Sur l’écran, dans une intervention vidéo enregistrée, l’ancien athlète Stéphane Diagana pose un constat irréfutable. « En 200 ans, notre niveau d’activité a été divisé par huit. Il s’agit d’un changement de mode de vie brutal aux conséquences sanitaires et économiques désastreuses. C’est un problème majeur de santé publique car la science démontre un peu plus chaque jour que le mouvement est essentiel à notre santé physique et mentale. Il y a donc urgence à reconquérir ce mouvement et à réduire notre sédentarité dans tous nos temps de vie : dans nos loisirs, dans notre mode de transport et au travail. » Actuel ambassadeur sport-santé pour Harmonie mutuelle, le champion du 400 mètres haies résume ainsi parfaitement la raison d’être de la soirée organisée par le Medef Vendée, à Saint-Jean-de-Monts, le 8 septembre dernier : donner envie de faire du sport en entreprise et soutenir les entreprises vendéennes dans cette démarche.
« En termes de marque employeur, poursuit Stéphane Diagana, le développement d’une politique sport-santé impacte positivement l’image de l’entreprise. En effet, 91 % des salariés du privé considèrent que la pratique sportive contribue à leur bien-être1. 78 % d’entre eux se disent prêts à consacrer du temps libre à de la pratique sportive organisée par leur entreprise. Ils sont autant à considérer que cela constitue un facteur d’attractivité pour l’entreprise. » Mais pourquoi et comment le sport peut-il nourrir la marque employeur et être un levier de performance économique ?
Des valeurs en commun
Pour Jean-René Bernaudeau, dirigeant de la société Vendée cyclisme et manager général de la Team Total Energies, le sport porte des valeurs fortes que l’on retrouve en entreprise. « Il est source de dynamisme, de ténacité, de rigueur et d’humilité. Plus il y aura de collaborateurs qui feront du sport, plus vous aurez des salariés motivés qui seront heureux d’être là le lundi matin pour faire avancer votre entreprise. »
Alexis Robichon acquiesce. Licencié au club d’athlétisme de La Roche-sur-Yon (ACLR) en marche athlétique, il a toujours concilié le sport de haut niveau avec sa vie d’étudiant puis de salarié. « C’est un sacré challenge. La marche athlétique est un sport ingrat : le moindre écart se paie. Il ne faut rien lâcher, toujours aller de l’avant pour performer. Des qualités essentielles qui me servent aujourd’hui dans mon métier de commercial. Je vends des produits d’hygiène, un secteur concurrentiel. En sport, la ténacité, c’est dépasser l’adversaire et aller le plus loin possible. Dans le commerce, c’est de récupérer des parts de marché. »
« Le meilleur anxiolytique et antidépresseur »
Le sport peut aussi nourrir la marque employeur grâce à ses bienfaits sur la santé et le mental des collaborateurs. C’est l’avis de Patrick Vitel, psychologue du sport et psychothérapeute. « L’activité physique, c’est le meilleur anxiolytique et le meilleur antidépresseur, n’a-t-il cessé de marteler tout au long de son intervention. Dans un monde qui va vite, on ne prend plus le temps de vivre et de faire attention à son corps et tout ceci génère du stress et de l’anxiété. Or, le sport aide à évacuer notre mal-être, à améliorer l’estime de soi et sa confiance en soi. »
Pour Thierry Pigeanne, pneumologue sablais, la bonne nouvelle, c’est que « si l’on reprend une activité physique sportive, on améliore de façon très importante son capital santé et sa qualité de vie. Une étude menée auprès de 480 000 américains et publiée en 2020 montre de façon indiscutable que l’activité physique et sportive augmente la durée de vie de 30 %. »
Un impact positif sur la productivité
Cinq ans plus tôt, le Medef national avait publié une étude sur l’impact de la pratique sportive sur la productivité des collaborateurs en entreprise. Ces chiffres ont récemment été actualisés.
« Les bienfaits du sport pour le salarié, c’est une réduction de ses dépenses de santé, une hausse de son espérance de vie et un recul de l’âge de la dépendance, rapporte Éric Ingargiola, animateur du Comité sport et Paris 2024 au Medef national. Pour l’entreprise, comme le collaborateur se porte mieux, il augmente sa productivité entre 4,5 et 7,9 %. L’entreprise améliore sa performance, enregistre une baisse de turn-over et une réduction de l’absentéisme. Ses effets sont mesurables dès la première année. En résumé, le sport agit sur la motivation et la sérénité du collaborateur, sur ses aptitudes physiques et donc sur sa capacité à produire. »
Faciliter la pratique sportive
Face à tous ces bienfaits, de plus en plus d’entreprises mobilisent leurs salariés autour de la pratique sportive. Lors de cette soirée du Medef Vendée, Catherine Migné, présidente de la Ligue régionale du sport en entreprise (FFSE), a mis en avant une initiative inter-entreprises originale : la Plat’forme. Son principe : « Proposer aux salariés d’un territoire des activités sportives entre 12h et 14h, proches de leur entreprise et d’une durée de 45 minutes, pour leur laisser le temps de prendre une douche et de déjeuner rapidement, avant de retourner au travail. » Né il y a deux ans à Pontchâteau (Loire-Atlantique), le concept a débarqué à Saint-Jean-de-Monts à la rentrée 2022. À ce jour, la structure associative baptisée Monts sport d’entreprise propose quatre créneaux d’activité chaque semaine, de septembre à juin et plus d’une douzaine de disciplines différentes au fil de la saison (paddle, tir à l’arc, marche aquatique ou nordique, golf…). Coût pour le salarié : 190 € dont 40 € de licence-assurance. « Nous encourageons l’employeur à prendre en charge une partie des frais, généralement la licence a minima », conclut Catherine Migné.