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Les Sables d’Olonne misent sur l’économie bleue

«Économie Bleue : l’innovation maritime se dessine aux Sables d’Olonne», tel était le slogan de l’appel manifestation d’intérêt (AMI) porté notamment par le Pôle Mer Bretagne Atlantique et Les Sables d’Olonne Développement. Les entreprises lauréates, présentées officiellement le 7 juillet dernier vont pouvoir développer leurs projets innovants et écologiques dans le port vendéen, et ainsi ouvrir la voie à la création d’un pôle dédié à l’innovation maritime sur le territoire.

Avec ses 1400 places à flot, Port Olona est le plus grand port de plaisance de Vendée ©IJ

« Nous avons une ambition économique portée par la Sem depuis 2016 et désormais, on veut aussi être un lieu où puissent se développer des projets d’innovation en lien avec le secteur maritime, tout comme nous l’avons déjà fait avec Numerimer, le pôle dédié au numérique » annonce Alain Blanchard, président de la Sem Les Sables d’Olonne Développement et vice-président des Sables d’Olonne Agglomération. La collectivité avait posé les premiers jalons de son projet le 31 août dernier en organisant un évènement autour de l’économie bleue dans le cadre de la Golden Globe Race. Selon la définition de la Banque Mondiale, l’économie bleue est l’utilisation durable des ressources océaniques en faveur de la croissance économique, l’amélioration des revenus et des emplois et la santé des écosystèmes océaniques. L’agglomération des Sables d’Olonne y voit l’opportunité de renforcer son attractivité en devenant un territoire de référence.
Sur les 15 dossiers déposés à l’issue de l’appel manifestation d’intérêt[1], trois ont finalement été retenus, ceux des entreprises Ys Énergies Marines Développement, Yuniboat et Akajoule, toutes implantées en Loire-Atlantique. Pour Thierry Boussion, dirigeant de Yuniboat, « répondre à cet AMI, était un moyen d’être identifié par un territoire où il y a de vrais besoins. » Créée en 2021 au Pouliguen, la start-up est spécialisée dans le reconditionnement de bateaux, via notamment le remplacement des moteurs diesel par une alternative biocarburant. « Actuellement en phase de levée de fonds, nous sommes sur le point de concrétiser notre première implantation sur le 44, et allons mettre en place la même démarche en Vendée. Il y a ici aux Sables d’Olonne, un port magistral où il y a forcément des sujets pour nous. Et nous avons, nous aussi des besoins très concrets en bâtiments, infrastructures, main d’œuvre. »

« Un terrain de jeu pour expérimenter »

Selon Jonathan Schiebel, responsable R&D chez Akajoule (bureau d’études en efficacité énergétique et énergies renouvelables basé à Saint-Nazaire) le territoire des Sables d’Olonne est idéal pour poursuivre le développement de son entreprise. « En pleine croissance, notre PME créée en 2010 développe depuis trois ans le volet digital au service de la transition énergétique. On a besoin d’un terrain de jeu pour expérimenter. Le territoire portuaire des Sables d’Olonne s’y prête particulièrement. Nous avons commencé à travailler avec le port de Nantes – Saint-Nazaire. Mais c’est très différent parce qu’on est sur une autre échelle et uniquement sur un volet industriel. Aux Sables, les activités de commerce, de pêche et de plaisance sont situées sur la même zone. Cela va nous permettre d’observer des usages différents sur un secteur géographique plus restreint. » Après cet état des lieux, l’objectif est de permettre des actions telles que l’installation de panneaux photovoltaïques, visant à réduire la facture énergétique ainsi que l’impact environnemental. L’entreprise nazairienne souhaite par la suite mettre en œuvre ses solutions à d’autres ports français et même européens de taille similaire. « Les grands ports, tels que ceux du Havre, Dunkerque ou encore de Nantes-Saint-Nazaire[2] ont eux entamé leur démarche de décarbonation, parce qu’ils bénéficient d’études et de soutiens financiers, ayant une visibilité plus importante. » analyse Jonathan Schiebel.

 

De gauche à droite : Alain Blanchard, président de la Sem Les Sables d’Olonne Développement et vice-président des Sables d’Olonne Agglomération ; Josselin Guyot-Téphany, chef de projet Ys Énergies Marines Développement; Jonathan Schiebel, responsable R&D Akajoule; Thierry Boussion, dirigeant Yuniboat; Frédéric Ravilly, chargé de mission Pays de la Loire du Pôle Mer Bretagne Atlantique © IJ

Une centrale houlomotrice en projet

Ys Énergies Marines Développement, troisième lauréate de l’appel à projets a de son côté mené une étude de préfaisabilité d’une centrale houlomotrice aux Sables d’Olonne. L’équipement permettrait de créer de l’électricité en exploitant l’énergie générée par les vagues. « On est convaincus que ce projet permettrait de répondre à plusieurs enjeux. Des enjeux globaux tels que la réduction des effets du changement climatique. Et des enjeux locaux comme la maîtrise du coût de l’énergie, la possibilité de gagner en autonomie et de créer des emplois » insiste Josselin Guyot-Téphany, chef de projet. L’entreprise nantaise qui a deux d’existence, ne construit pas de technologies, mais accompagne les acteurs des territoires côtiers dans le développement des énergies houlomotrices et hydroliennes.
Pour l’heure, aucun calendrier n’a été défini pour la mise en œuvre de ces projets. « Nous allons entrer en discussion entreprise par entreprise, ainsi qu’avec les financeurs publics et l’agglomération des Sables d’Olonne, précise Frédéric Ravilly, chargé de mission Pays de la Loire pour le Pôle Mer Bretagne Atlantique, rappelant au passage que l’appel à projet ne génère pas de financement. « Nous sommes vraiment à l’étape zéro. Nous allons partir des besoins de chacun pour nous adapter et mettre à disposition les outils nécessaires. Il y aura sans doute des annonces et des actions prochainement. » conclut Alain Blanchard.

[1] Outre le Pôle Mer Bretagne Atlantique et Les Sables d’Olonne Développement, étaient aussi impliqués dans cet AMI, la CCI Vendée, le Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins (COREPEM), le CEA, la BPI Pays de la Loire, l’ADEME Pays de la Loire, la Région Pays de la Loire et la Banque Populaire Grand Ouest.

[2] Quatrième port français, le port de Nantes -Saint-Nazaire ambitionne de devenir un hub des énergies décarbonées d’ici 15 à 20 ans, en misant notamment sur l’éolien flottant.