Le Puy du Fou, c’est d’abord une histoire de famille depuis près de cinquante ans. Comment avez-vous pris part à cette aventure ?
Je suis né en 1979, peu de temps après le lancement de la Cinéscénie et j’ai grandi avec le Puy du Fou. Enfant, j’ai assisté à la naissance des idées dans la tête de mon père, Philippe de Villiers. Je l’accompagnais dans ses réunions créatives et j’ai vu comment se structure progressivement un spectacle.
Par la suite, j’ai fait des études de droit, puis de sciences politiques et de commerce. À la fin de mon parcours à Audencia, je décroche un stage dans un cabinet de conseils, une suite logique. Quelques jours avant de commencer, je croise Laurent Albert, alors nouveau directeur général du Puy du Fou. Il recherche un nouveau responsable pour le spectacle des Vikings et me propose le poste sous forme d’un stage de fin d’études. Nous sommes en 2003, je vais avoir 24 ans.
À cette époque, je suis assistant mise en scène sur la Cinéscénie depuis six ans. Avec deux mille acteurs à gérer sur scène, c’est la meilleure formation artistique qui soit. Cela vous oblige à être précis, dans la vision que vous portez à une scène et à être souple dans la façon de transmettre ces indications.
Tout s’enchaîne ensuite très vite. Un peu plus tard, j’ai l’opportunité de mettre en scène un autre spectacle, Le bal des oiseaux fantômes. Concours de circonstances, la place de directeur artistique se libère, et là encore, je tente ma chance. L’année suivante, en 2004, le président de l’association du Puy du Fou prend sa retraite et me propose d’assurer la relève. À l’aube de mes vingt-cinq ans, je me trouve ainsi à la tête de la maison mère du Puy du Fou.
Et votre père dans tout ça ?
Mon père n’a jamais été président du Puy du Fou, ni de l’association, ni du parc. Il a fait ça bénévolement et n’a jamais touché un seul euro depuis les débuts du Puy du Fou, sous aucune forme, salaire, droits d’auteur ou dividendes. En 2004, il continue à écrire des spectacles et à être aux commandes sur les grands sujets. Puis, il va me laisser la main en toute confiance. Même s’il n’était pas toujours favorable à certaines initiatives, il a vu que cela portait ses fruits.
Et vous devenez ensuite président de la société gestionnaire du Puy du Fou en 2012 ?
Tout à fait. Entretemps, avec Laurent Albert, nous avons ouvert en 2007 les premiers hôtels et créé notre filiale Puy du Fou International en 2010, sur le même modèle et les mêmes valeurs que le Puy du Fou historique. En 2003, notre chiffre d’affaires se monte à 17 millions d’euros. Vingt ans plus tard, grâce à ces développements, le chiffre d’affaires consolidé de Puy du Fou France, additionné à celui de la Cinéscénie, atteint près de 230 millions d’euros. Nous avions une pépite, il fallait seulement la faire rayonner.
Nous avions une pépite, il fallait juste la faire rayonner
Le Puy du Fou a-t-il vocation à rester une entreprise familiale ?
Le Puy du Fou n’appartient pas aux Villiers. Notre famille n’est pas propriétaire de son capital. Il n’y a aucun actionnaire. C’est un groupe indépendant qui se compose de deux associations. La première, la Cinéscénie qui rassemble plus de quatre mille quatre cents bénévoles autour du spectacle historique. La seconde, le Puy du Fou Stratégie qui protège les droits d’auteur des spectacles et compte cinq bénévoles. Ces deux associations détiennent Puy du Fou France, la SAS qui gère le Puy du Fou, à hauteur de 53 % et 47 % respectivement.
L’attachement de la famille Villiers au Puy du Fou est moral. Aujourd’hui, j’ai 45 ans et il est encore un peu tôt pour dire si une troisième génération poursuivra l’œuvre de mon père.
Pourquoi ce choix de modèle économique singulier ?
Nous ne voulions pas que le Puy du Fou génère un enrichissement personnel, ni pour son fondateur, ni pour ses dirigeants. Nous voulions garder pure l’intention de départ. L’argent ne doit pas être le maître. Le Puy du Fou, c’est un geste gratuit, une aventure artistique. Le carburant n’est pas le goût de l’argent, mais la passion. D’où ce choix de modèle associatif.
Comment faites-vous coexister salariat et bénévolat ?
Les premiers salariés de l’association sont arrivés en 1980. Cela fait donc quarante-cinq ans que nous marions bénévolat et salariat. Nous avons prouvé que ce modèle était possible. Pour réussir cette union, il faut être extrêmement transparent avec la communauté bénévole, les Puyfolais. Nous les impliquons dans tous nos projets en leur expliquant pourquoi nous les faisons, leur sens profond et leur vocation. Chaque Puyfolais se sent affectivement propriétaire de toutes les aventures auxquelles le Puy du Fou donne naissance, même si celles-c…