Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Ils sont venus en Vendée pour entreprendre

Souvent pris en exemple pour son dynamisme économique, le modèle vendéen ne réside pas seulement dans le succès de ses entreprises familiales. Le territoire attire de plus en plus de talents venus de toute la France. Une tendance accélérée notamment par la crise sanitaire. Rencontre avec trois entrepreneurs qui ont choisi la Vendée pour se lancer.

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« J’’ai grandi en région parisienne, explique Jérémy Girardot, cofondateur d’Atletec, une start-up basée à Saint- Maixent-sur-Vie, spécialisée dans l’e-sport. Mais entre l’insécurité grandissante et le coût de la vie, je ne m’y suis jamais senti à ma place ». Un sentiment partagé par sa compagne avec laquelle il projette de s’établir durablement ailleurs. « Nous avions prospecté dans plusieurs régions de France. J’ai passé un mois à Montpellier pour chercher un logement et un emploi, sans succès. La Vendée nous est revenue en mémoire sans qu’on y ait d’attaches particulières. Nous avions seulement passé un été à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En forçant notre chance, nous avons fait une belle rencontre : une personne qui avait un appartement à visiter dans la semaine. Elle a aimé notre motivation au point de nous donner sa préférence. Un accueil tellement inattendu qu’on s’est décidé du jour au lendemain, à l’âge de 25 ans ! »

Jeremy Girardot, vendée

Jeremy Girardot © D.R.

 

Doris Daviet quant à elle, est vendéenne. À 18 ans, elle rejoint Brest pour suivre une formation d’éducatrice spécialisée. « J’ai trouvé un stage à Lille. Je m’y suis donc installée avec mon compagnon ». Deux ans plus tard, lassée de l’éducation, elle évolue sur des postes de gestion de projets en tant que responsable d’un fond de dotation. Mais un burn out en 2019 lui fait revoir sa copie. « J’ai commencé un bilan de compétences qui m’a fait prendre conscience du besoin que j’avais de retourner aux sources. J’ai grandi à la Chapelle-Palluau, dans un hameau qui domine une vallée. La nature me manquait terriblement ». Seconde révélation : l’entrepreneuriat ! La jeune femme mobilise alors des ressources qu’elle possède déjà, comme l’accompagnement et le relationnel pour lancer un projet de coaching. « J’ai commencé une formation à Lille puis j’ai eu l’opportunité de me confiner dans l’Ouest de la France. J’en ai profité pour contacter des réseaux d’entrepreneurs en Vendée. » Diplômée et en confiance, elle crée Projet’ emoi en 2021 pour accompagner les entrepreneurs tout au long du processus de création. « J’habitais toujours à Lille et venais en Vendée une à deux semaines par mois. Puis le troisième confinement est arrivé. Je l’ai passé à Noirmoutier cette fois-ci. À l’issue, je savais que c’était là que je voulais rester. J’ai trouvé un logement sur l’île en une semaine ! »

Doris Daviet, vendée

Doris Daviet © D.R.

LE COVID, UN ACCÉLÉRATEUR DE PROJET

Une installation moins providentielle pour Laurent Brussel, fondateur de Zelive, une application mobile dédiée à la médiatisation du sport amateur basée à La Roche-sur-Yon. « Le logement est plutôt tendu en Vendée, remarque cet Auxerrois d’origine. Je suis arrivé sur le territoire avec ma nouvelle compagne en 2017. J’ai candidaté dans le secteur de l’automobile qui était mon domaine d’expertise professionnelle et j’ai été retenu par le groupe Dubreuil. En parallèle, j’ai toujours été proche du milieu sportif. J’ai été commentateur à la radio, président de club… J’avais beaucoup donné dans l’automobile les dix dernières années. Alors, à 41 ans, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais pour lancer un projet ! La crise Covid est venue accélérer ma réflexion. J’ai quitté mon poste en 2020 pour créer Zelive. J’ai commencé par tester le marché, recevant un bon accueil des clubs vendéens. J’ai rapidement intégré la Loco numérique, puis Réseau entreprendre Vendée. On peut dire que j’ai vécu un vrai choc des cultures ! Les Vendéens ne se rendent pas compte de leur capacité à créer de la valeur et de l’emploi ! Rien à voir avec l’Yonne, même si j’ai de l’attachement pour le département ». L’entrepreneur apprécie également l’entraide entre pairs qui lui a permis de booster son activité. « L’application est commercialisée depuis deux mois seulement. Elle a déjà convaincu 100 clubs et comptabilisé 15 000 téléchargements », s’enthousiasme-t-il.

 

Laurent Brussel, vendée

Laurent Brussel © D.R.

PLUS DE SENS ET DE QUALITÉ DE VIE

Un parcours qui fait écho à celui de Jérémy Girardot. À l’aube de la trentaine, le jeune homme subit un licenciement économique. Il décide de valoriser son parcours bénévole dans le milieu de l’e-sport et devient community manager freelance pour des marques et des clubs sportifs. Les contrats prestigieux s’enchaînent : Xbox France, l’équipe de France de Football, l’AS Monaco… Jusqu’à la crise sanitaire. « Je l’ai vue comme l’occasion de pousser plus loin la professionnalisation de ma passion, explique-t-il. J’étais à la recherche de nouveaux projets e-sport, mais je ne me retrouvais plus dans les valeurs. J’ai donc créé Atletec en octobre 2020 avec un associé qui milite, comme moi, pour un e-sport sportif et bienveillant ! Depuis, nous avons réuni une équipe d’une trentaine de personnes autour de trois pôles d’activité : Compétition, Entertainment et Consulting. Des communes, des clubs ou des marques nous sollicitent pour monter des projets. Nous pourrions opérer depuis n’importe où puisque nous travaillons avec des freelances. J’ai choisi la Vendée pour sa qualité de vie. Mes enfants y sont nés et nos familles respectives nous ont rejoints depuis.

 

ACCOMPAGNER POUR MAINTENIR L’ATTRACTIVITÉ

« 2021 est une année record pour la création d’entreprise en Vendée », observe Françoise Raynaud, la présidente d’Oryon, l’agence de développement économique de La Roche-sur-Yon agglomération. 6 879 nouvelles entreprises ont ainsi vu le jour soit 25 % de plus par rapport à 2020 (et 28 % de plus qu’en 2019). Pour répondre à la demande, les dispositifs d’accueil et d’accompagnement se sont multipliés ces dernières années. « Les pépinières d’entreprises sont de véritables moteurs pour l’économie locale, explique Françoise Raynaud. Elles offrent non seulement un hébergement sur les premières années d’activité, mais aussi de l’accompagnement stratégique.

À titre d’exemple, les deux pépinières de la Roche-sur-Yon (la pépinière Coty et la Loco numérique) ont accompagné sur une trentaine d’années 292 nouvelles entreprises soit la création de 1 100 emplois sur le territoire. 96 % d’entre elles sont pérennes à trois ans.

Plus largement, nous menons des réflexions sur l’aide à la mobilité professionnelle. Nous avons notamment lancé le concept expérimental Ylik’home, pour faciliter l’installation des familles extérieures au département. Il s’agit d’un accueil de transition pour les salariés en situation de mobilité. En tout, quatre maisons situées à la Roche-sur-Yon sont disponibles à la location sur deux ans maximum.

Ce sont des pistes de réflexion pour l’instant, mais nous espérons pouvoir les développer à grande échelle dans un avenir proche. »

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