Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

La folie des box : ces Vendéens qui mettent le commerce en boîte

Émergent en 2010, le business des box par abonnement n’a cessé de se développer et d’investir les univers les plus variés : beauté, mode, bijoux, enfants, vins, fromages, fleurs, animaux… Selon Touteslesbox.fr, le média en ligne leader sur le marché, il existerait un peu plus de 320 box différentes en France soit près de 900 000 personnes abonnées. Rencontre avec des entrepreneurs vendéens qui développent ce mode de distribution et de fidélisation prometteur.

©Aperitiv box

Laure-Clara Zaïti, le fondatrice du concept Aperitiv box ©Aperitiv box

Laure-Clara Zaïti s’est lancée dans les box apéros en 2018, un segment assez peu concurrencé à l’époque. « L’idée d’Aperitiv’box est née d’une observation : les modes de consommation changent et l’apéritif n’échappe pas à la tendance. L’apéro cacahouètes, c’est fini ! On aime y glisser des légumes, des tartinables et basculer davantage vers l’apéro dinatoire. Je dirais qu’on grignote bien désormais ! » Elle poursuit : « Pour s’ancrer dans les habitudes des Français, il fallait proposer un positionnement suffisamment différenciant. On a choisi de promouvoir uniquement les petits producteurs régionaux, en prenant soin de les rémunérer au juste prix.

Notre rôle c’est aussi de promouvoir les producteurs avec qui nous travaillons.

Avec nos 200 producteurs partenaires, nous sommes capables d’offrir à nos abonnés une expérience apéritive complète (boisson, produits bruts ou cuisinés…). Toutes nos box mensuelles sont prêtes à déguster ou à tartiner, il n’y a rien à faire, assure la dirigeante. Les clients peuvent aussi accéder via un QR code à un livret de dégustation pour les vins ou bières proposés. Notre rôle c’est aussi de promouvoir les producteurs avec qui nous travaillons. »

L’effet de surprise

Le contenu d’une Apéritiv box ©Aperitiv box

Que ce soit pour faire plaisir, découvrir des nouveautés ou s’éviter la corvée de réachat d’un même type de produit, la box touche surtout un point sensible : elle satisfait notre enfant intérieur, heureux de retrouver le plaisir de déballer une pochette surprise ! Car c’est bien là où réside le concept. Les abonnés ignorent tout de la box qu’ils vont recevoir le mois suivant. « Pour que l’expérience de la dégustation à l’aveugle soit satisfaisante, nous sommes en quête de nouvelles saveurs ou d’associations audacieuses, explique Laure-Clara Zaïti. Au-delà du producteur, nous faisons aussi découvrir à nos clients des recettes inédites. Par exemple, nous allons intégrer prochainement une bière à base de lait d’ânesse produite en Poitou-Charentes. Je pense aussi à un tartinable fourme d’Ambert/butternut qui a connu un franc succès. Enfin, à l’occasion des fêtes de fin d’année, notre coffret prestige proposera une recette raffinée de pop-corn à la truffe ! »

Depuis son lancement commercial fin 2019, la jeune pousse de quatre salariés a déjà livré 40 000 box en France et en Europe depuis son siège de la Roche-sur-Yon. « Avec le Covid, le marché s’est tendu, analyse la dirigeante. Beaucoup de personnes en zone urbaine en ont profité pour lancer des business de box mensuelles ».

Renouveler son modèle économique

Une opportunité qui a su profiter également aux commerces traditionnels qui voient dans les box par abonnement un relais de croissance. C’est le cas de Nicolas Vouhé, gérant de La fine Essartaise, une épicerie fine située aux Essarts. Ouvert en 2019, le magasin a lancé, il y a un peu moins de deux ans, des box par abonnement pour chaque univers de produits présent en boutique. « Le démarrage est encore un peu lent, reconnaît le gérant. Je vends environ deux à trois abonnements par mois. La box qui fonctionne le mieux reste la box fromages, mais on propose aussi des box thé ou café, boissons, apéro et même une box surprise avec un panaché de produits salés et sucrés différents chaque mois. Le format permet avant tout la découverte de produits vers lesquels le consommateur ne serait pas allé spontanément. Plus qu’un réel canal de vente, c’est davantage un nouveau canal de communication, explique-t-il. Une façon de faire transiter les clients par le magasin. »

Nicolas Vouhé dans sa boutique « La fine Essartaise »

Il poursuit : « Je ne fais pas de livraison à domicile pour une simple et bonne raison : la logistique est coûteuse et complexe à mettre en place, surtout pour les produits frais. Je ne l’exclus pas à l’avenir pour toucher une clientèle plus large, mais pour le moment je me contente d’envoyer un SMS au client à chaque début de mois pour qu’il vienne retirer sa box à la boutique. » Et d’ajouter : « Si certains ont fait le choix de cette formule pour eux-mêmes, ce sont surtout des cadeaux que l’on offre à l’occasion d’un événement particulier : anniversaire, fête des mères/pères, etc. » Même constat chez Aperitiv’box : « Pour 65 % de nos acheteurs, il s’agit de cadeaux offerts par un proche », appuie Laure-Clara Zaïti.

Pour les deux entrepreneurs, les axes de développement se trouvent davantage dans une clientèle BtoB. « C’est un marché que je souhaite développer, explique Nicolas Vouhé. Je recrute actuellement une personne pour me seconder en boutique afin de m’investir personnellement sur ce nouveau marché. Que ce soit pour des coffrets de fin d’année ou pour récompenser les collaborateurs sur des challenges internes, la box de produits gourmands a une place à prendre ! »

De son côté, la fondatrice d’Aperitiv’box revendique déjà de belles références professionnelles. « Nous avons travaillé avec des grands comptes nationaux, comme La Poste ou Google. La direction de Sanofi nous a également sollicités pour une opération commerciale. On a livré près de 600 box Excellence (box personnalisées avec des produits d’exception), aux collaborateurs, remerciés pour leurs performances commerciales. Nous avons actuellement trois à quatre entreprises clientes, l’équivalent de 10 à 15 abonnements formule trois mois. Cela représente environ 20 % de notre chiffre d’affaires. La réserve de croissance est donc particulièrement intéressante sur cette cible. »

Nous menons des réflexions sur l’intelligence artificielle afin d’offrir aux clients des expériences plus personnalisées à l’avenir.

Quel futur pour les box ?

Au-delà des perspectives offertes par le BtoB, les professionnels des box par abonnement doivent innover pour durer sur un marché de plus en plus concurrentiel. « Nous menons des réflexions sur l’intelligence artificielle afin d’offrir aux clients des expériences plus personnalisées à l’avenir, annonce la dirigeante d’Aperitiv’box. Nous travaillons également sur une expérience olfactive qui se passera dès l’ouverture du coffret. Plus proche encore, nous sortons dans les prochains jours une box anti-gaspi pour permettre aux portefeuilles moins garnis de se faire plaisir à travers une démarche écoresponsable. En clair, la box proposera des produits aux dates courtes ou dépassées mais toujours consommables. Cette box, qui dépend directement de nos stocks, pourra revenir régulièrement si l’idée plaît ! Enfin, nous sommes à l’écoute de consommateurs ayant fait le choix de ne plus consommer ni viande ni alcool, c’est pourquoi nous allons proposer dans notre box Veggie, un “soft“ original à la place du vin ou de la bière. »