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Génération Z : comment les attentes des femmes ont évolué

Le 3 février, le premier petit-déjeuner de l’année des femmes de l’immobilier et des réseaux a permis aux 60 femmes présentes d’aborder l’évolution des attentes des jeunes professionnelles du secteur par rapport à leurs aînées. L’occasion également de se pencher sur le thème de la parité dans un secteur historiquement masculin.

Génération Z attentes des femmes immobilier

Au micro, la directrice de l’École supérieure des professions immobilières de Nantes, Valérie Caillard, se félicite de la féminisation du secteur immobilier. © IJ

En introduction à cette matinée, l’auteur et conférencier Daniel Ollivier a présenté les caractéristiques de cette génération Z, c’est-à-dire les personnes nées entre 1996 et 2010 : « Ils ont des talents que n’avaient pas les générations précédentes au même âge : une appétence pour le digital, une forte capacité à travailler en réseau, plus de créativité, une plus grande ouverture sur le monde… Cela s’explique par le fait que la génération Z a été éduquée avec pour référentiel l’autonomie et le développement personnel, ce qui implique de grandes facultés de communication. »

Sur le marché du travail, la génération Z affiche des attentes différentes des précédentes : « Elle a des inquiétudes sur l’avenir et souffre d’éco-anxiété. Elle exige donc plus d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et n’hésite pas à remettre en question la hiérarchie, rechercher la légitimité du manager… Bref, c’est une génération qui n’hésite pas à casser les codes et la relation à l’autorité. C’est pourquoi elle exige de l’authenticité, de la sincérité et de la transparence lors du recrutement. »

Une génération Z ambitieuse, mais pas carriériste

Autre élément crucial pointé du doigt par Daniel Ollivier : « C’est une génération ambitieuse, mais plus carriériste. Autrement dit, le travail est concurrencé par la vie de famille : la génération Z veut voir grandir ses enfants et l’argent n’est plus autant qu’avant un vecteur de motivation. »

Après la théorie, place à la pratique ! La matinée s’est poursuivie autour d’une table ronde réunissant le groupe nantais Espi (École supérieure des professions immobilières), sa directrice Valérie Caillard, et deux élèves ou anciennes élèves. Celle-ci a été l’occasion d’offrir un éclairage concret sur l’évolution des attentes des jeunes femmes de la génération Z, de plus en plus nombreuses dans le secteur de l’immobilier. « Les filles de cette génération osent globalement plus que les précédentes et visent désormais des métiers qui étaient jusque-là très masculins, a résumé la directrice de l’école. Elles représentent 54 % des élèves de bachelor et 57 % de master. »

« La génération Z accorde plus d’importance à ses droits qu’à ses devoirs »

Concernant les raisons qui poussent ces jeunes femmes à choisir une entreprise pour une alternance ou un premier emploi, Valérie Caillard a expliqué que « leurs préoccupations n’ont plus rien à voir avec celles que l’on avait par le passé. Car la génération Z accorde plus d’importance à ses droits qu’à ses devoirs. » En échangeant avec ses élèves, la directrice de l’Espi a également constaté « qu’ils portent une attention croissante au sens dans leur travail, au contenu des missions qui leur sont confiées, et aux valeurs et engagements de l’entreprise. Ils exigent désormais bienveillance, empathie et management collaboratif. Dans les annonces d’emploi, ils accordent désormais une grande importance à certains mots-clés, comme le bien-être au travail ou la quête de sens. »

Selon Valérie Caillard, cette génération se caractérise également par sa capacité à se remettre en question : « À l’inverse des générations précédentes qui recherchaient la sécurité de l’emploi, la génération Z est en mode zapping et la mobilité ne lui fait pas peur. S’ils ne se font plus plaisir dans leur travail, ces jeunes n’hésitent pas à le quitter du jour au lendemain car ils ont conscience qu’ils pourront retrouver du travail très rapidement. Aujourd’hui, celui qui débute un contrat en alternance après le bac va connaître en moyenne entre deux et trois ruptures sur ses trois années de formation. Les raisons majoritairement évoquées sont le confort, l’équilibre vie pro/vie privée… Car à partir du moment où les contraintes professionnelles interfèrent avec leur sphère privée, que leurs missions sont décevantes ou pas assez valorisantes, qu’elles ne correspondent pas à la promesse employeur, que le management est trop vieillot ou les contraintes horaires trop importantes, il n’hésite pas à chercher ailleurs une nouvelle entreprise qui lui correspond mieux. »

Interrogée pour savoir si elle se retrouvait dans ce portait dressé de la génération Z, Romane Denais, responsable développement chez Nexity Foncier Conseil, a joué la carte de la transparence : « Je m’y retrouve pour la quête de sens, le besoin de confiance et la recherche d’équilibre vie pro/vie perso. En revanche, assurer un rendez-vous client en soirée ne m’a jamais posé de problème à partir du moment où ce n’est pas toutes les semaines. Ce qui me dirige aujourd’hui dans ma recherche d’un emploi, c’est effectivement cette recherche d’équilibre, mais aussi les perspectives d’évolution de carrière. En revanche, les postes à grandes responsabilités ne m’attirent pas spécialement car ils sont trop chronophages. »

« Encore beaucoup à faire en matière d’égalité »

Interrogées sur la notion de parité dans l’immobilier, les deux jeunes femmes n’ont pas vécu la même expérience. « J’ai eu la chance de ne jamais ressentir que c’était un secteur très masculin, ni durant mes études, ni ensuite sur le terrain, poursuit celle qui travaille désormais pour Nexity. D’ailleurs, lorsque j’ai été diplômée en 2019, on était quasiment déjà à 50 % de femmes dans la promotion. Et sur les postes que j’ai obtenus derrière, il n’y avait aucune différence de traitement entre hommes et femmes. »

Pour la chargée d’opération en alternance chez Secib Immobilier, Aline Souhil, le son de cloche est différent : « Travaillant dans la partie technique, je me retrouve régulièrement à être la seule femme présente aux réunions de chantiers. Lors de ces dernières, il arrive que des entreprises ou des conducteurs de travaux ne me disent pas bonjour. Et quand je prends la parole en réunion, parfois on ne m’écoute pas, à l’inverse de mes homologues masculins, qui n’ont pourtant pas plus d’expérience que moi. Malheureusement, cet aspect se retrouve également côté clients : certains refusent de croire nos explications techniques. Pour moi, la parité est acquise, mais il reste encore beaucoup à faire en matière d’égalité de traitement, de salaire ou d’évolution de carrière… »

Le mot de la fin est revenu à Caroline Thibault, de L’Étincelle RH (Nantes) : « Il n’y a pas de recette miracle pour attirer ces jeunes. La question de l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle est effectivement de plus en plus souvent évoquée lors des entretiens d’embauche. C’est également le cas de la notion de vie polycentrée, où chacun est amené à s’accomplir dans des engagements sociétaux, avec ses amis, en famille ou en couple… Enfin, considérer ces jeunes, c’est aussi s’intéresser à eux d’une autre manière, notamment en se focalisant sur ce qui les rend unique et leurs caractéristiques psychotechniques. Une génération particulièrement sensible à cette symétrie des attentions. »

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