Vendredi 15 h 30. Les clics du déclencheur d’un appareil photo ont remplacé le cliquetis des claviers d’ordinateur. Une quinzaine de salariés du bureau d’études Arest s’initient à la photographie ; et à l’occasion prennent la pause pour leurs collègues. Apprendre le street-art, observer les derniers tableaux loués aux artistes locaux, prendre place aux côtés du patron au balcon du théâtre Graslin à Nantes. Ces activités culturelles ne paraissent plus incongrues à la cinquantaine de collaborateurs que compte l’entreprise du Bignon (44).
« Jusque-là, on ne s’occupait pas de l’esprit. » Ce constat Pascal Pineau, dirigeant d’Arest, le dresse comme une évidence aujourd’hui. Car si l’on a ces dernières années abordé la question de la santé physique au travail – l’entreprise a par ailleurs investi dans une salle de sport – la culture s’immisce désormais dans la vie des travailleurs. Et plus seulement dans les grandes entreprises. Avec une notion prédominante : l’accessibilité. « On prône un art qui se partage et qui casse les codes de l’élitisme », insiste Caroline Wils. Fondatrice du collectif d’artistes Arty Show. Elle s’est donné pour mission de sortir l’art des musées pour l’apporter dans les espaces publics et privés, grâce notamment à des ateliers collaboratifs.
Élitisme à tous les étages. En démystifiant les stéréotypes liés à l’art qui ont la vie dure, elle observe également une inversion des rapports hiérarchiques au sein de l’entreprise dans le cadre d’un atelier, qu’elle considère comme un cas d’école : « L’une de nos premières fois, ce sont les secrétaires, très douées, qui ont pris le lead. » La cravate délaissée au placard, il en reste que les masques tombent toujours difficilement. « On continue au travail de cacher nos différences et nos appartenances », rapporte Caroline Wils.
À travers la culture, les entreprises recherchent la réconciliation des publics. En comparaison, les challenges sportifs où l’endurance physique prime pouvant être, malgré eux, perçus comme clivants. « Il n’y a pas de meilleur, pas de jugement ou de compétition », analyse à son tour l’artiste Jérémy Caillé, qui met sa passion au service de la cohésion d’équipe en entreprise. Et contrairement aux sorties sportives ou ludiques, karting, quiz ou blind test, des ateliers culturels notamment artistiques il en « reste quelque chose », estime l’artiste.
Dans cet esprit, le groupe Armor, industriel nantais dont l’entité principale est spécialisée dans les rubans transfert thermique, a marqué ses cent ans (2022) d’une fresque participative illustrant ses métiers et ses valeurs. Impulsée par la volonté de Caroline Wils, elle a été réalisée avec les salariés et s’expose depuis aux yeux des collaborateurs, dans la salle de repos.
Des déchets transformés en œuvre d’art
Aussi la culture se veut fédératrice d’émotions, partagées par un public qui n’a peut-être rien en comm…