Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Gustave Rideau : « Il faut être acteur de sa vie »

Juste avant de passer les rênes à ses fils Stanley et Steven, le Vendéen Gustave Rideau, président-fondateur des Vérandas Rideau, s’est lancé un dernier défi : participer au championnat du monde Ironman® 70.3 en Finlande l’été dernier. Arrivé 22e sur 57, ce compétiteur dans l’âme a su tirer profit de ses faiblesses et faire de ses échecs une force pour d’aller au bout de ce triathlon XXL. Des qualités que le jeune retraité entend bien travailler ces prochains mois. Prochain objectif : une qualification pour la Nouvelle-Zélande en 2024.

Gustave Rideau, Ironman, Finlande, Vendée

Gustave Rideau lors de championnat du monde Ironman® 70.3 en Finlande l’été dernier. ®IronMan 70.3 Lahti,

Fin août, à 71 ans, vous avez, Gustave Rideau, participé au Championnat du Monde d’Ironman®70.3 (triathlon) en Finlande[1]. Vous avez fini 22e sur 57 dans votre catégorie et 4e Français. C’est un sentiment de fierté ?

Non, du tout. J’aurais aimé rentrer dans le top 5. Mais je n’étais pas prêt du tout à faire ce championnat du monde. Je manquais d’expérience. Tous ceux que j’ai croisés là-bas font des triathlons depuis 30 ans. Moi, j’ai fait une nage lamentable et j’étais stressé. Il faut savoir qu’il y a encore quatre ans, je ne savais pas nager quand je n’avais plus pied. Même en vélo, je peux faire mieux. Il me manque au moins 20 minutes : c’est pourtant un sport que je pratique en compétition depuis 35 ans. À mon corps défendant, à peine sorti du lac, il s’est mis à pleuvoir, une pluie glaciale. Je ne sentais plus mes mains sur le vélo, j’étais usé. Heureusement, comme par miracle, la course à pied m’a permis de me réchauffer et d’aller jusqu’au bout[2].

Je pense que je suis capable d’améliorer mes performances avec une meilleure préparation. Il n’y a pas de frustration mais on ne peut pas parler de fierté non plus. On ne peut pas être fier quand on n’a pas été optimal. J’ai hâte de refaire le match.

Un bon classement est-il un objectif ?

Ce n’est pas une finalité, mais c’est toujours sympa à bientôt 72 ans de ne pas être hors-jeu. C’est une façon de rester dans le match des gens qui aiment la compétition.

Comment avez-vous été qualifié pour cette compétition ?

Cette qualification fut une grande surprise car j’ai commencé à pratiquer le triathlon il y a seulement deux ans. Cet Ironman®70.3 est seulement mon troisième Ironman. J’ai été qualifié pour ces championnats du monde après ma participation au triathlon des Sables d’Olonne en juillet dernier. Je m’étais bien amélioré par rapport à 2022 puisque j’ai franchi la ligne d’arrivée au bout de  5h50 contre 6h28, finissant deuxième de ma catégorie d’âge des 70-74, contre quatrième l’année précédente.

Comment s’est passée votre préparation ?

Je me suis entraîné une quinzaine d’heures par semaine dans le mois qui a précédé la compétition. Il y avait encore l’entreprise à gérer. J’avais un coach qui me donnait des conseils à distance pour le rythme, l’intensité, les phases de repos et l’alimentation. Il n’était pas avec moi pendant ces séances. La préparation n’est pas une souffrance, c’est un moment agréable à passer avec les copains.

Comment avez-vous réussi à concilier vos entraînements avec votre vie de patron d’une entreprise de 1 100 salariés ?

C’est un emploi du temps bien rempli avec un timing bien précis : l’entreprise jusqu’à 16h, avec natation le midi, puis place à l’entraînement. Il faut bien s’organiser, aller à l’essentiel et être très rigoureux entre ces deux emplois du temps.  D’où l’importance de faire confiance et de savoir déléguer. Ces deux vies sont essentielles à mon équilibre. On a tous besoin d’un dérivatif pour gérer la pression. Moi, c’est le sport.

Outre une bonne condition physique, quelles sont les qualités pour aller au bout d’un Ironman® ?

En entreprise comme dans le sport, il faut être acteur de sa vie, de ses choix et de ses décisions. Il faut oser, tout en mesurant les conséquences : oser nager, sans pour autant aller se noyer. Il faut être dans l’action, travailler ses points faibles, ne jamais s’endormir sur ses acquis. Une fois qu’on a identifié ses faiblesses, on peut tout mettre en œuvre pour s’améliorer. Enfin, je pense qu’il faut avoir une capacité à faire face aux difficultés, à persévérer.

Quels sont les points communs entre le sport et la vie de chef d’entreprise ? Et comment cet esprit de compétition a-t-il influencé votre carrière ?

Si on est compétiteur, c’est que l’on a envie de se battre et on ne peut pas être chef d’entreprise si on n’a pas envie de se battre. C’est absolument nécessaire de toujours avoir cette envie de toujours faire plus, toujours faire mieux. Dans le sport comme en entreprise, après un échec, on doit se relever et faire de cet échec une arme complémentaire. Un échec, ce n’est pas grave, bien au contraire. Il faut en tirer les leçons, comprendre ce que l’on n’a pas bien fait pour éviter de recommencer et s’améliorer. C’est une démarche, un état d’esprit.

Pensez-vous que le sport peut être un révélateur de talent ?

Je pense que chaque personne a un talent énorme, sous-exploité, et que le sport, ou autre chose, peut lui permettre de se révéler et l’aider à grandir.

C’était votre dernier IronMan®70.3 en tant que chef d’entreprise puisque vous avez pris officiellement votre retraite au 1er septembre. Avait-il une saveur particulière ?

Quand je suis en compétition, je ne suis pas chef d’entreprise. Je suis dans ma bulle. C’est d’abord un combat contre moi-même. Alors, oui, j’avais bien en tête ma retraite imminente mais j’étais surtout concentré sur le match à faire.

Votre retraite sera-t-elle sportive ?

Je vais d’abord prendre des vacances. Maintenant que je suis à la retraite, je vais avoir plus de temps pour m’entraîner et me qualifier pour le prochain championnat du monde en Nouvelle-Zélande.

[1] 1,9 km de nage, 90 km à vélo, 21,1 km de course à pied.

[2] Il y a eu 22 abandons dans sa catégorie.