Pour un étudiant, il s’agit parfois d’une courte période, le temps de renforcer les effectifs de la très haute saison. Mais pour une grande partie des travailleurs saisonniers, le besoin de logement est plus large et peut s’étendre sur six mois, d’avril à octobre. La facilité serait de rechercher uniquement des jeunes du territoire ayant un domicile familial. Mais cela ne suffit pas.
Un camping municipal mis à disposition
Pour contrecarrer la pénurie, la Ville de La Baule a décidé l’an dernier de reprendre le camping municipal du Bois d’amour, situé en plein centre, en y implantant 30 bungalows, permettant d’y loger 60 personnes. La gérance a été laissée au bailleur social Podeliha qui a fait appel avec la Ville à Leco2, une entreprise basée au nord de Nantes, à Vallons-de-l’Erdre, pour faire construire ces bâtiments modulaires, modulables et déplaçables. Les derniers livrés l’ont été le 19 juillet. « Toutes les places sont prises bien sûr, et l’hiver, on remplira facilement aussi, par exemple avec du personnel des Chantiers ou d’Airbus », indique le maire Franck Louvrier, qui confirme par ailleurs la construction d’un collectif d’une vingtaine de logements dans la zone de Beslon, également destiné aux saisonniers et « opérationnel pour l’été prochain ».
Autre action rééditée par la ville balnéaire : une plateforme de mise en relation entre professionnels du CHR et particuliers de la commune en vue de proposer des chambres chez l’habitant. Les professionnels indiquent leurs besoins, les particuliers leurs critères, et la relation se fait ensuite directement avec le saisonnier. « Une trentaine de contrats se sont confirmés », indique le maire baulois. Pornic agglo Pays de Retz a instauré un dispositif similaire, de même que certaines autres communes du littoral.
La commune du Croisic, de son côté, en plus d’avoir acté la construction de 11 logements saisonniers derrière la gare (lancement de l’opération prévue à la rentrée), a fait évoluer en 2021 son PLU en zones artisanales. Un dispositif permet aux entreprises d’aménager des locaux à usage professionnel existants ou neufs en logements, à hauteur de 25 % du total. Une seule entreprise pour le moment, le restaurant Ty Mad, a utilisé le dispositif en aménageant trois appartements.
Les professionnels du CHR dans l’action
Certains professionnels ont aussi réagi à la pénurie en investissant par eux-mêmes, à l’instar du groupe Barrière, qui a rénové il y a quelques années un bâtiment à deux pas de ses hôtels, ou bien de la famille Kersulec (propriétaire de trois restaurants, Le Brigitte à La Baule, le Nina et le Bahia Tikka à Pornichet) qui a racheté ce printemps un hôtel de 29 chambres dans la zone d’activité de Pornichet. De même, avec 24 employés à l’année, et 48 en saison, pour ses deux restaurants (Le Bateau ivre et Le Café Jules), le Pouliguennais Alexandre Thiebaud a décidé de prendre le taureau par les cornes dès 2019. « On a signé notre neuvième appartement il y a quelques jours. Tous sont situés à moins de deux minutes à pied de nos restaurants. Ça nous permet de loger 12 salariés et surtout d’ouvrir 7 jours sur 7 grâce à un effectif à 100 % », indique le restaurateur, par ailleurs vice-président de l’Umih 44 (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), en charge des saisonniers. Celui qui n’hésite pas à déclamer le slogan « Pas de toit, pas d’emploi » suggère aussi l’ouverture en été des internats scolaires et réfléchit au sein de l’Umih à d’autres dispositifs comme la mise à disposition par les mairies de terrains viabilisés pour y installer des mobil-homes. Alexandre Thiebaud confesse sans ambages que « c’est à nous, professionnels, de nous remettre en question », insistant néanmoins sur la nécessité de « réguler Airbnb, les logements de cette plateforme n’ayant aucune norme à respecter par rapport à nos confrères hôteliers et certains habitants se comportant en loueurs professionnels. C’est une de nos fortes préoccupations à l’Umih », précise le restaurateur.