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La Roche-sur-Yon : pourquoi l’aéroport mise sur l’aviation d’affaires (2/2)

Géré par la CCI Vendée, l’aéroport des Ajoncs appartient à l’agglomération de La Roche-sur-Yon. Cette dernière souhaite aujourd’hui en faire un outil majeur au service de l’attractivité du territoire, en misant sur l’aviation d’affaires. Depuis plusieurs années, la collectivité s’appuie déjà sur le dynamisme d’un groupement d’intérêt économique piloté par la société SD Aviation. Objectif : rendre plus accessible ce mode de transport souvent considéré comme élitiste.

Le GIE géré par SD Aviation réunit 55 entreprises locales © SD Aviation

« Un avion, ça coûte cher, et on n’a pas besoin de le prendre tous les jours. Partant de ce constat, nous avons décidé de mettre en place un groupement d’intérêt économique (GIE) pour permettre aux entreprises du département de se désenclaver et de se déplacer de manière plus agile », attaque Sébastien Dubreuil, président et fondateur de SD Aviation[1], unique société d’aviation d’affaires basée à La Roche-sur-Yon. Forte de ses 25 salariés dont 16 pilotes, l’entreprise effectuant chaque année environ 3 000 heures de vols est en charge de la gestion du GIE qui, au travers d’un club d’entreprises baptisé SD Fly, invite les entreprises adhérentes à devenir actionnaires en choisissant leur quota annuel d’heures de vol en fonction de leurs besoins. Chaque adhérent s’engage pour un minimum de 25 heures par an (soit à partir de 1 000 € par mois.)

Sept appareils en partage

Créé en 2012, le GIE est passé en l’espace de 12 ans de 4 à 55 entreprises[2]. Il s’agit de structures majoritairement vendéennes, mais aussi de quelques sociétés de Loire-Atlantique, du bassin niortais ou encore de Charente-Maritime. Elles se partagent l’utilisation de sept appareils répartis dans de nombreux aéroports de l’Hexagone. « Notre objectif est de mettre à disposition un outil efficace destiné aux entreprises qui sont généralement des grosses PME, ETI et holdings avec des moyens importants et pour lesquelles il est nécessaire d’utiliser un mode de transport rapide pour se rendre sur des sites de production partout en France ou à l’international », précise le fondateur de SD Aviation. Sébastien Dubreuil met également en avant le gain de temps et de productivité pour les dirigeants actionnaires du GIE : « Avant leur adhésion, ils devaient par exemple bloquer une semaine dans leur agenda pour se rendre dans les pays de l’Est. Aujourd’hui, ils partent 48 heures et font l’aller-retour en seulement cinq heures. »

« Co-avionnage » et limitation de l’impact environnemental

Les avions mis à disposition sont utilisés par les chefs d’entreprise, des cadres collaborateurs, et parfois des techniciens souhaitant par exemple s’assurer du bon fonctionnement d’une chaîne de production. « Il arrive également que des dirigeants de sociétés concurrentes fassent du « co-avionnage », en prenant le même vol. Cela leur permet de mieux se connaître, et même parfois de travailler ensemble par la suite », ajoute le président de SD Aviation, tout en insistant également sur le réel bénéfice du dispositif en termes de coûts pour les entreprises adhérentes du GIE, y compris la sienne, les frais d’entretien et de carburant étant mis en commun.

Et alors que l’aviation d’affaires est régulièrement pointée du doigt, il assure mettre tout en œuvre afin de limiter l’impact environnemental de son activité. « Le fait de partager un bien est déjà un moyen de réduire notre empreinte carbone. Notre force est aussi d’être basés au cœur du département, au plus près de nos entreprises. Par ailleurs, nous évitons au maximum d’effectuer des vols à vide et avons une flotte variée qui permet de nous adapter aux trajets souhaités. Cela va ainsi du petit avion bimoteur au jet d’affaires. Nous n’utilisons pas les mêmes appareils lorsque l’on se rend à Bordeaux ou à l’étranger. »

Si Sébastien Dubreuil reconnaît un recul global du nombre d’heures de vol d’affaires l’an dernier, en raison notamment du ralentissement économique ou de l’utilisation de la visioconférence, il souligne l’intérêt aujourd’hui encore pour une entreprise, d’inscrire ce mode de déplacement dans sa stratégie pour favoriser son développement. « Souvent cité en exemple par les acteurs économiques d’autres régions, notre modèle constitue un véritable atout pour les décideurs du département, mais aussi plus globalement pour notre territoire, avec à la clé des retombées considérables », conclut le dirigeant.

[1] SD Aviation a réalisé en 2023 un CA de 5 M€.

[2] Les groupes Mousset, Fideip, RCM, Dubreuil, Beneteau, Briand, Liébot ou encore Réalités font partie des adhérents du GIE « Mustang ».