu une démarche proactive, en contactant rapidement les clients par téléphone et par mail. On ressort de cette période avec une proximité renforcée.

Il y a un autre point important, c’est le rôle de la profession auprès des pouvoirs publics et des administrations durant cette période : on a repris notre rôle de relai. On est rentré très vite dans tous les groupes de travail organisés par les services de…