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[ Loire-Atlantique ] Une main tendue aux artisans en difficulté

Face aux défaillances qui s’annoncent, la Chambre de métiers de Loire-Atlantique et l’association EGEE montent au créneau et proposent d’aider les artisans en difficulté en les épaulant rapidement, gratuitement et en toute confidentialité.

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(De gauche à droite) Yves LECHAT (association EGEE), Jean-Louis Le GUILLOUX (EGEE), Mélissa GARNIER (Ô Goût Nature), Philippe BELY (CMA) et Gabriel AOUSTIN (Objec’tif coiffure). © CMA

C’est un message qu’il faut sans cesse répéter : plus un chef d’entreprise confronté à des difficultés demande rapidement de l’aide, plus il a de chances de s’en sortir… par le haut.

C’est, en substance, le message qu’ont souhaité faire passer la Chambre de métiers de Loire-Atlantique et l’association EGEE (Entente des générations pour l’emploi et l’entreprise) à l’occasion d’un point presse commun le 17 mai. « Il faut absolument détecter le plus rapidement possible ces artisans en souffrance dont le réflexe est de se dire : ‘‘Je vais me refaire’’», souligne Philippe Bely, président de la CMA 44.

On n’est pas là pour juger, mais pour écouter, informer, conseiller.

Anticipant la montée des défaillances annoncée dans les prochains mois par le tribunal de commerce de Nantes, les deux entités ont souhaité rappeler aux artisans qu’elles se tiennent à leur disposition pour les soutenir et les orienter gratuitement. Et pour ce faire, depuis février, elles ont mis en place SOS Artisan, un dispositif de prévention guidé par un maître mot : réactivité. C’est en effet l’un des points forts de cette main tendue : l’engagement de répondre sous 48 heures.

Une charte de confidentialité

Accessible par téléphone ou par mail (lire l’encadré), le dispositif permet dans un premier temps de bénéficier d’un pré-diagnostic effectué par téléphone par un conseiller de la CMA. Objectif : comprendre rapidement la situation de l’entreprise et de son dirigeant et identifier les points de vigilance, tant pour l’activité que pour le dirigeant qui peut être en grande souffrance. « Nous essayons de calibrer la demande en faisant un état des lieux avec le chef d’entreprise et en évaluant le niveau d’urgence », précise Xavier Huteau, conseiller en développement économique à la chambre de métiers. En fonction des besoins, l’artisan est ensuite dirigé vers un des membres bénévoles d’EGEE pour la partie gestion d’activité. Ces seniors, anciens chefs d’entreprise ou cadre dirigeants, sont à même d’accompagner le dirigeant, sans ingérence et – ce qui est primordial – en toute discrétion. « La première chose que nous faisons, c’est d’établir une charte de confidentialité », précise d’ailleurs Yves Lechat, conseiller EGEE. Il explique ensuite le mécanisme du dispositif. « Nous abordons les personnes qui s’adressent à nous avec trois questions : est-ce qu’on peut sauver l’entreprise ? Est-ce qu’on peut la faire aider financièrement ? Et en dernier ressort : est-ce qu’on ne doit pas cesser l’activité et alors, comment aider les entrepreneurs à rebondir ? En fonction des réponses, on essaie de construire avec elles un plan d’action et on leur demande si elles souhaitent qu’on les suive dans le temps. »

La chambre consulaire et l’association ont reçu 38 demandes depuis le début d’année. C’est autant que pour toute l’année précédente et elles s’inquiètent des chiffres élevés de créations de microentreprises, plus fragiles par nature car moins formées et accompagnées. « Certaines personnes n’ont pas une vision claire de ce qui se passe, on est aussi là pour les y aider. » Et le conseiller EGEE de souligner : « On n’est pas là pour juger, mais pour écouter, informer, conseiller. »

Confrontée à la crise sanitaire

Et parce que rien n’est plus parlant pour un artisan que le témoignage de ses pairs, la CMA et EGEE ont fait parler deux chefs d’entreprise qui ont bénéficié du dispositif : Gabriel Aoustin, gérant d’Objec’tif coiffure et Mélissa Garnier, créatrice d’Ô goût nature. Cette dernière a lancé son activité de vente de fruits et légumes déshydratés à Nantes en mai 2019. Confrontée rapidement à la crise sanitaire, la jeune structure a été entravée dans son développement et se retrouve aujourd’hui en liquidation judiciaire. La jeune entrepreneure regrette d’avoir eu connaissance trop tard de l’accompagnement proposé à la CMA. « J’ai vu la chambre de métiers comme une administration, et non comme un soutien possible et je n’ai pas non plus eu l’information par l’incubateur et mon expert-comptable », analyse-t-elle avec le recul. Ce qui n’est pas le cas de Gabriel Aoustin. Cet artisan coiffeur nantais, qui était propriétaire de deux salons, a été victime d’une grave erreur médicale. Dans l’incapacité de travailler pendant plus d’un an, il a actionné tous les leviers possibles, dont celui de la chambre de métiers qui l’a aidé à se battre sur différents fronts. Il est aujourd’hui sorti du plan de continuation dans lequel son EURL avait été placée, même s’il a dû se résoudre à se séparer d’un de ses salons. Et il envisage désormais l’avenir avec confiance.