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Fromagerie Beillevaire : face au Brexit, sa meilleure défense c’est l’attaque

Depuis 2010, la fromagerie Beillevaire exporte au Royaume-Uni ses fromages et produits laitiers. Un marché très porteur que l’entreprise n’est pas près d’abandonner malgré la perspective du Brexit.

Fromagerie Beillevaire

Fromagerie Beillevaire © DR

La perspective d’un Brexit sans accord ? Pas de problème pour la fromagerie Beillevaire. « Nous avons calé les premiers préparatifs pour le mois de novembre 2019, on a maintenant un peu plus de temps pour affiner encore notre dispositif », expose Fabrice Beillevaire, responsable export de l’entreprise familiale de 500 salariés.

À l’annonce du vote en faveur de la sortie de l’Union européenne en 2016, la famille Beillevaire décide d’aller à contre-courant des craintes liées aux incertitudes de ce coup de tonnerre et d’attaquer : « J’ai recruté deux commerciaux pour renforcer l’équipe de vente et cela a payé. On n’a jamais aussi bien travaillé que depuis ce vote, avec une croissance du chiffre d’affaires de 15 à 20% depuis 2017. »

« Un beau petit dossier »

La filiale britannique, société anonyme à 100% de capitaux Beillevaire, et dénommée Fromagerie Beillevaire UK LTD, a été créée en 2010. Aux manettes, Fabrice Beillevaire, le fils de Pascal Beillevaire, créateur de la fromagerie basée à Machecoul. Aujourd’hui, huit personnes travaillent au Royaume-Uni. « C’est un relai commercial. Nous avons un dépôt à Londres avec des réfrigérateurs pour entreposer les stocks, où nos salariés préparent les commandes. » Leurs clients sont des professionnels, hôtels et restaurants haut de gamme voire très haut de gamme, ainsi que des épiceries fines comme les magasins Bayley and Sage, dans l’ouest de Londres. Au total, la fromagerie compte environ 200 clients au Royaume-Uni : 150 autour de Londres et 50 répartis sur le reste du territoire britannique. « Un beau petit dossier qui vit bien sa vie » avec un chiffre d’affaires annuel d’1,7M£ soit 2M€ pour 90 à 100 tonnes de fromages envoyées par an. Et des envois à raison de trois par semaine, un transport assuré aujourd’hui par la société STEF. Un dossier que la fromagerie Beillevaire n’est pas près de laisser tomber. « Le Brexit, ça y est, on est dedans. Les choses sérieuses vont démarrer et cela ne sert à rien de se lamenter. La priorité est de trouver des solutions », analyse le responsable export Fabrice Beillevaire.

Des conditionnements adaptés

Leur principal impact concerne la chaîne logistique. La fromagerie a été contrainte de se réorganiser et d’opter pour un nouveau transporteur. « Avant, nous passions par le tunnel, mais le temps de trajet y est trop incertain. Avec les questions de douane à venir, les passages de migrants qui retardent parfois les trains, on peut avoir un delta de 15 à 18h de retard. Nous avons donc opté pour un transport par ferry via Ouistreham jusqu’à Portsmouth. C’est le même temps de trajet, mais le passage devrait être plus simple. »

Autre contrainte : les contrôles sanitaires qui nécessiteront un délai supplémentaire à prendre en compte pour la livraison. « Une demande à la douane prend au minimum 48h, nous avons donc prévu de décaler le jour de réception de la commande d’une journée », détaille encore le responsable export.

La fromagerie a par ailleurs modifié le conditionnement de ses produits avec une nouvelle codification. « Nous travaillons à la demande par kilos mais cela implique de ne préparer la commande physique qu’une fois la commande administrative prête. Alors on a opté pour une standardisation, assez large quand même pour laisser du choix aux clients et pouvoir préparer la commande en amont. » Un « saucissonnage » de l’offre pour « être d’équerre vis-à-vis de la certification en douane et ne pas perdre de temps dans la préparation des commandes. »

« Nous sommes bien identifiés »

Quid de l’impact des tarifs douaniers ? « Ça se gère tant qu’on peut les prévoir », estime le responsable export. Quant à la menace du gouvernement britannique de taxer plus durement certains fromages français, cela ne l’inquiète pas. « Le premier client à l’export de l’Angleterre, c’est l’Union européenne, le rapport de force est limité, à moins qu’ils ne signent un deal énorme avec le Japon ou le Canada, mais l’UE a déjà un deal avec ces pays. »

L’entreprise ne nourrit pas d’inquiétudes pour ses ressources humaines non plus. « Nos salariés sont pour la plupart installés au Royaume-Uni depuis plus de cinq ans, on fait un peu partie des murs, toute proportion gardée, mais nous sommes suffisamment identifiés pour ne pas nous en inquiéter. »

Le Royaume-Uni peut nous quitter sans accord, la fromagerie Beillevaire se tient prête.

Pascal Beillevaire, fondateur de la fromagerie © DR

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