En 1963, Salvador Dali ressent à la gare de Perpignan une « extase cosmogonique ». Deux ans plus tard, le peintre revient dans ce lieu et le décrète officiellement centre du monde. Dali inscrit cette gare, et s’inscrit lui aussi — dans la tradition des omphalos grecs dont le plus célèbre figurait à Delphes — ces pierres de nombril du monde qui affirment que le centre est partout. À l’image de cette gare, Nantes s’affirme aujourd’hui comme un épicentre du design sur la scène internationale.
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D’autant plus que l’École de design Nantes Atlantique accueillera la conférence internationale du design Cumulus 2025. Premier réseau d’écoles d’art, design et média au monde, Cumulus célébrera ses trente-cinq années d’existence à Nantes du 3 au 7 juin 2025 sur le thème « Ethical Leadership : A New Frontier for Design » et la capacité des designers à conduire les transitions nécessaires pour habiter un monde transformé par de nombreuses inconnues. Cinq cents participants sont attendus représentant près de quatre cents établissements internationaux. Une occasion unique d’inscrire Nantes sur la carte mondiale du design et des industries créatives.
Le design, pionnier des innovations futures
Vaste sujet que le design : « Le mot est en train de devenir aussi englobant que poésie ou philosophie », estime Christian Guellerin, directeur de l’École de design Nantes Atlantique. Aujourd’hui, cette notion a évolué, s’adaptant aux défis contemporains tels que la révolution digitale, l’intelligence artificielle et les enjeux de développement durable. Le design s’étend désormais à toutes les dimensions de la société : consommation, économie, politique, éthique, écologie et intervient dans l’architecture d’intérieur, l’aménagement d’espaces publics et privés ainsi que dans des domaines tels que la scénographie et le graphisme.
Forte de cette évolution, l’école nantaise a su prendre le virage du digital en développant des filières autour des métiers de l’interface, allant des tablettes aux réfrigérateurs connectés, ainsi que dans le graphisme. Elle couvre également le design de l’espace, incluant l’architecture d’intérieur et la scénographie. En étant l’une des premières à s’investir dans l’apprentissage, l’établissement affirme ainsi sa volonté de positionner les futurs designers au cœur des enjeux entrepreneuriaux.
Pour l’année scolaire 2024-2025, l’école accueille 2 570 étudiants et renouvelle son modèle pédagogique, en particulier pour son diplôme de design Bac+5. Et cela afin de préparer ses étudiants à la prise des responsabilités croissantes au sein des entreprises dans les nouveaux contextes géopolitiques, socio-économiques et technologiques. Elle lance également deux formations novatrices : l’une à Laval, axée sur le design immersif, et l’autre en collaboration avec Sciences Po Rennes, interrogeant en mode projet la place du design dans les politiques publiques.
Des designers leaders du monde de demain
Outre ses anciens célèbres tels que Ionna Vautrain, Guillaume Delvigne, Jean-Christophe Naour (le designer numérique de Renault), l’employabilité de ses diplômés est particulièrement élevée, ces derniers s’intégrant aisément dans le monde professionnel. Mais ici, on revendique surtout la dimension internationale. Christian Guellerin se montre fier des campus que Nantes Atlantique a développés à l’étranger. L’Institut franco-chinois de design, situé près de Shanghai, et l’École de design d’Afrique de l’Ouest au Bénin participent à cette ambition. « Elles font rayonner le savoir-faire et l’exception culturelle française », tient à rappeler Anne Brochard, sa présidente.
Car la véritable plus-value de l’école réside dans les semestres proposés à l’international dans des établissements partenaires en Inde, au Brésil ou au Canada. Ces expériences permettent aux étudiants d’explorer des problématiques locales tout en répondant à des enjeux globaux. Shanghai, Hangzhou, São Paulo, Montréal, Cotonou… Avec son École de design, Nantes s’exporte aux quatre coins du monde. À l’instar de la gare de Perpignan dans l’univers surréaliste de Dali, qui fait référence à un centre immatériel, Nantes pourrait bien s’imposer comme le nouveau centre mondial du design.