Un an et demi après sa nomination à la tête de l’Agence de l’innovation en santé, Lise Alter a attaqué cette table ronde en rappelant que les « deux grandes forces du territoire dans la filière santé sont le numérique et la production de biomédicaments ». Elle a ensuite laissé la parole à deux chefs d’entreprise ayant bénéficié de financements du plan « Innovation santé 2030 ». De quoi illustrer comment l’Agence de l’innovation en santé a permis de faire bouger les lignes pour les entreprises du territoire qui œuvrent pour la médecine de demain.
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« Un effet boule de neige côté partenariat et financement »
C’est notamment le cas d’Ose Immunotherapeutics, entreprise nantaise ayant obtenu, en avril dernier, une avance remboursable de 8,4 M€ pour soutenir l’essai clinique d’enregistrement de phase 3 de Tedopi, son vaccin contre le cancer du poumon. Ce dernier a la particularité de s’appuyer sur des injections qui vont booster le système immunitaire du malade et lui apprendre à se défendre contre les cellules cancéreuses.
« Ce soutien a été une rampe de lancement, avec un effet boule de neige côté partenariat et financement », s’est félicité Nicolas Poirier, le directeur général. « De plus, on a bénéficié d’un très bon accompagnement en local, notamment grâce à Lise Alter et ses équipes, qui a permis de faire comprendre à l’ensemble des ministères (Recherche, Économie, Industrie, Santé, NDLR) que si l’on aide les sociétés uniquement à leur lancement, on risque de les voir partir à l’étranger, avec les emplois correspondant, dans le contexte actuel de crise de financement de l’innovation. »
« Gagner vingt-quatre mois sur le lancement du projet »
L’entreprise rennaise VitaDX a, quant à elle, été lauréate de l’appel à projets « Imagerie médicale » de France 2030. Elle a reçu 2 M€ d’aide publique pour développer une solution d’intelligence artificielle (IA) intégrant des algorithmes de traitement de l’image à destination des médecins, afin de faciliter le diagnostic du cancer de la thyroïde.
Pour Allan Rodriguez, son directeur général, les bénéfices de ce financement sont multiples : « VitaDX travaillait jusque-là uniquement sur le développement et la commercialisation de solutions contre le cancer de la vessie. Le coup de pouce d’Innovation santé 2030 m’a permis d’embarquer mon conseil d’administration et mes fonds d’investissement, par rapport au risque que nous avons pris en diversifiant notre offre. Mais il nous a surtout permis de gagner vingt-quatre mois sur le lancement du projet. C’est une étape majeure pour la société, si on veut continuer à transférer nos technologies sur d’autres applications et se diversifier. »
Quarante-et-un membres lauréats et 7,5 Mds€ à partager
Avec 7,5 Mds€ dédiés aux projets en santé, sur une enveloppe globale France 2030 de 54 Mds€, le grand Ouest semble donc tirer son épingle du jeu, alors même que les grands comptes sont quasi-absents sur son territoire. « Cette dynamique remarquable est néanmoins confrontée à des difficultés ou des freins concernant l’accès aux financements et au remboursement », a tempéré Lise Alter.
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Pour rappel, depuis le lancement des programmes France Relance, puis France 2030, quarante-et-un membres d’Atlanpole Biotherapies ont bénéficié d’un soutien pour leurs projets d’innovation (individuels, mais aussi collaboratifs). Le plan d’investissement France 2030 vise à répondre aux grands défis de la société et à favoriser l’innovation, l’industrialisation, la recherche et la formation.
Dans le secteur de la santé en particulier, les objectifs de France 2030 sont de produire dans l’Hexagone au moins vingt biomédicaments, notamment pour lutter contre les cancers et maladies chroniques, tout en créant les dispositifs médicaux de demain. De quoi permettre à la filière santé du grand Ouest de conserver une longueur d’avance sur ses concurrents, à l’image d’Ose Immunotherapeutics. La biotech nantaise assure avoir distancé ses rivales grâce à ses essais cliniques financés par le plan Innovation santé 2030.